Michael Jackson (Lee Mc Laren)

 



Envie de lire la biographie « Michael Jackson » par Lee Mc Laren.

Précision importante ce livre est sorti en 1992, à l’époque ou la star en plein « Dangerous Tour » était à l’apogée de sa gloire internationale.

L’auteur aborde sous diverses facettes des éléments de la vie du chanteur pour essayer de mieux cerner sa personnalité complexe.

Les éléments dominants dans cette analyse semblent être la religion et la question de la couleur.

Le livre révèle en effet que la nombreuse famille Jackson était membre des témoins de Jéhovah, secte aux principes religieux radicaux et apocalyptiques ce qui a eu un effet considérable sur la vie du petit Michael.

Celui ci a donc du très souvent slalomer entre les principes strictes d’une secte radicale et les gigantesques impératifs commerciaux découlant de son succès mondial avec l’album « Thriller ».

Ainsi j’ai été surpris d’apprendre que Jackson avait été obligé de s’excuser pour le clip génialement horrifique de « Thriller » pour son aspect satanique lors de scènes de morts vivants.

Jackson a aussi du composer avec les témoins pour la participations à des spots publicitaires lucratifs ou pour demander aux gens de voter.

La question raciale est également centrale dans l’histoire de la Jackson family tant il était difficile pour un groupe de jeune noirs de se produire sur scène dans certains états dans les années 60.

Le livre nous apprend également que le premier succès solo de Jackson « Off the Wall » a été volontairement ignoré lors des cérémonies de remise de prix des albums de l’année et que la bataille a été féroce pour que MTV accepte de diffuser le clip de « Billy Jean » , tout cela en raison du fait que Michael Jackson était noir.

On peut donc penser que la question de la race était un combat qui tenait à cœur à Jackson et que son message de tolérance symbolisé par le clip visuellement révolutionnaire à l’époque « Black or White » était sincère.

On ajoutera donc dans ce registre le soutien des Jackson’s five à la candidature du révérend Jesse Jackson aux élections présidentielles dans les années 80 ce qui montre que Michael Jackson a été un militant actif de la défense des Noirs à ses débuts.

Mc Laren s’étend aussi largement sur la « philosophie » de Michael Jackson, son humanisme, sa générosité sans limite, qui le conduira à verser l’intégralité des gains de la tournée « Dangerous » à des associations caritatives.

J’ai moins aimé ces passages emplis de religion et de bienpenseance un peu naïve, et même si je ne doute pas en réalité du coté sincère du chanteur, les effets de ce type d’actions me semblent beaucoup plus restreints.

Bel exemple néanmoins de cet altruisme, le projet « USA for Africa » et la sortie d’un single « We are the world » en 1985 qui rapporta 200 millons de dollars pour soutenir le développement de l’Afrique.

Qui en effet n’a jamais fredonné cet air magique ou ce mêlent les plus grandes voix de la musique pop des années 80 ?

Seul un artiste aussi talentueux et fédérateur que Jackson pouvait à mon sens réaliser pareil exploit rester unique dans l’histoire de la musique.

Bien entendu les effets à long terme sembleront bien dérisoires et il ne viendrait aujourd’hui plus à grand à monde de renouveler l’expérience plus de vingt après.

Signe des temps…ou l’individualisme a pris le pas sur l’altruisme.

« Michael Jackson » s’intéresse en réalité assez peu au coté « sombre » du chanteur.

Les liens familiaux sont à peine esquissés pourtant il aurait été intéressant de développer la relation avec son père brutal, tyrannique qui a été écarté en 2009 du testament de Jackson ou avec ses frères dont Michael de par son écrasant talent solaire réduisit à néant toute velléité de carrière artistique.

Quel a donc du être sa relation avec ses frères dans pareille conditions ?

Les sœurs de Michael, la Toya et Janet sont également absentes du livre ce qui est bien dommage.

Les délires de chirurgie esthétique, de blanchiment de peau et d’attirance pédophile sont soigneusement éludés.

La vie privée de Michael Jackson est aussi peu abordée, tout juste parle t on de sa passion non partagée pour Diana Ross qui l’aurait fait beaucoup souffrir.

Sa liaison avec Tatum O'Neal n’est pas non plus très crédible.

Il m’a toujours semblé que la vie intime de Jackson était trouble, complexe et qu’il était très peu porté sur les femmes.

La question de l'étude du développement de ses dons phénoménaux pour la danse et le chant aurait été intéressante plutot que de l'attribuer à une cause divine bien commode pour l'occasion.
 

En conclusion « Michael Jackson » est un livre qui renseignera le profane mais qui s’avérera bien trop ronronnant et superficiel, bien trop complaisant à l’égard d’une star unique, dont le talent flamboyant et la destiné météorique auraient mérité mieux que cela.

Mais peut-être les meilleurs livres sur Michael Jackson seront ils écrits après sa mort par des auteurs de calibre supérieur capables de saisir toute la dimension tragique du personnage, toute sa complexité, toute sa souffrance, sa fragilité et sa sensibilité d’artiste exceptionnel, sa solitude de génie perdu au milieu de gens « normaux » …

Si un jour un homme pouvait écrire sur lui aussi bien que lui dansait nous aurions alors un authentique chef d’œuvre instinctif, élégant et vif ce dont reste très éloigné le livre de Lee Mc Laren.

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