Cyberpunk (Billy Idol)

 



En 1993 alors en perte de vitesse, Billy Idol prend un risque colossal et sort « Cyberpunk » album concept futuriste inspiré par l’écrivain de science fiction William Gibson.

Pour l’occasion le chanteur s’est entouré plus de programmeurs que de musiciens rock et on trouve des noms comme Robin Hancock, Marc Younger-Smith (qui occupe également le poste de guitariste), Jamie Mahoberac pour assurer ces périlleuses taches en plus de la rythmique composée de Doug Wimbish à la basse et de Tal Bergman à la batterie.

Avec cet album, Billy nous prédit un futur sombre puis l’éclosion d’un nouveau monde après  l’avènement de l’apocalypse.

Le premier titre « Wasteland » surprend par sa très forte orientation électronique, les guitares apparaissant noyées sous dans des nappes de machines et de bruitages divers.

« Wasteland » est un titre assez lent, atmosphérique, plutôt bien construit mais qui paraît assez répétitif et traîner en longueur.

Néanmoins, le ton de l’album est donné.

« Shock to the system » est en revanche une merveille dans la grande tradition des tubes rock percutants et emballants écrit par Billy Idol dans les années 80.

En 1993, je me souviens que en attendant les résultats de mon bac je regardais souvent avec plaisir son clip anarcho futuriste pour me détendre.

Les machines reprennent le pouvoir sur « Tomorrow people » , que je trouve lent, lourd et plutôt indigeste.

« Adam in chains » recèle une atmosphère étonnante,  très zen, à mi chemin entre la science fiction et la secte new age.

Billy Idol y chante admirablement dans un registre plus planant.

Ce titre est idéal pour une séance de relaxation.

« Neuromancer » morceau plus rapide encore une fois majoritairement électronique, s’avère très inspiré, avec un refrain extrêmement plaisant encore une fois magnifiquement bien chanté par un Billy mué en prophète mystico-visionnaire.

« Power junkie » est sans doute la plus belle réussite de l’album avec une mélodie superbe collée sur un parfait mixage entre technologies futuristes et furieuses poussées de fièvres guitaristiques.

Ambiance une nouvelle fois planante sur « Love labours on » , ballade très originale, mélangeant électronique avec instruments orientaux et guitares électriques.

« Heroin » avec son adjonction de chœurs féminins et son expérimentation électronique encore plus poussée, s’avère beaucoup plus lourde à digérer.

 Sur « Shangrila », Billy revêt à nouveau ses habits de prêtre mystico futuriste et présente son morceau le plus oriental dans une ambiance « Katmandou » totalement dépaysante.

Le travail d’intense mutation électronique se poursuit sur « Concrete Kingdom » et « Venus » que je trouve sans relief particulier.

Alors que l’auditeur sent une lourde torpeur l’envahir, « Then the night comes » produit enfin le sursaut salvateur de notre cyber-rocker, avec une approche enfin plus directe, plus musclée guitaristiquement parlant et quelques rugissements de grand fauve bien sentis.

L’album se clot sur « Mother dawn» , un presque gospel religieux (!) dispensé sur un gros martèlement de beats électro.

En conclusion « Cyberpunk » est sans doute l’album le plus casse gueule jamais écrit par Billy Idol tant celui ci est allé très loin dans l’expérimentation électronique, délaissant ses percussions électriques héritées du punk-rock pour un concept album naviguant sur des rivages très lointains.

Encore une fois, on saluera la démarche artistique, l’aboutissement du travail fourni mais on trouvera aussi que la musique de Billy Idol a perdu de sa puissance et de sa spontanéité dans ce déluge de bidouillages électro.

Commercialement parlant, ce disque fut logiquement un parfait naufrage.

Mais contrairement à certains groupes comme AD/DC ou Motorhead qui ont toujours fait la même bouillabaisse durant toute leur carrière, Billy Idol aura au moins essayé quelque chose d’autre dans sa carrière avec la satisfaction d’avoir pu aller jusqu’au bout de son délire.

Pour ma part, « Cyberpunk » restera une simple curiosité, un pétage de plomb artistique, et je le déconseille aux amateurs de rock qui n’y trouveront absolument pas leur compte musicalement parlant.

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