The essential (Judas Priest)

 



 Comme vous le savez je ne suis guère un grand amateur de compilations et autres best of, je ferais pourtant une exception avec mon groupe fétiche Judas priest en chroniquant ici « The essential ».

Paru en 2006 sous la forme de deux disques équilibrés représentant chacun dix sept titres couvrant la totalité de la plage 1973-2005 du groupe soit plus de trente longues années, « The essential » fait néanmoins délibérément l’impasse sur les deux albums pourtant dignes d’intérêt concocté avec Tim Owens, la doublure de luxe américaine de Rob durant la période 1997-2005.

Après avoir constaté les ravages du temps en regardant la pochette des années 90 représentant un Rob, affuté, clouté et encore un minimum chevelu de la période « Painkiller », attelons nous à présent à l’œuvre discographique proposée.

Assez étrangement on ouvre avec le plus neuf, « Judas rising » représentant tout compte fin une entrée en matière assez triomphale pour avoir l’honneur de figurer en pole position.

Après ce bombardement lourd et intense des années 2000, viennent les classiques tant attendu avec « Breaking the law » incarnant sans doute la représentation du morceau parfait version format court enchainé du vrombissant, vicieux et viril « Hellbent for leather ».

Place ensuite à un peu de douceur avec la légendaire reprise de Joan Baez « Diamonds and rust »  avant d’encaisser le monumental chef d‘œuvre « Victim of changes » son intensité mais également sa douceur surnaturelles.

Plus de modernité avec l’arrivée du milieu des années 80, « Love bites » puissant et torturé sans être si impérissable que cela, « Heading out the highway » sauvé de la médiocrité par la voix de Magic Rob et enfin l’énergie thermonucléaire de « Ram it down ».

Nouveau bijou scintillant d’une pureté absolue, « Beyond the realm of death » power ballade sans égal transporte l’auditeur à un voyage sensoriel de près de sept minutes avant que le classique efficace mais sans génie « You’ve got another thing comin’ » ne le ramène sur Terre.

Le Priest gonfle ses biceps tatoués pour asséner ensuite un « Jawbreaker » fatal, invoque ensuite les tréfonds de la sorcellerie et de l’amour tabou de « A touch of evil » délicieusement reptilien.

Moins profonds mais bigrement entrainants surgissent le hard n’ roll « Delivering the goods » et l’hymne un brin consensuel « United ».

Le premier disque s’achève sur une triplette de tubes radicalement différents, « Turbo lover » puissant hymne amoureux techno-synthétique, « Painkiller » et sa folie paroxysmique et enfin le pépère mais solide « Metal gods » remarquable par ses refrains et riffs aériens.

Second cd nous voila et quoi de mieux comme entrée en matière que la célébrissime doublette électrisante « The hellion/Electric eye » ?

On passera rapidement sur le pop/rock « Living after midnight » populaire mais un peu trop facile à mon gout pour jouir de la déferlante « Freewheel burning » qui emporte tout sur son passage à grand coup de guitares hurlantes.

En comparaison, « Exciter » vénérable ancêtre du précédent et de tous les titres rapides du Priest parait marquer le poids des ans avant que la magie (noire) ne reprenne ses droits sur la reprise superbement sensuelle « The green manalishi ».

Le génie s’exprime à nouveau sur « Blood red skies » inoubliable power ballade épique ou Rob se mue en tragédien puis sur l’imparable heavy thrash « Night crawler » qui invoque pour cela les bêtes terrifiantes de l’audela.

Difficile après cela de supporter un « Sinner » de qualité mais peu répétitif et daté.

Fort heureusement, Judas réappuie sur la pédale d’accélérateur pour délivrer un rock festif et brulant, l’hyper accrocheur « Hot rockin » couplé au solennel « The sentinel » et son break transcendant.

A la douceur exquise de la ballade « Before the dawn », succède la violence assassine de « Hell patrol » puis la menace ténébreuse et inquiétante de « The ripper ».

Le dernier tiercé se présente alors pour rater le coche avec « Screaming for vengeance » rapide, intense mais ennuyeux, « Out in the cold » ballade synthétique agréable mais pas au niveau d’un best of et le dernier né « Revolution » efficace mais sans génie.

En conclusion, vous l‘aurez compris « The essential » ne peut raisonnablement pas compte tenu de son contenu être décrié dans ces colonnes et recèle la part de génie, d’audace, d’émotion et de qualité que j’apprécie tellement chez Judas priest.

On y retrouve bien entendu les classiques étincelants et inoubliables du groupe période Metal Rob et d’autres titres plus dispensables qui passent toujours finalement assez bien avec un peu de bienveillance.

Avouons également que l’agencement des titres peu quelque fois dérouter, tel les passages sans aucune transition des morceaux calmes et éthérés des années 70 aux déchainements fous de ceux des années 90.

Même si cet « Essential » n’en est pas un et contient selon moi un peu trop de remplissage, il serait malavisé de ne pas reconnaitre son remarquable contenu et le plaisir intense qu’il procure à son écoute !

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