Drive (Nicolas Winding Refn)

Les habitués de ce blog savent quelle admiration je vous au réalisateur danois Nicolas Winding Refn aussi est-ce avec une immense joie que je vais chroniquer son dernier film « Drive » couronné à Cannes en 2011 du prix de la mise en scène.

Pour la première fois Refn délaisse les ambiances européennes pour s’aventurer aux Etats Unis à Los Angeles plus exactement et adapter un roman de James Sallis.

Malgré son titre évoquant la vitesse et les sports mécaniques, « Drive »  démarre plutôt lentement sur un faux rythme assez déboussolant pour le spectateur.

Le personnage principal est un jeune cascadeur (Ryan Gosling) travaillant dans un garage le jour tenu par son ami Shannon (Bryan Cranston) loue ses capacités de pilote pour servir de chauffeur à des braqueurs.

Organisé, effacé et presque timide la journée, le cascadeur tombe sous le charme de sa jolie voisine, Irene (Carey Mulligan) jeune mère de famille célibataire dont le mari Benicio (Kaden Leos) est en prison.

Très vite, une belle et pure histoire d’amour platonique va s’installer entre les deux voisins.

Refn montre toute sa sensibilité dans une première partie pleine de douceur, de sensualité en montrant la magie de deux êtres solitaires et un peu perdus, se frôlant sans oser trop se toucher.

Le rapport entre le cascadeur et le fils d’Irene est également des plus touchant.

Puis cette belle idylle naissante bascule lorsque Benicio sort de prison et reprend ses droits de mari.

Très vite ses ennuis le rattrapent et des voyous viennent chez lui le passer à tabac pour lui réclamer le versement d’une dette astronomique contractée en prison.

Le cascadeur accepte par sympathie pour Irene et son fils d’aider Benicio à rembourser sa dette et propose à son créancier Cook (James Biberi) de faire le chauffeur pour que Benicio réalise un hold up dont le butin lui sera reversé.

Lors du hold up, Benicio est tué et la Ford mustang GT du cascadeur prise en chasse par une Cadillac 300C.

Le cascadeur parvient grâce à ses capacités à semer ses poursuivants et comprend qu’il est en possession d’un million de dollars appartenant à un gros bonnet de la Maffia.

Ce gros bonnet s’avère être Nino (Ron Pearlman) associé de Bernie Rose (Albert Brooks) qui contrôle financièrement le garage tenu par Shannon.

Si Bernie est plutôt arrangeant, Nino est un homme brutal, impulsif et violent.

En danger de mort, le cascadeur imite le scorpion dessiné sur son blouson, élimine les tueurs de Nino et lui propose de négocier la liberté d’Irene et de son fils en échange de la restitution de l’argent.

Mais les mafioso en situation délicate, décident de faire le ménage.

Trop lent à fuir, Shannon est éliminé mais le cascadeur se venge en tuant Nino.

Le rendez vous final entre Bernie et le pilote se déroule sur un parking discret et ensoleillé.

En conclusion, malgré un scenario en apparence assez classique, « Drive » est un film exceptionnel à l’atmosphère unique.

Refn installe une première partie plutôt lente, élégante, douce et presque romantique avant d’appliquer le principe du nœud coulant se resserrant inexorablement sur son héros pour déboucher sur un déferlement de violence rappelant parfois les premiers « Pusher ».

On est bluffé par la maestria du réalisateur, son style contemplatif, l’esthétisme de son art et sa capacité à décrire le monde des petits gangsters bêtes, minables mais dangereux.

L’énigmatique pilote traverse le film comme dans un rêve, aussi économe de mots que puissant, élégant et racé dans ses actes

On pense à la présence d’un Alain Delon ou d’un Charles Bronson, acteurs hiératiques filant inéluctablement vers leurs destins.

Moins mystique et délirant que « Valhalla Rising » , moins violent que « Pusher » , « Drive » révèle une facette plus accessible de Refn qui réalise avec un talent hors norme son passage à Hollywood.

Si on ajoute une bande son électro assez hypnotique on obtient un chef d’œuvre combinant parfaitement émotion, esthétisme et action.

Réalisateur génial, Refn règne assurément en maitre sur le cinéma noir contemporain.

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