Alexandre le Grand (Jean-Claude Perrier)

 



J'avais depuis longtemps envie de lire un ouvrage sur Alexandre le Grand, ceci est donc fait avec « Alexandre le Grand » (quelle originalité !) de Jean-Claude Perrier.

Cet ouvrage relativement synthétique retrace succinctement l’épopée de ce jeune homme qui secoua le monde au IV ieme siècle avant Jésus Christ.

Bien entendu ayant vu le film d’Oliver Stone avant d’avoir lu le moindre livre au sujet du grand conquérant, j’ai automatiquement essayé de corréler ce que je lisais avec ce que j’avais vu pour en arriver à la conclusion que le réalisateur n’avait pas trop pris de liberté vis à vis du peu d’histoire connue.

En effet ce qui frappe à la lecture de ce livre c’est que les sources écrites permettant de mieux connaître la vie d’Alexandre sont très floues.

La plupart des écrits de l’époque d’Alexandre ont en effet été perdus, et les écrits sur lesquels on se base proviennent de Plutarque ou Diodore de Sicile qui ont vécu plusieurs siècles après le conquérant !

Relevant cet obstacle éternel, Jean-Claude Perrier opte pour un déroulement chronologique de la vie d’Alexandre.

Alexandre est le fils d’Olympias, femme dominatrice, considérée comme sorcière et de Philippe de Macédoine, roi de Macédoine qui en –338 a étendu sa domination sur la Grèce.

Certaines légendes en font le fils de Zeus, avec qui sa mère l’aurait conçu.

Les Macédoniens longtemps considérés comme des Barbares par les Grecs,  se sont néanmoins hellénisés, parlent le Grec et ont surtout appris les redoutables techniques de combat des phalanges pour les retourner contre leurs créateurs.

Ainsi Philippe a imposé par la force sa domination à toute la Grèce par le traité de Corinthe en -338 même si Sparte la fière n’y adhère pas et  si Athènes cherche en permanence à en briser le joug.

Fils d’un roi, Alexandre a bénéficié d’une haute éducation, puisque outre l’enseignement guerrier de rigueur composé du maniement des armes et de l’art équestre, il a eu comme précepteur le philosophe Aristote, ami de son père, qui lui dispensé son savoir scientifique et littéraire pendant deux ans avant que la vie de conquérant ne l’appelle à d’autres taches moins contemplatives.

De cette éducation, Alexandre gardera un fort goût pour la culture, les arts et restera un passionné de l’Iliade d’Homère,  puisqu’il il s’identifiera au demi dieu Achille.

Philippe développe une politique d’envahissement de la Perse pour reprendre à Darius III les colonies grecques d’Asie mineure annexées par les Perses.

Mais Philippe se fait assassiner et son jeune fils, Alexandre ayant montré toute sa valeur leurs de la bataille de Chéronée prend logiquement le pouvoir.

Le jeune homme embarque pour l’Asie mineure et démontre vite d’incroyables qualités de stratège doublées d’une ambition démesurée qui rapidement lui font voir plus grand que la simple reconquête des colonies grecques.

Il va alors commencer une fantastique épopée de conquête, emmenant son armée de 50 000 hommes à travers l’Asie mineure,  Moyen Orient, l’Egypte, l’Afghanistan, le Pakistan avant d’arriver jusqu’aux confins du Monde connu, l’Inde.

Mais plus qu’un brillant chef de guerre, Alexandre va se révéler un homme politique visionnaire doublé d’une personnalité complexe.

Alexandre ne veut pas seulement vaincre, il veut unifier le Monde.

Tout au long de son parcours, il n’aura de cesse de respecter et d’intégrer les populations vaincues notamment perses ou hindoues dont il fait des alliés.

Il laisse ainsi le pouvoir aux satrapes ou aux rois lui ayant prêté allégeance et laisse également à chaque fois des soldats et des hommes de confiance sur place pour contrôler la situation.

Alexandre fonde aussi des colonies appelées « Alexandries » pour consolider ses avancées.

Les grandes étapes de la conquête d’Alexandre sont la prise de l’Égypte ou il se fait couronner pharaon, celle de Babylone et ses merveilles, la défaite du roi Darius,  malgré tout immensément respecté puisqu’il ira jusqu’à châtier ses assassins mais également la victoire contre le roi Pôros et ses terrifiants éléphants de combat 

Alexandre amasse une fortune considérable par ses conquêtes au sein de l’immense empire perse ce qui l’aide à entretenir son armée et à recruter des mercenaires pour regarnir ses troupes.

Le point culminant de cette folle aventure est le descente du fleuve Indus jusqu’à sa fin dans l’Océan Indien.

Alexandre, devant faire face à des hommes épuisés, au bord de la mutinerie, doit renoncer à son rêve d’aller jusqu’au Gange pour conquérir toute l’Inde.

Le retour vers l’Ouest sera périlleux …

Le plus intéressant dans ce livre, outre les formidables victoires militaires d’un homme disposant d’une armée pratiquement en permanence en infériorité numérique mais très aguerrie et menée de main de maître, demeure les efforts fait par le conquérant pour tenir la cohésion de ses soldats.

Alexandre qui habilement prône le métissage avec les Perses, qui va jusqu’à s’habiller à l’orientale, ou à épouser la fille de Darius ou Roxane fille d’un roi de Bactriane, doit faire face à de fortes dissensions auprès de ses propres soldats Macédoniens qui ne voient pas d’un très bon œil ce mélange des cultures.

Il doit aussi garder un œil sur ses « hommes de confiance » laissés en route cédant quelques fois à la corruption du pouvoir mais également sur Athènes la fière toujours prompte à se intriguer contre lui.

Devenu mégalomane et paranoïaque à la fin de sa vie, Alexandre aura des réactions d’une rare violence, faisant exécuter des hommes sur de simples accusations ou accès de délire.

Sa mort prématurée à 32 ans, soudaine, après plusieurs banquets à Babylone demeure mystérieuse et sujette à des rumeurs d’empoisonnement.

Le livre  brosse le portrait d’un homme exceptionnel, à la fois habile politicien, cultivé, ouvert aux autres cultures mais aussi chef de guerre charismatique et implacable  n’hésitant pas aller en première ligne quand les circonstances l’exigent.

Mais le plus fascinant dans le périple d’Alexandre demeure les zones d’ombres, ce qui ne sera jamais éclairci, son attachement mystique à son cheval Bucéphale, son amour pour Hepahaiston, sa rencontre avec le philosophe Diogène, l’emplacement de son tombeau jamais retrouvé à Alexandrie …

On peut aussi se demander jusqu’où serait allé Alexandre s'il n’était pas mort prématurément, Europe de l’Ouest, Arabie, Afrique ?

Tout ceci contribuera à jamais aux fantasmes légendaires autour de sa personne.

En conclusion le livre de Jean-Claude Perrier, clair, concis va à l’essentiel et fait passer un excellent moment.

Commentaires