Le souci du bien (Platon)

 



« Le souci du bien » est une compilation de deux des premiers dialogues de Platon : le « Lysis » traitant de l’amitié et le « Charmide » de la sagesse.

Ses deux textes obéissent aux traditionnels échanges dialectiques entre Socrate et ses adversaires ou disciples.

Dans le « Lysis », Socrate vient apparemment en aide à Hippothalès amoureux transi du jeune, beau et intelligent Lysis.

Le philosophe vient donc trouver Lysis et débattre avec lui et ses jeunes amis Ménexène et Ctésippe sur le thème de l’amitié y compris au sens sexuel.

Socrate s’interroge sur la nature des relations d’amitié et si c’est le propre de l’être aimé ou de l’amant de se voir attribué le qualificatif d’ami.

Mais aucune des deux définitions ne le satisfait.

L’amitié ne naît pas non plus des êtres semblables, qu’ils soient des gens méchants par nature inconstants ou des gens de bien par nature auto suffisants.

L’amitié ne naît pas non plus des contraires.

Socrate utilise l’analogie du patient désirant la santé et du médecin la dispensant par ses soins pour établir que l’amitié naît quand un être intermédiaire ni bon ni mauvais recherche le bien pour éviter la présence du mal.

Mais au final, Socrate revient sur sa théorie, en expliquant que l’amitié ne peut être entièrement due à la présence du mal car si celui ci disparaissait, les désirs survivraient et par la même la recherche de l’amitié.

C’est sur cet échec apparent que le dialogue s’interrompt brutalement lorsque les pédagogues des jeunes hommes viennent les chercher.

Dans le « Charmide » , le dialogue a lieu tout d’abord entre Socrate et Charmide, puis entre Socrate et un Critias beaucoup plus virulent par la suite.

L’objet initial du texte est la recherche de la sagesse en la personne de Charmide, jeune homme apparemment magnifique qui plait beaucoup à Socrate.

Les deux hommes esquissent plusieurs définitions, assez grossières pour commencer.

La sagesse n’est ni le fait de la modération, du calme, ni de la pudeur, ni le fait de s’occuper de ses affaires.

Avec l’arrivée du redoutable Critias, la discussion prend plus d’ampleur.

Les deux hommes débattent autour de la phrase fameuse symbolisant généralement à elle seule la philosophie grecque le « Connais toi toi même » inscrit sur les murs du temple d’Apollon à Delphes.

Critias défend l’affirmation selon laquelle la sagesse est la connaissance de ce que l’on sait et de ce que l’on ne sait pas.

Alors que j’étais prêt à me ranger à cette définition, j’ai été surpris de la réfutation de Socrate, qui explique qu’on peut savoir qu’on sait ou qu’on ne sait pas mais de manière générale, sachant que les connaissances particulières se font par l’intermédiaire des ses sciences particulières auxquelles ne saurait se substituer la sagesse.

De manière encore plus surprenante, Socrate affirme que la sagesse ne rend pas heureux celui qui la possède car elle ne saurait distinguer le bien et le mal.

Au final, Socrate conclut à son échec dans l’élaboration d’une définition de la sagesse.

Tout juste reconnaît il que intuitivement la sagesse doit être un grand bien ce qui est à mes yeux un peu mince.

Malgré cela, il semble au moins avoir atteint un résultat heureux puisque le beau Charmide demande à devenir son disciple.

En conclusion, j’ai trouvé le « Lysis » intéressant car même si Socrate ne parvient pas totalement à atteindre son but, il avance dans sa réflexion et développe des arguments intéressants sur un sujet complexe.

A mes yeux, l’amitié ou l’amour, répondent à une recherche d’agréments, d’équilibre, de bienfaits physiques et mentaux, donc de meilleure vie pour la personne désirante.

Le « Charmide » m’a en revanche dérouté tant il semble contredire la doctrine générale qu’on attribue à Socrate, la sagesse source de bonheur, comme connaissance de soi même, du bien, du mal.

Dans ce dialogue on se rangerait presque pour une fois à l’avis du futur tyran et bourreau Critias.

Néanmoins, ces deux dialogues du Platon jeune, pour plaisants qu’ils soient, ne semblent pas absolument aboutis tant leurs conclusions semblent rester en suspens.

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