Voyeurs (Two)
1998 est vraiment une année unique, et pas seulement à cause des exploits de onze bourrins en short et maillots tricolores courant après un ballon mais également parce cette année a vu la naissance de « Voyeurs » l’unique disque de Two, projet solo de métal industriel de Rob Halford.
On l’avait pressenti, Halford avait envie d’essayer de nouvelles choses, de se frotter à d’autres univers côtoyant ceux d’un Marylin Manson en pleine ascension à l’époque.
Sur ce disque, Rob a fait marcher son carnet d’adresse pour collaborer avec John Lowery ex guitariste de Manson et surtout Trent Raznor, leader du groupe d’indus le plus connu au monde Nine Inch Nails, qui a produit avec Bob Marlette l’album.
Même si je ne suis pas un fan de metal industriel je souhaitais par curiosité suivre Halford dans cette aventure.
D’entrée, l’album surprend.
Le son de guitare est typiquement industriel, très froid, lourd, métallique, accentué par l’usage de machines.
La place accordée à la mélodie est minime.
La voix d’Halford est reconnaissable même si ostensiblement plus froide, mécanique, presque désincarnée.
Il évitera soigneusement pendant tout le disque de monter dans les aigus comme il le faisait chez Judas Priest ou même encore de temps à autre chez Fight.
Il apparaît clairement que Rob Halford veut faire table rase de son passé et gommer toute référence à son ancien style.
Les premiers titres lancinants et puissants s’enchaînent plutôt bien dans un style industriel.
J’apprécie ces atmosphère étranges, sombres, inquiétantes, ou des êtres dévorés par leur obsessions intérieures rodent dans un infernal labyrinthe mental peuplé de spectres.
Les belles lignes vocales des couplets alternées avec des refrains surpuissants s’enchaînent à merveille sur le trio « Water’s leaking », « My ceiling’s low » et surtout « Leave me alone » irrésistiblement lancinant et le meilleur titre pour moi de l’album.
Après cette triplette magistrale, le ton se fait plus doux.
L’atmosphère est toujours à l’étrange mais la puissance se réduit.
J’avoue avoir plus de mal à accrocher à « If » ou les guitares sont quasiment absentes et remplacées par un beat électronique qui porte un chant un peu monocorde.
« Deep in the ground » plus dynamique avec un refrain plus mélodique passe un peu mieux mais ne constitue cependant pas une merveille pour moi.
« Hey, Sha La La » est en revanche très bon, avec le retour des guitares, des couplets superbes et un refrain d’une efficacité imparable.
La fin de l’album est plus difficile, l’électronique prenant de nouveau une part dominante sur les guitares uniquement en soutien sur les refrains (« Wake Up », « Gimp »).
Le dernier morceau « Bed of rust » sorte de demi ballade industrielle est en revanche rendu touchant par le chant émouvant d’Halford.
En conclusion, « Voyeurs » est dans l’absolu un album intéressant pour les fans de metal industriel.
Halford semble être allé au bout de son projet, très cohérent et abouti artistiquement parlant.
Pour ma part, après une première partie en force plutôt convaincante, il me paraît assez difficile d’apprécier ce disque sur sa durée lorsque comme moi on est fan du style originel de Judas Priest avec ses belles mélodies racées et ses flamboyants duels de guitares électriques.
Je dois avouer également être assez frustré du chant froid et mécanique d’Halford par rapport à son potentiel et ses envolées habituelles, même si je comprends sa démarche au vue de la musique proposée et de ses envies de l’époque.
Devant l’échec commercial de ce disque, Halford fera brusquement machine arrière, et reviendra à un style plus proche du pur heavy metal.
« Voyeurs » un peu à la manière du diptyque « Brutal Planet/Dragon Town » d’Alice Cooper demeure donc une parenthèse, une curiosité dans la carrière du Metal God.
Pour les curieux ou les petits coquins je recommande le clip de « I am a pig » , véritable partouze géante ou tous les fantasmes homo, hétéro et bisexuel d’Halford sont présents dans une atmosphère de club sado masochiste aussi déroutante, choquante que puissante.
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