Les chefs d'oeuvres d'H.G Wells, M Barnstaple chez les hommes-dieux et autres nouvelles (H.G Wells)

Le moment est venu de terminer les copieux « Chefs-d’œuvre de H.G Wells » avec autour du roman clé « M Barnstaple chez les hommes-dieux » une multitudes courtes nouvelles.

Œuvre assez tardive publiée en 1923, « M Barnstaple chez les hommes-dieux » , raconte l’arrivée après un accident de voiture dans un monde parallèle appelé Utopia d’un petit journaliste anglais mal dans sa peau appelé Barnstaple.

A peine remis de son choc, Barnstaple fait connaissance avec d’autres terriens eux aussi égarés après un accident, comme un politicien conservateur nommé Burleigh, un dignitaire religieux nommé Amerton, un caricaturiste du nom de Catskill et un personnage secondaire Lady Stella.

Soudés par l’épreuve, les terriens avancent et découvrent aux contacts des habitants que Utopia ressemble à une version supérieurement évoluée de la Terre.

S’ensuivent alors de longs entretiens avec l’utopien Urthred et d’autres savants comme Stevenin, au cours desquels les terriens apprennent à connaitre en profondeur la société utopienne, qui semble avoir détruit le capitalisme sans pour autant être tombé dans les travers du marxisme.

Sans propriété, sans monnaie, gouvernement, juges ni police, Utopia propose une liberté quasi-totale pour les individus qui ne sont même pas obligés de travailler pour vivre.

Cette révolution a été obtenue au prix d’un long apprentissage passant par des siècles et des siècles de progrès scientifiques, de combats mais aussi d’éducation, afin d’inculquer progressivement aux générations le gout du pacifisme, de la connaissance, de la liberté et du développement personnel.

Ainsi, Utopia est parvenu à éradiquer peu à peu les classes d’hommes belliqueux et cupides pour parvenir à un haut niveau de développement que ce soit technique ou social.

Les terriens réagissent diversement à ces annonces, si Barnstaple est fasciné par cette société parfaite ou les individus rivalisent de sérénité et de beauté, en revanche le Amerton est outré de voir que les utopiens, qui semblent avoir été éclairé par un messie ressemblant au Christ, n’ont pas pour autant sombré dans l’adoration et la soumission béate au messie du catholicisme.

De plus en plus agressif, en comprenant peu à peu que cette société incroyante vit de surcroit dans une grande liberté de mœurs ou le mariage n’est même pas obligatoire, Amerton est sur le point d’être déclaré dément et placer en conditionnement médical pour éradiquer ses incompréhensibles pulsions haineuses.

Mais la bonne entente entre terriens et utopiens se lézarde davantage lorsque ces derniers se trouvent victimes d’une épidémie propagée par la venue d’étrangers remplis de germes terriens dans leur monde aseptisé.

Devant l’hécatombe, les utopiens sont contraints de placer Barnstaple, ses amis et d’autres voyageurs terrestres ayant tué des utopiens par leur conduite irresponsable en quarantaine dans un immense château de pierre entouré par un lac.

Dans ce relatif isolement, Catskill révèle sa nature de leader en réussissant à convaincre les terriens de la nécessité pour eux de prendre possession d’Utopia.

En effet, l’étroit d’esprit Catskill ne partage pas la vision pacifique et progressiste des utopiens et estime que la véritable nature de la vie réside dans la compétition et la violence.

Seul Barnstaple ose s’opposer franchement aux visées belliqueuses de Catskill et il est alors pourchassé par la petite troupe après qu’il ait donné l’alerte à deux utopiens qui allaient être pris en otage dans la forteresse de pierre.

Traqué, Barnstaple se réfugie alors dans un gouffre plongeant sous le château et échappe de peu à une mort atroce.

Le château est alors rasé par les puissantes armes des utopiens, avec curieusement assez peu de morts terriens et Barnstaple toujours sous le charme de ce monde fascinant accepte d’être à contre cœur de revenir sur Terre afin de montrer aux Utopiens, le chemin entre les deux mondes.

Après des adieux déchirant et même le rapatriement de quelques éléments humains jugés non dangereux, Barnstaple rentre donc retrouver sa petite femme qui le croyant parti pour de longues vacances en solitaire, le trouve radieux.

Les autres nouvelles présentes dans le recueil traitent au choix de révolution scientifique avec dans « Le nouvel accélérateur » (1901)  la découverte d’un procédé permettant de se mouvoir à de telles vitesses que le monde parait tourner au ralenti, de voyages temporels avec dans « Un rêve d’Armageddon » (1901) un homme devenu chef d‘état futuriste préférant une vie simple et amoureuse au déclenchement d‘une guerre, de voyages dans le monde des esprits gardiens des âmes avec l’effrayant « L’histoire de Plattner » (1896) , de possession de corps par des démons dans le succulent « Le corps volé » (1898) ou encore mieux d’une âme voguant dans le cosmos après la mort possible de son corps dans l’enivrant « Sous le bistouri » (1896).

On terminera avec des nouvelles de calibre moindre traitant de télépathie, « Un étrange phénomène » (1895), d’un homme hanté toute sa vie par une porte l’emmenant dans une dimension idyllique « La porte dans le mur » (1906) ou bien d’un homme dérangé par une incursion dans le pays des fées « Mr Skelmersdale au pays des fées » (1901).

En conclusion, difficile encore une fois de bouder son plaisir devant une pareille pluie de nouvelles plus créatives les unes que les autres.

Loin au dessus du lot, « M Barnstaple chez les hommes-dieux » est l’un des romans les plus abouti de Wells mais verse essentiellement dans une projection philosophique d’une existence idyllique et parfaite ou religion, politique, argent, travail et guerre seraient abandonnés au profit d’un développement scientifique, technique, intellectuel et social sans faille.

Ce roman très théorique manque donc pour moi d’action et contient certaines longueurs ou se complait l’écrivain excité de développer sa vision de la société idéale.

Le plupart des autres nouvelles sont excitantes, bien écrites et tiennent le lecteur en haleine du début à la fin.

Wells y déploie tout son talent de conteur et son imagination mélangeant science fiction et fantastique dans un intense bouillonnement de trouvailles.

On se régale donc globalement à la dernière partie de cet ouvrage, même si il ne contient pas à proprement parler de chefs d’œuvres de la trempe de « La guerre des mondes » ou de « L’ile du docteur Moreau ».

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