Crucible (Halford)
Sorti en 2002, « Crucible » est le deuxième album d’Halford, le groupe formé autour du légendaire ex chanteur de Judas Priest.
Si « Resurrection » son prédécesseur présentait un heavy metal direct et efficace, « Crucible » s’avère plus complexe et difficile d’accès.
L’album commence par « Park manor » un court instrumental, mystérieux et inquiétant qui vient superbement lancer « Crucible » le premier vrai morceau du disque.
Le ton est donné avec ce mid tempo, lourd et sombre : Rob et sa troupe n’ont pas choisi cette fois le chemin de la facilité.
Complexe et de grande classe , « Crucible » présente une terrible accélération en son milieu avant de revenir sur un refrain dont il est impossible de se défaire.
Enivré, hypnotisé, l’auditeur a peine à sortir indemne de l’atmosphère enivrante de ce titre.
Après cette magnifique entrée en matière, le groupe enchaîne par trois titres plus rapides et incisifs, insufflant une subite dynamique.
« One will » énergique, est porté par un refrain un peu trop répétitif, « Betrayal » a des faux airs de « Painkiller » en nettement moins bon mais « Handing out bullets » est une franche réussite avec son tempo frénétique et son style « Priestien ».
Après ce coup de forte chaleur, l’album ralentit la cadence et explore des chemins plus sinueux.
« Hearts of darkness » (un hommage à Joseph Conrad ?) emmène l’auditeur dans une atmosphère languissante et orientalisante ou la voix d’Halford règne en maître.
Bien que moins réussi, « Crystal » prolonge néanmoins ce voyage calme et envoûtant.
Plus basique et plat, « Heretic » est pour moi le maillon faible de l’album, Rob y semblant enroué et peu inspiré.
Lui succède sans doute le meilleur morceau de l’album, « Golgotha ».
« Golgotha » a une structure comparable à « Crucible » mais lui est supérieur.
Couplets magiques, atmosphère lourde et enveloppante, presque religieuse, refrains superbes, avant qu’une accélération terrifiante ne vienne réveiller la colère du Metal God annonçant l’Apocalypse aux hommes pêcheurs.
La fin est un superbe retour au calme du début.
« Wrath of god » avec sa rythmique rapide et dure, limite trash metal est formidable, très fort au niveau du thème abordé puisque dédié aux victimes du 11 Septembre.
Plus calme, « Weaving sorrow » est un peu étrange avec son refrain très haut perché arrivant comme un cheveu sur la soupe.
La fin de l’album redonnera la part belle aux mélodies, à la sensibilité, à l’émotion.
Sans doute un des meilleurs morceaux que j’ai jamais entendu de ma vie, « Sun » possède une mélodie magique, divine, chantée à la perfection par Rob Halford.
« Trail of tears » mélancolique et terriblement émouvant est également superbe.
Deux bonus viennent parachever ce travail d’orfèvre, « She » seule authentique ballade de ce disque unique, dédié à la mère du chanteur.
Difficile de ne pas avoir le cœur fendu par ce titre certes très doux mais tellement bien chanté.
Dernier morceau de l’album, « Fugitive » brille par ses couplets subtils contre balancés par des refrains irrésistibles entraînant tout sur leur passage.
En conclusion, « Crucible » est le produit d’un travail très abouti artistiquement parlant.
Le coté pur et dur du heavy metal est ici mis de coté pour présenter une musique plus profonde, complexe, contrastée, subtile même si encore foncièrement métallique.
Dans ce monde magique, ténébreux, envoûtant et passionnant, les morceaux les plus rapides sont presque hors de propos.
C’est le seul léger reproche que je pourrais faire à ce disque magistral d’une maturité et d’un niveau que peu de groupes de hard rock ont pu jamais atteindre.
« Crucible » me fait quelques fois penser à l’atmosphère des premiers « Black Sabbath » mais avec le son plus moderne des années 2000.
C’est sans doute le plus beau compliment qu’on puisse lui faire.
Un album à écouter chez soi le soir tard toutes lumières éteintes en ouvrant son âme au Monde...
Commentaires
Enregistrer un commentaire