The devil you know (Heaven & Hell)
Heaven & Hell ou comment faire du nouveau avec de l’ancien, car cette formation est composée d’anciens membres de Black Sabbath groupe précurseur du heavy metal dans les années 70.
Mais Black Sabbath a eu plusieurs vies, celle passionnante des débuts avec Ozzy Osbourne au chant et celle(s) plus inégales avec d’autres chanteurs, le plus charismatique étant Ronnie James Dio qui prend part ici à Heaven & Hell, les autres membres étant Tony Iommi à la guitare, Geezer Butler à la basse et Vinny Apice à la batterie.
Étant grand amateur de la musique de Black Sabbath, je me devais d’écouter par simple curiosité le résultat de cette quasi reformation.
En 2009, à la surprise générale, Heaven & Hell sort donc un album intitulé « The devil you know » .
Attention ne pas se fier à la pochette très sombre et agressive, la musique ici proposée est plutôt calme, lente, pesante tout en restant bien entendu sombre.
« Atom and evil » placé en ouverture, mérite bel et bien cet honneur.
On reconnaît tout de suite la patte de Iommi, les riffs lourds, menaçants, l’atmosphère inquiétante et étouffante des meilleurs morceaux du grand Sabbath.
Le rythme lent, la mélodie superbe portée par la voix divine de Dio confère à ce morceau un statut de classique de haute volée.
Attiré par cette succulente mise en bouche, j’aurais aimé en dire tout autant de la suite.
Malheureusement le disque ne parvient pas à garder pareil niveau.
Plus pêchu, « Fear » n’est pas mauvais avec son riff légèrement orientalisant, mais est plombé par un refrain plutôt médiocre et téléphoné.
« Bible black » démarre par une magnifique introduction, vibrante de sensibilité et de beauté qui vrille l’âme de l’auditeur, avant qu’un riff plus puissant ne vienne amorcer le décollage vers une formule plus classique, moins surprenante mais néanmoins efficace.
Passé la demi déception de « Bible black », « Double the pain » se présente favorablement avec son mid tempo rythmé doté d’un refrain percutant.
Jusqu’ici tout va bien, certes on n’applaudit pas des nageoires comme une otarie de cirque mais on trouve que les vieux briscards de plus de 60 ans, mènent encore honnêtement leur barque.
Cependant la suite va voir s’amorcer une lente érosion.
« Rock and roll angel » plat et mou comme la poitrine de Jane Birkin, n’est guère enthousiasmant, si ce n’est avec son superbe break central dans lequel Iommi place un solo tout en classe et en finesse.
Un peu léger …
« The turn of the screw » est encore plus quelconque, terne voir carrément médiocre.
Mince alors, serait ce la crise même pour les plus brillants ex musiciens du glorieux Sabbath Noir ?
« Eating the cannibals » (quel beau titre !) plus percutant et enlevé passe mieux, avec son riff et son solo électrique de hard rock nerveux fort plaisant.
Retour à la lourdeur et à la noirceur originelle avec « Follow the tears » .
Ambiance mystico-gothique, riff d’une lourdeur titanesque, refrain envoûtant, Heaven & Hell parvient sur ce titre à recréer la magie du Black Sabbath des premiers jours ..
Impossible pour moi de résister à cette noire attraction de plus de 6 minutes.
« Neverwhere » qui lui succède, renoue avec la moyenne basse des titres rapides sans grand souffle ou originalité qui peuplent ce disque.
Sur « Breaking into heaven » , le groupe parvient de nouveau à se transcender sur ce long morceau fleuve, épique ou Dio côtoie de nouveau les cimes de la perfection vocale.
A l’arrivée, « The devil you know » est un album qu’on aurait aimé adorer mais qui séduit en réalité à moitié en raison de ses multiples « creux » artistiques.
Tout est dit dans le titre ou presque, Heaven & Hell ne réserve pas de surprise, il marche sur un terrain extrêmement balisé et sombre quelques fois dans le moyen.
Néanmoins le disque est sauvé par 3 ou 4 titres forts aux mélodies envoûtantes qui montrent que ces musiciens sexagénaires avaient encore de beaux restes tout particulièrement le regretté Dio dont la voix magique emblématique du vrai heavy metal côtoyait toujours l’excellence en 2009.
Alors peut être met on la barre trop haut concernant ces « Eternal Idols » en se référant à un glorieux passé datant aujourd’hui de plus de 50 ans.
« The devil you know » est un album globalement solide et bien maîtrisé, dans la lignée de l’esprit heavy/doom de Black Sabbath sans en avoir la folie créatrice originelle.
Resteront les anciens disques pour être de nouveau émerveillé…
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