Burn my eyes (Machine head)

 



En 1994, Machine Head un jeune groupe californien sort un premier album répondant au nom de « Burn my eyes » qui fait l’effet d’une bombe dans le petit milieu du metal.

Certains parleront de power metal, pour ma part je parlerais de trash metal des années 90 dans la filière d’un Pantera, l’autre légende du genre.

Le groupe se compose à l’époque de Robb Flynn au chant/guitare, de Logan Mader à la guitare, de Chris Kontos à la batterie et de Adam Duce à la basse.

« Davidian » morceau d’ouverture marque tout de suite le style de groupe, introduction soignée, préludant un déluge de puissance parsemé de riffs titanesques et de rythmiques pachydermiques sur lequel vient exploser une grosse voix rageuse.

La dernière partie du morceau est la plus intéressante, avec un surcroît d’agressivité subitement canalisée par une rythmique guerrière inexorable.

Je crois que c’est ce qui me séduit et m’impressionne le plus dans cet album, cette puissance phénoménale absolument maîtrisée, contenue puis relâchée à volonté pour produire des effets dévastateurs détruisant toute volonté de résistance.

Les tempo ne sont pas très rapides, mais le son est écrasant de lourdeur, vous broyant tel un monstrueux bulldozer dans ses mâchoires d’aciers.

L’album brille également par ses variations sous formes d’introductions, mélodiques, faussement calmes et ses courtes accalmies doucereuses entre deux déluges de fer et de feu.

Dans pareilles conditions la violence se retrouve magnifiée.

A partir du 4ieme titre le groupe réalise un sans faute.

« None but my own » et « Death church » avec leurs intro monstrueuses de feeling de punch, leur chant tour à tour calme, menaçant puis rageur, sont irrésistibles.

Le groupe maintient une tension quasi constante tout le long du disque, grondant sa rage meurtrière, allumant des brasiers incandescents tel ce « The rage to overcome » ou ce « A nation on fire » incendiaires.

Le résultat est la production d’ une musique incroyablement puissante, sans concession, prenant naissance dans la rue, la pauvreté, le désespoir, la contestation sociale voir l’émeute pure et simple.

Puis vient le KO au premier round, « Blood for blood » machine de guerre de trash metal mutant écrasant tout de ses marteaux pilons d’acier.

« I’m your god now » meilleur morceau du disque, commence par un superbe passage mélodique ou Robb Flynn montre qu’il peut chanter de manière magnifique avant de terminer par un déluge de violence paroxysmique.

Complément sonné, sous le choc, désorienté, l’auditeur est une proie facile pour les dernières bombes à fragmentations que sont « Real eyes realize real lies »  avec ses multiples voix entremêlées et un très frontal « Block » en guise de coup de grâce.

Avec « Burn my eyes », on a donc l’impression d’être devant une terrible force de la nature, un godzilla primordial né du chaos, de la folie des hommes.

Machine Head ne parviendra jamais à renouveler l’exploit initial, comme si le groupe avait tout donné dans son premier album, toute sa créativité, sa rage, sa volonté de percer, de tuer.

Les plus belles œuvres sont souvent les plus spontanées, les plus dépouillées, le premier jet pris sur le vif, capture la quintessence de l’art.

Celui de Machine Head, savant mélange de puissance et de calme nourri de colère et de désespoir est assurément un art guerrier maîtrisé à la perfection.

Un album violent, intense, prenant, à ranger auprès des classiques du trash de Slayer, Pantera, voir Sepultura et à écouter en prévision d’une journée particulièrement pénible afin d’ y puiser l’énergie nécessaire pour faire face.

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