Protagoras, Gorgias, Ménon (Platon)

 


 




Platon et ses dialogues toujours avec ce recueil de trois ouvrages « Protagoras, Gorgias, Ménon ».

Dans chacun de ses livres, Platon met en scène Socrate en quête de réponses autour du thème de la vertu.

« Protagoras » est le nom du Sophiste le plus renommé qui soit dans le monde grec.

Hippocrate, un ami de Socrate lui annonce sa décision de suivre l’enseignement de Protagoras afin de devenir un brillant politicien.

Socrate éternel ennemi des Sophistes, décide donc d’aller rendre visite à Protagoras pour le mettre à l’épreuve.

L’affrontement est assez savoureux entre un Sophiste au style volontiers emphatique, entourés de nombreux disciples prêt à lui venir en aide et un Socrate visant à la rigoureuse démonstration philosophique.

Comme souvent, Socrate procède par le questionnement, la Dialectique, pour pousser son interlocuteur dans ses retranchements, mettre en lumière ses contradictions et le cas échéant faire jaillir la vérité.

Le point de contestation principal entre les deux hommes est de savoir si oui ou non la vertu peut s’enseigner comme le proclament les Sophistes et comme le réfute Socrate ce qui est équivalent à contester la légitimité de leur profession.

Au cour de leurs dialogues, les deux hommes abordent la notion des parties constitutives de la vertu qui sont justice, courage, piété, tempérance, générosité.

Socrate met plusieurs fois Protagoras en défaut sur ses affirmations, notamment sur le fait que les parties de la vertu soient distinctes.

La conclusion est que c’est la globalement connaissance qui fait que l’on agit bien et l’ignorance qui fait mal agir ce qui fait qu’un homme n’agit jamais mal volontairement mais par ignorance.

L’homme doit donc être guidé par la connaissance dans sa recherche du bien assimilé au plaisir.

Dans le second livre, Socrate s’en prend à« Gorgias » qui enseigne lui la Rhétorique qui est pour Socrate l’équivalent pour la Justice de ce qu’est la Sophistique pour la Législation c’est à dire l’équivalent de la cuisine par rapport à la médecine ou de la toilette par rapport à la gymnastique.

Mais Gorgias n’est pas le plus virulent à se défendre, c’est surtout son ami Calliclés qui prend le plus à parti le philosophe aux cours d’échanges animés.

Socrate détruit l’ego des Sophistes en montrant que leur art n’est d’aucune utilité pour rendre les hommes meilleurs sur le plan de la vertu.

L’une des questions les plus débattues est savoir qui est le plus à plaindre de celui qui subit une injustice de celui qui la commet.

Socrate reprend les arguments de Calliclés, notamment autour du tyran impuni, pour montrer que selon lui le plus grand mal dont on peut souffrir est d’avoir commis une injustice sans avoir été puni puis ensuite d’en avoir commis une en étant puni avant que ne vienne ensuite la fait d’en subir une.

Dans la dernière partie du dialogue Socrate justifie devant Calliclés le fait qu’il faille mener une vie vertueuse en usant d’un mythe sur le jugement des mortels d’après leurs actes après leur mort et leur éventuelle condamnation par un tribunal présidé par Minos.

 « Ménon » est à mes yeux le moins intéressant des trois dialogues.

Socrate interroge son hôte Ménon sur l’essence de la vertu.

Les deux hommes étudient ses parties mais échouent pour donner une définition.

La vertu est elle connaissance ?

Socrate établit que la connaissance est réminiscence, car provenant d’une âme éternelle et omnisciente.

Socrate arrive au fait que la vertu n’est pas une science et qu’elle ne s’enseigne pas.

Elle est donc de source divine, inspirée par les divinités mais la question reste finalement un peu en suspens...

En conclusion, ce recueil philosophique est assez emblématique de la personnalité et des méthodes de Socrate qui aimait provoquer ceux qu’il considérait comme des charlatans : les Sophistes, détenteurs de l’art oratoire destiné à la Politique.

Lui, obsédé par la poursuite de la vérité et de la sagesse ne pouvait pas supporter ces manipulateurs de mots influençant les masses.

Les joutes oratoires avec les brillants Protagoras ou Calliclés sont plaisantes presque théâtrales même si il est quelques fois difficile de comprendre ou veut en venir Socrate tant son cheminement est quelques fois sinueux voir contradictoire.

L’usage de mythes pour justifier des théories est plaisant à lire mais sera par la suite critiqué par Aristote à l’esprit plus scientifique.

Socrate devait sans doute lui même faire progresser ses théories en se confrontant à de brillants esprits capables de lui tenir tête, mais il a du assurément se faire de nombreux ennemis tant ces Sophistes étaient riches et influents.

      Mais fidèle à lui même, Socrate jusqu’à son propre procès délaissera jusqu'au bout l’art de la   Rhétorique pour rester fidèle à sa  seule ligne de conduite : la Philosophie et ce quitte à le payer de sa propre vie, ceci montrant qu'il ne fait jamais bon irriter les Puissants ..

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