Dans les rapides (Maylis de Kerangal)

 



« Dans les rapides » de Maylis de Kerangal est un court roman vraisemblablement autobiographique sur ce qu’on pourrait appeler la culture « rock » .

Le livre raconte l’histoire de trois adolescentes du Havre, Lise, Nina et Marie qui vont découvrir par un dimanche pluvieux de 1978, la musique rock par l’intermédiaire d’une cassette de Blondie entendue dans une 4L qui les avait prises en stop.

La chanteuse de Blondie, Debby Harry devient pour ces jeunes filles l’incarnation de la femme belle, moderne, conquérante, libre, qui prend sa vie en main et s’impose dans un milieu masculin.

Comme souvent donc dans le domaine musical le processus d’identification avec un artiste joue à plein.

Par Blondie, les petites provinciales du Havre accèdent à toute une culture, celle des groupes de rock  anglo saxons de la fin des années 70 comme les Ramones, les Clash, Iggy Pop, Lou Reed, David Bowie,  mais aussi les Sex Pistols, Kiss ou AC/DC bien que cette dernière famille soit plus affiliée aux goûts masculins.

Les adolescentes se prêtent alors à fantasmer sur Londres mais surtout New York et son légendaire club le CBGB’s temple de l’underground punk-disco-new wave mais c’est surtout le personnage de Debbi Harry qui cristallise toutes leurs passions.

Les quelques pages sur la vie supposée des groupes de rock et de tout leur entourage composés de groupies, managers mais aussi dealers sont pareilles à une sorte délire frénétique asséné dans un style aussi vivant qu’irritant.

Mais les filles se contenteront de rester au Havre avec leurs rêves, arpentant les magasins de disques spécialisés et les concerts des groupes locaux ou elles vivront leurs premiers émois amoureux.

La découverte de Kate Bush sera aussi une révélation bien que sa voix de soprano et son style démonstratif soit aux antipodes de celui de Debbi Harry ce qui provoquera de grands débats au sein du petit groupe au bord de l’éclatement.

« Dans les rapides » est un livre de filles vivant, frais et naïf surfant sur un vague sentiment de nostalgie, celui de l’époque adolescente à qui la musique rock, par essence éternellement naïve et rebelle colle si bien.

Pour ma part le respect que j’ai pour les groupes de cette période n’aura pas suffit pour me faire succomber à ce livre décrivant un phénomène finalement bien commun, celui de l’affirmation de sa personnalité de jeune adulte en devenir par l’adhésion à une contre culture allant à l’encontre des goûts de ses parents.

A mon époque, dans les années 90 c’était l’époque du mouvement Grunge, aujourd’hui les teen agers se sont trouvés de nouvelles idoles.

Aussi me dis je que peut être un jour des gens écriront ils des livres pour raconter leurs premiers émois sur les Tokyo Hôtel ou les BB Brunes en pensant que leur expérience a été forcément unique et passionnante.
« Dans les rapides » n'est pas pour moi un livre mauvais mais un livre simplement inutile.

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