Le Politique-Philèbe-Timée-Critias (Platon)
Fidèle à mes vœux déclarés au mois de février, je m’attaque encore une fois à un gros morceau de la philosophie avec un recueil d’ouvrages de Platon composé de « Le Politique, Philèbe, Timée , Critias ».Premier de la liste, « Le Politique » se présente sous la forme d’un dialogue entre Socrate « jeune » et un certain « Etranger » qui étrangement mène complètement la discussion, Socrate jouant pour une fois le rôle du faire valoir.
L’objet de ce dialogue est de s’interroger sur la nature du politique dans la cité.
Le politique étant celui qui commande, encore faut il savoir à qui il doit commander.
La dialogue commence donc par un processus assez laborieux de classification des espèces animales pour aboutir à la conclusion que le politique doit commander aux hommes.
Mais rapidement, Platon a recours à une fable mythologique pour expliquer l’origine du pouvoir divin et humain sur Terre.
La fable est d’une imagination folle et d’une complexité passionnante.
Platon décrit un monde anciennement crée par Chronos à partir d’une structure chaotique puis guidé par lui même en veillant à son ordre parfait par l’intermédiaire de divinités locales de moindre importance.
Dans ce monde parfait régi par un dieu, les hommes (et les bêtes ! ) crées à partir de la terre vivaient simplement et pratiquaient la philosophie.
Quand Cronos se retira il y eut un rebroussement de l’état du monde et les espèces se mirent à décroître puis le cours du monde actuel prit sa course avec le règne de Zeus et les nouveaux hommes furent réduits à conduire leur vie seuls sans l’aide d’un dieu pour les guider d’où les difficultés que nous connaissons.
Une fois cette splendide métaphore achevée, Platon fait la différence entre le pouvoir d’origine divine (appelé royal) et celui forcément imparfait d’origine humaine.
Platon passe en revue les trois formes principales de gouvernement (la royauté, l’aristocratie et la démocratie) ainsi que leurs déviations fondées sur la force : tyrannie, oligarchie et une forme déviée de la démocratie.
La monarchie est édictée meilleur des régimes lorsque le souverain est un homme vertueux qui s’appuie sur de bonnes lois, le pire en l’absence de lois, la démocratie le pire quand il s’agit de régner par les lois et le meilleur en l’absence de lois.
Le politique est le pouvoir suprême qui commande au pouvoir législatif, au pouvoir militaire et au pouvoir judiciaire.
Mais ce pouvoir suprême ne doit pas être confié à n’importe quel citoyen.
Pour expliquer le choix des hommes politiques, Platon use d’un paradigme et compare l’art de gouverner à l’art de tisser.
Le gouvernement doit être composé d’un entrelacement d’hommes tempérés et d’hommes énergiques pour tel un tissu constitué de fils noués, former une structure solide.
Quand au bon politique il doit posséder à la fois des vertus de tempérance mais aussi des vertus de courage et d’énergie, vertus qui seront employées suivant les circonstances pour assurer la cohésion de son gouvernement.
Deuxième livre « Philèbe » est un dialogue entre Socrate et ses disciples Protarque et Philèbe pour déterminer si la vie doit être menée suivant la recherche du plaisir ou celle de la sagesse.
Protarque défend l’idée du plaisir comme bien souverain, Socrate celle de la sagesse.
Ce dialogue très vivant aboutit à une puissante réflexion sur les différentes natures des plaisirs, classés en plaisirs vrais dont le manque n’est pas pénible comme ceux des belles formes, des parfums, des sons, ceux mélangés avec la douleur du corps ou de l’âme et ceux dit faux natifs de vices ou de démence.
Même si les deux hommes conviennent que la vie idéale est un mélange de vie sage et de plaisirs modérés, Socrate parvient à imposer son point de vue en montrant que si le bien est composé de proportion, beauté et vérité, alors la vie uniquement sage prédomine par sa connexion avec l’intellect et la vérité sur la vie uniquement tournée vers les plaisirs.
Troisième livre du recueil, le « Timée » est un dialogue entre Socrate et ses disciples (Timée, Critias, Hermocrate) dans le but de poursuivre le travail de réflexion entrepris dans la « République ».
En réalité, le « Timée » n’est pas réellement un dialogue à proprement parler mais plutôt un monologue à sens unique de Socrate.
La partie la plus fascinante du « Timée » est à mon sens son début puisque Critias y décrit l’origine du mythe de la guerre qui opposa l’île imaginaire de l’Atlantide aux Grecs.
Critias déclare cette légende rapportée de Solon qui l’avait connue de prêtres Egyptiens connaissant les histoires d’anciennes civilisations oubliées des Grecs de l’époque.
Cette légende fascinante se situe en –9000 avant Jésus Christ et fait allusions aux déluges.
Une fois ce mythe conté, Socrate se propose de transposer l’étude des citoyens grecs de la légende à celle du monde actuel.
Le champs d’étude du « Timée » est d’une étendue immense puisque Platon décrit l’âme du Monde, son principe ordonnateur d’ordre divin, sa forme sphérique avant de poursuivre sur l’étude des astres.
Logiquement Platon passe rapidement sur la naissance des dieux avant de produire une longue d’étude mélangeant psychologie, physique et anatomie du corps humain.
La tête est ainsi classée comme la partie la plus divine car elle contient la partie intellectuelle et immortelle de l’homme, le diaphragme contenant la partie mortelle de l’âme soumise aux passions et le cœur faisant office de sentinelle.
Puis Platon fait une étude de la physique et de la géométrie majoritairement triangulaire des quatre éléments sensés constitués le corps humain pour ensuite se livrer à une ébauche de médecine en décrivant la physiologie humaine ainsi que l’origine des maladies.
L’origine du sexe féminin est vue comme une punition des âmes d’hommes médiocres, elles mêmes pouvant ensuite être réincarnées dans des corps d’animaux de plus en plus stupides, les plus bas dans l’échelle étant les poissons et les mollusques puis les vers, les serpents et enfin les quadrupèdes et les oiseaux.
Dernier livre présenté, le « Critias » est en réalité la description de la vie sur l’île mythique de l’Atlantide.
Difficile donc en conclusion de résumer toute la richesse de ces ouvrages.
Le plus subtil d’entre eux est sans doute le « Philèbe » car il traite d’un aspect pratique et universel de la vie humaine tout contenant une part importante de psychologie.
Pour le reste j’ai été comme d’habitude je le crois le plus charmé par les descriptions des mythes utilisés dans « Le Politique » ou dans le « Timée » trouvant globalement « Le Politique » de Platon moins abouti que celui d’Aristote qui traite plus en profondeur les différentes constitutions et la seconde partie du « Timée » assez austère et professorale.
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