Unplugged in New York (Nirvana)

 




Poursuite (voir fin) des quelques écrits consacrés à Nirvana dans ces colonnes avec le dernier album du groupe « Unplugged in New York » sorti en 1994. 

A l’époque peu de gens se doutaient que le concert enregistré en petit comité dans une atmosphère acoustique intimiste des locaux de MTV au mois de Novembre 1993 à New York serait l’ultime effort du légendaire trio de Seattle. 

Pour ce disque d’adieu, Nirvana en délaissant sa rage habituelle et la puissance des guitares électriques va présenter un visage surprenant, plus doux, intime et touchant que jamais.  

Le concert s’ouvre sur « About a girl » son de guitare clair et chaleureux, mélodie  mélancolique pénétrante, belle voix cassée de Kurt Cobain créent tout de suite un étrange sentiment de proximité avec les artistes.  

Habituellement j’aime beaucoup « Come as you are » cette simplicité, cette mélodie somptueuse qui fait mouche sans coup férir mais ici sans passages appuyés, la version acoustique prend une dimension étonnamment dépouillée qui me vrille l’estomac.  

Reprise d’un groupe nommé The Vaselines ( !) « Jesus doesnt want me for a sunbeam » est une belle ballade aussi triste que magnifiquement teintée de folk celtique.  

Autre ballade, « The man who sold the world », originellement de David Bowie, fut sans doute le tube le plus marquant du disque.  

« Pennyroyal tea » issu du dernier album studio paraît en comparaison légèrement en dessous avec ses refrains répétitifs.  

Retour à la grâce exquise avec « Dumb » rehaussé par une superbe mélodie de violoncelle.  

« Polly » on le sait est un tube dont la version acoustique accroît la douceur.  

Ensuite on arrive aux passages les plus faibles de l’album.  

 « On a plain » et le trop soporifique « Something in the way »  paraissent en effet moins relevés que les morceaux du début.  

Puis Nirvana enchaîne trois reprises des Meat Puppets, avec les frères Kirkwoods présents ce soir la.

  « Plateau » assez country est une belle chanson sans être fantastique, « Oh me » manquant de rythme fait l’effet d’un bœuf entre potes ne jouant que pour eux dans un salon, « Lake of fire » est plus dynamique et intense.

  Le concert finit cependant sur deux titres forts, la lancinante ballade « All apologies » un tantinet trop plaintive à mes yeux et l’exceptionnelle reprise du bluesman des années 40, Leadbelly « Where did you sleep last night », vibrante et déchirante d’émotion, sans doute dédiée à cette garce de Courtney Love.

En conclusion, si pour beaucoup le « Unplugged in New York » de Nirvana est sans nul doute l’un des meilleurs concerts jamais enregistrés, je n’irais pas jusqu’à partager cet enthousiasme.  

Si en effet le début de l’album atteint des sommets de grâce et d’émotions, son milieu se fait plus quelconque avec notamment ces reprises pas franchement divines des Meat Puppets.  

Néanmoins ce disque possède une indéniable aura, un charme particulier, une charge émotionnelle proprement hors du commun inhérente à la personnalité de Kurt Cobain et à sa manière de porter ses morceaux au bout de sa voix chaude, touchante, fatiguée, déchirée.  

On sent donc toute la souffrance et la sensibilité du chanteur mais en jouant sur un disque entier dans ce registre ceci peut quelques fois lasser.  

« Unplugged in New York » restera pour moi comme un étonnant testament folkeux, très digne et élégant, de la part d’un grand groupe qui aura marqué son époque..

 

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