Resurrection (Halford)

 




Après l’échec commercial de son projet de metal industriel Two, Rob Halford change assez brusquement son fusil d’épaule et crée le groupe Halford centré autour sa noble personne.

Le groupe Halford se compose de deux guitaristes (Patrick Lachman, Mike Chlasciak) d’un bassiste (Ray Riendeau) et d’un batteur (Bobby Jarzombek).

La musique d’Halford marque un très net retour aux racines d’un heavy metal dit « de tradition » tel que le pratiquait Rob avec Judas Priest dans les années 80.

En 2000 sort donc « Resurrection ».

Tout est dit ou presque dans le titre et sur la pochette, Rob désire renaître des ses cendres, remonter sur sa harley davidson pour reprendre le sceptre du Metal God qu’il a délaissé quelques années pour défricher d’autres territoires musicaux plus expérimentaux.

D’entrée, l’album frappe très fort, « Resurrection » est un titre rapide et très percutant que Rob chante continuellement dans un registre vocal aussi aigu qu’agressif.

On pense à un « Painkiller » la complexité et l’hystérie en moins.

Néanmoins, la puissance des paroles et l’énergie dégagée par ce titre en font un hymne incontournable.

Paroles un peu téléphonées et refrain en force parsèment « Made in hell » morceau frontal un peu pataud doté néanmoins d’un agréable solo.

« Locked and loaded » est efficace mais bien linéaire et manquant tout de même quelque peu d’originalité.

« Nightfall » plutôt simple lui aussi dans sa structure s’avère cependant beaucoup plus fluide et agréable avec son refrain très mélodique.

Halford renoue ici avec un de ses thèmes favori : la tentation du péché.

Arrive ensuite sans doute le meilleur morceau de l’album, le plus complexe et le plus ambitieux aussi.

« Silent screams » commence par une ballade, le ton est calme, la voix d’Halford, superbe, véhicule un immense flot d’émotions.

Puis progressivement l’intensité croit et le ton se durcit jusqu’à aboutir à un passage très rapide, limite trash ou Halford se fait « Metal God » , impérieux, implacable et menaçant.

Le morceau se termine sur un retour au calme avec une mélodie aérienne presque surhumaine à couper le souffle.

Pour toutes ses raisons, « Silent screams » et ses 7 minutes peuvent être considérés comme les pièces constitutives d'un authentique chef d’œuvre.

« The one you love to hate » offre un duo avec Bruce Dickinson.

Bien que l’idée d’associer les deux plus belles voix de l’histoire du heavy metal sur un même titre fut sans doute la réalisation d’un des plus vieux fantasmes de fan, il faut bien reconnaître que le morceau sans être intrinsèquement mauvais n’est pas inoubliable et que l’on peine à distinguer les voix des deux idoles.

« Cyberworld » court, simple, percutant et doté d’un refrain fantastique est en revanche une réussite absolue.

La fin de l’album est de qualité inégale.

« Slow down »  lent et poussif et « Twist » trop répétitif sont juste sauvés de la médiocrité par la seule voix d’Halford.

« Tentation » qui leur succède brille par un refrain magique et lumineux qui vous touche en plein cœur tel un dard enflammé.

Plus viril et velu, « Drive » contient un plaisant mélange de lourdes rythmiques heavy metal couplées avec un excellent feeling rock n roll.

« Saviour » rapide, dur et incisif, parachève brillamment le processus de résurrection.

En conclusion, « Resurrection » est globalement un bon album de heavy metal classique mais qui n’arrive pas selon moi à la cheville des albums qu’a réalisés Halford avec Judas Priest.

Les morceaux sont plus simples, plus linéaires, moins aboutis et inspirés car bien que sans démériter, la petite équipe de musiciens recrutés par Halford n’a pas les mêmes capacités que les Downing, Tipton, Hill ou autre Travis.

Dans l’absolu, « Resurrection »  a comme principal intérêt de permettre de réentendre la voix magique de Rob Halford dans un registre heavy metal mais cet album  demeure pour moi un disque de transition quand on connaît le potentiel créatif du Metal God.

Pour autant après que le Monde ait échappé au bug de l’an 2000 et que Rob Halford fasse son retour au heavy metal, on pouvait raisonnablement à l’époque entrevoir le nouveau millénaire le cœur gonflé d’un espoir nouveau …

Mais bien entendu tout ceci était avant le 11 Septembre, loft story et la crise financière.

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