Parménide, Théétète, le Sophiste (Platon)
Poursuite dans la douleur cette fois des découvertes platoniciennes avec un recueil regroupant trois dialogues « Parménide, Théétète, le Sophiste ».
Disons le d’emblée j’ai eu beaucoup de mal avec Parménide.
Dans ce dialogue, Platon fait parler le philosophe pré-socratique Parménide qu’il n’a jamais connu et semble retranscrire sa pensée aidé grandement en cela par Socrate.
Les autres participants, Phythodore, Zénon et Aristote jouent un rôle essentiellement passif.
Le début du dialogue expose la théorie des formes , universelles, existantes de manière intelligibles mais non sensibles et dont les objets réels ne sont que la copie.
Parménide cependant met en doute le caractère accessible et connaissable de ces formes à l’être humain, il s’agit donc d’une réfutation de la théorie de Socrate et d’un revirement surprenant chez Platon.
Ensuite le dialogue bascule dans différentes études et hypothèses autour de l’Un, de ses propriétés physiques comme sa constitution, son rapport au Tout, au mouvement, au temps puis ses relations avec les Autres, en terme de comparaison, ressemblance.
Il m’a été très difficile de suivre ce dialogue très abstrait reposant sur plusieurs hypothèses contradictoires sans que l’une se détache clairement.
Je n’ai donc pas compris ou voulait en venir le philosophe sur ce terrain.
Second dialogue de cet ouvrage, le « Théétète » m’a plus intéressé.
Le dialogue a lieu entre Socrate et le jeune mathématicien Théétète, élève prometteur de Théodore de Cyrène qui intervient sporadiquement.
Socrate questionne son jeune interlocuteur autour d’une définition de la science.
Théétète qui soutient les thèses du sophiste Protagoras, sert de faire valoir à Socrate pour réfuter les thèses de son rival.
Progressivement, Socrate amène par la dialectique son élève à construire sa réflexion.
La science n’apparaît ni réduite à la sensation, ni à l’opinion qui sont par nature trop variables et relatives aux individus.
Les exemples des rêves ou des maladies altérant la perception humaine sont à mis en avant par Socrate pour ces appuyer ces réfutations.
Finalement après un raisonnement très bien construit les deux hommes arrivent à une définition satisfaisante en proclamant que la science est une opinion à laquelle s’est jointe la raison, et la science de la différence d’une chose à une autre.
Le « Sophiste » dernier dialogue du recueil est une plaisante charge contre les meilleurs ennemis de Socrate, les Sophistes dont le philosophe se propose d’établir une définition.
Ce dialogue a toujours lieu entre Socrate et Théétète mais un mystérieux « Etranger » vient se joindre à eux pour finalement mener la discussion un peu à l’instar de Parménide dans le dialogue du même nom.
La conclusion à laquelle arrivent les trois hommes est que le Sophiste est un maître dans l’art de la mimétique.
L’objet de son imitation porte sur la connaissance, puisque le Sophiste prétend tout connaître sur tout.
Le Sophiste utilise donc l’art des discours pour duper ses élèves, qu’il choisit généralement jeunes et riches afin de pouvoir leur monnayer son enseignement.
Cette réflexion autour du Sophiste amène les trois hommes à une étude sur le non être puisque les Sophistes estiment que tout discours est vrai puisque le non être ne peut être prouvé.
Cette partie du dialogue est la plus difficile puisque l’Étranger essaie de montrer l’existence du non être afin de pouvoir contrer les arguments sophistiques.
L’étude amène à discuter les thèses de Parménide (l’être est un Tout immobile ) et celles des matérialistes comme Héraclite (tout est toujours en mouvement) ainsi que celles des Idées ( tout appartient aux Formes, éternelles, transcendantes et immuables ).
L’étranger conclut par le fait que l’être et le non être participant chacun à l’être lui même, peuvent ainsi se mélanger et par conséquent que l’opinion fausse peut exister.
En résumé, j’ai diversement apprécié ce recueil.
Le Parménide m’est apparu trop abstrait, doté d’une structure confuse, difficilement appréhendable.
J’ai préféré le « Théétète » d’une construction plus claire et magnifique exemple de dialectique Socratique.
Quand au « Sophiste » si le début et la fin du dialogue sont relativement plaisants, la longue démonstration autour de l’existence du non être m’a été difficile à suivre, tant cette démonstration faisait appel à des théories d’autres philosophes Pré-Socratique que je ne connaissais pas très bien.
Dans ces dialogues, Platon semble nuancer ses théories premières sur les Idées.
L’influence de Parménide puis de cet étranger dans le Sophiste paraissent révélatrices d’une évolution voir d’une auto critique sur les thèses jusqu’alors mises en avant par Socrate.
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