Cross purposes (Black Sabbath)

 



La carrière de Black Sabbath aura connu bien des péripéties.

Après des albums fantastiques sortis dans les années 70 avec Ozzy Osbourne au chant et Bill Ward à la batterie, puis quelques très bons disques avec Ronnie James Dio dans les années 80, le groupe a vécu d’innombrables changements de personnel ayant aboutis à de multiples zones de turbulences et à des hauts et bas artistiques.

Le chanteur Tony Martin (non pas le frère de Ricky !) , embauché à la fin des années 80, apportera un semblant de stabilité au groupe et réalisera six albums avec Black Sabbath, performance en elle même tout à fait respectable même si l’ère Martin sera sans doute l’une des moins inspirées de la carrière du Sab’’.

« Cross Purposes » sorti en 1994 est le cinquième album de cette période  et le premier que j’ai écouté avec Martin au chant et un certain Bobby Rondinelli à la batterie.

« I witness » qui le débute est rapide, assez nerveux et pourvu d’un refrain appuyé plutôt efficace.

La voix de Martin est agréable dans un registre mélodique, puissant, assez haut perché.

« Cross of thorns » fonctionne aussi bien dans un style pus lent et mélancolique.

« Psychophobia » est un mid tempo moins fluide qui peine à convaincre.

« Virtual death » est le premier morceau dans la veine la plus pure et sombre du style originel de Black Sabbath, ambiance sombre, sinistre, oppressante d’un cauchemar qui n’en finit pas.

Le groupe invite la Mort à manger à sa table, mais une mort lente, point d’orgue à une longue déchéance ou la victime à le temps de souffrir et de se voir dépérir.

Magnifique.

Afin de s’extraire de ce dangereux marécage, « Immaculate deception » alternant superbes couplets aériens et refrains plus rapides constitue un sursaut salutaire.

Le solo de Iommi est comme souvent d’une beauté limpide et Martin chante il faut en convenir formidablement bien.

La bonne série continue avec « Dying for love »,  superbe ballade ou Iommi sort de ses doigts magique une introduction tout en finesse à en pleurer toutes les larmes de son corps.

Ce morceau quasi parfait contient un souffle épique puissant et une mélodie lumineuse irrésistible.

Comme souvent Black Sabbath déroule un rock de grande classe et de haute volée.

On redescend ensuite sur terre avec deux titres plutôt quelconques sans être mauvais « Back to eden » et « The hand that rocks the cradle » plus mélodique qui bien que correctement exécutés demeurent trop prévisibles à mon goût.

« Cardinal sin » est de nouveau un titre fort, puissant, épique et sombre avec une rythmique lourde à la « Kashmir » de Led Zeppelin et un refrain assez emblématique.

Je trouve que le thème du péché va comme un gant (de cuir)  à Black Sabbath…

« Evil eye » plutôt faiblard, qui conclut le disque est le titre le plus moyen de l’ensemble des compositions.

En conclusion « Cross purposes », est à mes yeux un bon album de heavy-rock mélodique.

On pourra reprocher un certain manque de punch aux compositions, un coté mélodique trop prononcé, auquel colle bien il faut le dire la voix plutôt rock de Martin.

Ce disque n’a il est vrai plus grand chose à voir avec la magie noire des débuts et les prodiges d’inventivité qui ponctuaient chacun des albums sortis dans les années 70.

Néanmoins, Black Sabbath dans un registre plus formaté, sage et tranquille reste tout de même capable de produire de la musique d’un haut niveau de qualité ce qui est tout à fait respectable.

Ce disque est donc tout à fait à l’image de la performance de Tony Martin, honnête et respectable, alors qu’au regard du passé du groupe on le souhaiterait bouleversant et génial.

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