Quand les noirs avaient des esclaves blancs (Serge Bilé)
Le journaliste Serge Bilé écrit des livres traitant des pans méconnus de l’histoire et prenant souvent le contre pied des idées reçus sur les Noirs.
Derrière le titre de son livre « Quand les noirs avaient des esclaves blancs » volontiers accrocheur voir polémique se cachent un travail d’historien sérieux se penchant sur une partie relativement méconnue de l’histoire africaine, celle ou de puissants royaumes africains rivalisaient avec leurs homologues arabes et européens.
L’étude porte principalement sur trois exemples marquant, celui de l’empire du Ghana, celui de l’empire du Mali. et celui de l'empire du Songhay.
Au moyen age, de 750 à 1040, l’empire du Ghana appelé empire du Wagadou, fut un vaste empire englobant une grande partie de l’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie et le Mali.
Fondé par Dinga de l’ethnie animistes des Soninké, ce royaume puissant et riche en or, s’accrut par la conquête et par ses conquêtes s’approvisionna en esclaves noirs mais aussi arabes berbères, qui étaient considérés comme blancs à l’époque.
En effet le métissage avec les noirs n’ayant pas été encore trop prononcé.
Le royaume du Ghana était très structuré militairement et politiquement autour de son souverain élevé appelé le Kaya Maga.
Le Kaya Maga était quasiment élevé au range de divinité, il ne parlait que par griots interposées et ne prenait jamais ses repas en public.
Les échanges commerciaux avec les arabes situés par delà le désert était très prolifique et de nombreux « blancs » se trouvaient dans des quartiers de la ville de Koumbi-Saleh ou ils pouvaient exercer le culte de la religion islamique.
Ce royaume fut renversé les moines soldats Almoravides qui alliés aux tribus berbères, imposèrent le joug de l’Islam au Ghana.
Second empire marquant, l’Empire du Mali s’étendit entre le XIII et le XIV iéme siècle après une lutte entre deux conquérants Soumahoro Kanté et Soundiata Keita.
Soundiata l’emporta et fondit un immense empire avec comme territoire le Mali, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée, la Cote d’Ivoire et le Burkina Faso.
Soundiata Keita fut apparemment un monarque éclairé qui instaura une sorte de charte des droits de l’homme « la charte Kouroukan fouga » très progressiste sur le traitements des esclaves, des étrangers et des femmes.
La médecine fit de gros progrès, l’éducation devint obligatoire, même si le socle était l’apprentissage du Coran, les plus brillants étudiants pouvaient aller à l’université apprendre le droit, la théologie, l’astronomie, l’histoire, la géographie ou la rhétorique des philosophes grecs.
Le royaume du Mali devint donc pendant quelques années un pole d’attraction économique, scientifique et culturel d’Afrique.
Les étrangers, marchands ou étudiants étaient les bienvenus.
Kankan Moussa, successeur de Soundiata Keita poursuivit ce travail de tolérance et de progrès économique, scientifique et social.
Le livre fait même allusion à une probable expédition maritime africaine de son père Mansa Aboubakar II sur l’océan atlantique et même si la présence d’africains sur le continent américain avant Christophe Colomb n’a jamais été encore clairement prouvée elle doit sans doute être du domaine du possible.
Après Kankan Moussa, l’empire du Mali se fissure, et les successeurs corrompus ou incompétents ne sauront pas redresser la barre.
Troisième empire dominant, celui du Songhay émergea au XIV iéme siècle sous le règne de Sonni Ali qui chef de guerre aussi brillant que génial, bien peu porté sur la religion persécuta les oulémas musulmans.
Cet empire immense engloba le Mali, la Mauritanie, le Sénégal, le Niger, le Nigeria, le Ghana, le Bénin et le Sahara algérien.
Ali instaura une bureaucratie efficace pour contrôler son royaume.
Après Ali, Askia Mohamed instaura en 1492 un régime islamique.
Dans ce royaume prospère économiquement, l’esclavage était en vigueur mais fondé essentiellement sur le coté « incroyant » du vaincu sachant qu’un musulman ne pouvait être réduit en esclavage.
La situations des juifs et des chrétiens commença alors à se gâter sérieusement dans ce royaume.
Après la mort d’Askia Mohamed, les mœurs se relâchèrent et le royaume bascula lentement dans la décadence par des affaires de complots, de corruptions et de débauches.
Le Songhay fut alors conquis par le Maroc et son rayonnement culturel s’éteint peu à peu.
« Quand les noirs avaient des esclaves blancs » est un livre intéressant pour une personne qui comme moi connaît très mal l’histoire de l’Afrique.
Ce livre montre que au Moyen Age, de puissants royaumes africains ont existé, et que ceux ci possédaient un rayonnement économique et culturel importants.
Serge Bilé œuvre quelques peu pour la réhabilitation de l’homme noir, montrant que les Africains ont connus eux aussi des périodes de développement et de conquêtes.
Le seul point de doute demeurant pour moi la découverte de l’Amérique.
La question de l’esclavage me paraît finalement subalterne, car je savais pertinemment que déjà dans l’Antiquité sa pratique était courante, le peuple vaincu quel que soit sa race devant dans le meilleur des cas servir d’esclave au peuple dominant.
Il me paraît donc logique que de royaumes « noirs » puissants militairement aient pu eux aussi utiliser des esclaves blancs au fait de leur gloire cette pratique me paraissant à l’époque assez universelle et basée sur un rapport de vainqueur à vaincu.
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