Sabotage (Black Sabbath)

 



« Sabotage » de Black Sabbath sorti en 1975, constitue pour moi le dernier extraordinaire album de la période magique dés débuts avec Ozzy Osbourne.

On notera au passage le ridicule de la pochette avec son coté kitsch absolu.
Mais la « dream team » est cette fois encore une fois au complet avec Tony Iommi à la guitare, Geezer Butler à la basse et Bill Ward à la batterie.

 « Hole in the sky » qui ouvre le disque est le genre de morceau immortel qu’on pourrait écouter indéfiniment en boucle dans sa voiture pour débuter une journée dans la joie et la bonne humeur tant il contient une énergie positive communicative absolument irrésistible.

J’ai d’ailleurs toujours été surpris qu’un groupe aussi sombre soit capable d’écrire des morceaux au rythme aussi joyeux mais c’est bien connu le bonheur des tristes est lorsqu’il éclate pareil à une lame de fond.

Le court interlude acoustique « Dont start (too late) »  qui lui succède ressemble à une bonne blague avant que « Symptom of the universe » ne débute.

Ozzy pose sa voix aiguë et angoissée sur un tempo rapide doté  d’un riff métallique très punchy.

A mi chemin, après un supersonique solo de guitare, le morceau explose subitement en une deuxième partie aussi divine qu’aérienne ou le groupe calme superbement le jeu.

L’alternance entre violence typiquement heavy metal et mélodie apaisante est absolument ahurissante et très révélatrice des formidables qualités du groupe.

Sur « Megalomania » Black Sabbath semble utiliser sa capacité à figer le cours du temps en emprisonnant l’auditeur dans une dimension parallèle, sombre, profonde et dense.

Les notions d’espace et de temps se trouvent brusquement abolies et captivé par ce riff hypnotique l'auditeur embarque avec ravissement dans le voyage spatio-temporel de prêt de 10 minutes proposé par ce groupe état de grâce.

La seconde partie du titre plus tranchante et dynamique vient quelque peu stimuler les sens pour empêcher l’auditeur de sombrer dans une extase léthargique sans doute sans issue.

La magie noire opère encore sur « Thrill of it all » avec son riff venu d’ailleurs et sa  variation à la richesse lumineuse  dont le ton enjoué et optimiste surprend encore une fois.

« Supertzar » est un délire instrumental grandiloquent  de puissance inspiré par les chœurs russes.

Sa dimension épique et baroque en ferait sans doute la bande son parfaite pour un film de Sergio Léone ou pour le Conan le Barbare de John Milius.

Il en fallait une, la voici, la ballade « Am I going insane » , avec entre parenthèses inscrit « radio » pour signifier sans nul doute un format plus classique et accessible.

Bien que de structure plus simple et moins alambiquée que les précédents chef d’œuvres « Am I going insane » passe également bien.

« The writ » qui termine l’album est un morceau fleuve, riche, superbe, porté par des vocalises stellaires d’Ozzy Osbourne.

Vous l’aurez compris, « Sabotage » n’est pas pour moi une chanson délire des Beastie Boys mais un authentique chef d’œuvre du rock et de la musique contemporaine.

Je ne sais si cela est du à la consommation intensive de substances hallucinogènes mais rarement Black Sabbath ne me sera paru aussi inspiré que sur ce disque parfait.

Étrangement « Sabotage » ne distille pas une ambiance aussi sombre et inquiétante que sur la plupart des chefs d’œuvres du Sabbath Noir mais la musique proposée est ici en revanche fantastique, vivante, surprenante, rafraîchissante.

Ozzy bien loin du spectre filmé dans la série des Osbournes sur MTV, semble ici au meilleur de sa forme et livre ici un performance vocale parfaite.

« Sabotage » n'est donc ni plus ni moins qu'à ranger dans la catégorie des disques magiques, proposant un voyage spirituel, une intense stimulation sensorielle aboutissant à une élévation de l’âme de la personne rentrant dans le cercle d’attraction mystique que pouvait exercer cet astre noir sur l’auditeur dans les années 70.

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