Les Lois (Platon)

 



« Les Lois » , dernier dialogue de Platon bénéficie d’une réputation d’œuvre inachevée et de portée moindre par rapport aux autres chefs d’œuvres écrits par le Maître.

En réalité, cet ouvrage peut être vu comme une suite à « La République », mais plus sûrement comme un résumé à caractère vulgarisateur de ce livre majeur de la Philosophie tant les grandes idées et thèmes abordés semblent voisins.

Il plane donc un léger goût de « redite » sur « Les Lois ».

Ce dialogue est le seul à ne pas mettre en scène explicitement Socrate, même si le personnage de « l’Athénien » lui ressemble fortement dans sa manière de raisonner et de diriger les débats auprès de ses interlocuteurs-disciples Clinias le Crétois et Mégillos le Spartiate, tous deux issus de cités dont les régimes sont tenus en haute estime par Platon.

« Les Lois » peut être vu comme un manuel pratique destiné à l’élaboration de la cité idéale.

La question de l’éducation des futurs législateurs prélevés dans la classe élitiste des gardiens y est centrale.

Afin d’acquérir les vertus que sont la justice, la sagesse, le courage et la tempérance, les jeunes hommes et femmes apprendront des la gymnastique, la musique mais surtout des disciplines scientifiques que sont le calcul, la géométrie, l’astronomie avant de passer à la plus divine la dialectique.

Les banquets pour célébrer les dieux en chant et en danses sont décrits comme utiles pour l’éducation.

Le théâtre et la plupart des poètes sont comme dans « La République » vivement décriés.

Pour Platon l’éducation des enfants se fait par le jeu, leur contrôle par le législateur doit donc être effectif.

Platon prône la purification sociale en chassant les indigents de la cité et en n’acceptant que peu (voir pas )  d’étrangers responsables selon lui de corrompre les mœurs de la cité idéale.

Le traitement des esclaves s’avère en revanche beaucoup plus souple et « humain » avec un régime juste sans faire usage de violence.

Platon désire pour l’application des lois un mélange de persuasion et de crainte.

La dernière partie du livre est consacré à la dénonciation de l’impiété.

Platon démontre l’existence des dieux par l’étude des mouvements du Monde, ceux parfaits des cycles des astres, et ceux issus des âmes immortelles des êtres vivants qui selon lui ne peuvent avoir qu’une origine divine.

En conclusion, j’ai été déçu par ce livre qui n’a je pense que peu d’intérêt lorsqu’on vient de lire « La République » qui est lui plus complet, plus philosophique et plus abouti que cette version synthétique d’une puissance amoindrie par rapport à l’original.

J’ai été de plus une nouvelle fois surpris  par la rigidité de certaines positions assez radicales dans la construction de cette cité « idéale » fermée sur elle même et paraissant quelques fois bien utopique.

Comme gage de son manque d’efficacité, Platon échouera lors des ses deux tentatives d’application pratique auprès des tyrans Denys de Sicile.

Cependant les pages annexes de l’ouvrage ont l’avantage de présenter un système de constitution  précis avec une description des organes législatif, judiciaire et militaire du gouvernement avec les principes parfois  complexes des élections de leurs membres ainsi que des listes de crimes ou des règles d’urbanisme pour l’édification de cette cité imaginaire destinée à être établie en Crète. Les lois laissent donc une étrange impression mitigée, celle d'une tentative de vulgarisation bancale.

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