Winter songs (Halford)

 




Alors que la carrière de Judas Priest semblait bien relancée en 2009 avec le nouvel album « Nostradamus », quelle ne fut pas ma surprise de voir que Rob Halford sortait à la fin de l’année écoulée un album sous le nom de son groupe de heavy metal Halford intitulé « Winter songs ».

Si le fait que le chanteur d’un groupe qu’une certaine presse étroite d’esprit taxa de sataniste dans les années 90 puisse sortir un album de chants de Noël puisse choquer certains, je dois avouer ne pas en faire partie.

Bien sur on pourra toujours arguer que l’esprit de Noël ne se combine pas bien avec une musique sensée être agressive et rebelle mais je ne rentrerai pas dans ce type d’approche quitte à paraître pour un fan aveugle.

Sur ce disque, le producteur Roy Z seconde lui même Mike Chlasciak aux guitares tandis que Mike Davis à la basse et Bobby Jarzombeck viennent épauler le Metal God dans ses œuvres hivernales.

Avec sa belle pochette bleutée et glacée, « Winter songs » débute avec le très cinglant et franchement rentre dedans « Get into the spirit » qui n’aurait pas dépareillé sur un des précédents albums du groupe.

Rythme rapide, chant aigu et refrains emballants font de ce titre une fort belle entrée en matière.

Halford poursuit avec « We three kings » reprise du révérend John H Hopkins Jr, dont l’original date de 1863 c’est dire le caractère antédiluvien de l’œuvre.

Bien entendu, le groupe barde de chrome et de muscle le titre original et le résultat final surprend agréablement, notamment grâce à une performance vocale impeccable du Metal God.

Mais que dire alors de « Oh come O come Emmanuel » reprise d’un chant chrétien du XIX ieme siècle par le prêtre anglais John Mason Neal si ce n’est qu’il atteint des sommets de beauté avec un chant cette fois côtoyant le divin ?

La raison encore une fois tenant à la présence d’un chanteur à la voix exceptionnelle et à la musique, un heavy metal mélodique et soigné.

L’auditeur interloqué poursuit malgré lui son ascension spirituelle en écoutant la ballade piano/voix « Winter song » issue elle d’une reprise d’une jeune chanteuse de folk Sarah Barreilles.

La ballade en elle même trop larmoyante à mes yeux n’a rien de fantastique mais prouve simplement l’étendue des goûts musicaux du Seigneur du Metal.

Ballade toujours avec « What child is this ? » reprise d’un hymne religieux, écrit par William Chatterton Dix en 1865.

La chanson très douce et calme, contient une belle dose de majesté

Arrive le point noir du disque, « Christmas for everyone », composition originale du groupe, avec d’atroces tintements de cloches sur un tempo rock’an’roll aussi atone que ringard.

Difficile à supporter avec même toute l’indulgence du monde.

On aligne ensuite « I don’t care » , mid tempo rock correct mais trop quelconque et manquant de punch.

Halford propose une autre ballade « Light of the world », très douce et mélodique qui passe bien en raison de la voix magique de son chanteur puis la reprise de « Oh holy night » du français Adolphe Adam Charles que même un mécréant comme votre serviteur connaissait  sous le nom de Oh douce nuit !

Malgré la qualité du chant du Rob, le résultat est vraiment too much pour moi …

Le disque se termine sur « Come all me faithful » reprise d’un chant du XVIII ieme siècle de l’anglais John Wade.

C’est lourd, pompeux, exalté comme un hymne patriotique.

En conclusion, le début de « Winter songs » pourrait penser que Rob Halford allait réussir son pari de faire aimer aux fans de heavy metal ouverts d’esprits un disque de reprise de chants de Noël, tant la première moitié du disque tient honorablement la barre réussissant même à surprendre agréablement.

Mais le Metal God s’avère incapable de tenir la distance et le disque s’écroule ensuite graduellement, entre mid tempo rock éculés et grandes ballades allégoriques aussi exaltées que ronflantes.

Tout en ayant compris l’esprit « peace and love » de ce disque dédié à une atmosphère particulière propre à l’apaisement, « Winter songs » me paraît manquer de qualité et densité pour prétendre faire le poids dans la richissime discographie du Metal God et constituer sans nul doute, le disque le plus faiblard du grand Rob en solo.

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