...and justice for all (Metallica)
Dans les années 80 Metallica semblait programmé pour atteindre les sommets et ce n’est pas la mort de Cliff Burton le bassiste originel du groupe qui fut capable d’arrêter ou même de ralentir son inexorable ascension.
En 1988, les Californiens recrutent donc le bassiste Jason Newsted et sortent leur quatrième et tant attendu album, « … And justice for all » avec leur producteur fétiche de l'époque le danois Fleming Rasmussen.
Comme l’indique la superbe pochette représentant une justice entravée et vacillante d’un blanc marbré et fissuré, « … And justice for all » recèle un contenu plus politique et social que tous les autres albums du groupe.
Le très véloce et compact
« Blackened » donne tout de suite le ton de ce disque avec une structure longue et complexe, peu de refrains, un son de guitare peu mélodique et des rythmiques sèches et sous mixées.
Malgré cette approche créatrice plutôt en rupture, « Blackened » vif, rythmé et intense fonctionne très efficacement.
On enchaîne ensuite avec les presque dix minutes tout en cassures rythmiques de « … And justice for all ».
Malgré un coté aride et peu accessible, « … And justice for all » tient plutôt bien la route par son intensité et par le chant tout en rage sourde parfaitement maîtrisée de James Hetfield.
La formule est répétée avec « Eye of the beholder » qui peine beaucoup plus en raison d’une plus grande linéarité et d’un manque de fluidité.
Arrive ensuite le chef d’œuvre du disque et l’un des titres les plus fantastiques du répertoire du groupe voir du hard rock, « One » power ballade démarrant de manière douce et subtile pour grimper crescendo dans des vertiges de violence ou la batterie crépite comme une pièce d’artillerie et les guitares tailladent comme d'immenses shrapnels létaux.
Mis à part ses superbes qualités musicales, « One » est devenu historique comme premier vidéo clip tourné par le groupe.
Le clip, inspiré d’un film cauchemardesque de 1971 « Johnny s’en va en guerre » de Dalton Trumbo est la plus parfaite ode anti militariste qui soit.
Après cette séquence si émotionnelle, on retourne au thrash alambiqué mais néanmoins toujours rugueux sur « The shortest straw » .
Metallica brise à nouveau les codes avec « Harvester of sorrow » qui après une introduction guerrière, déroule un mid tempo chaloupé aux refrains fédérateurs.
Une grosse baisse de niveau se produit sur « The frayed end of sanity » long, saccadé et plutôt pénible à supporter sur la durée.
Le très long et triste instrumental « To live is to die » est un hommage sobre et émouvant à Cliff Burton avant que le groupe ne termine son ouvrage par le musclé et revigorant power thrash « Dyers eve ».
En conclusion, « … And justice for all » est de loin l’album le plus difficile d’accès de Metallica et pourra rebuter certains par son coté profondément anti grand public.
Faisant en effet continuellement évoluer leur musique, les Four Horsemen proposent ici un thrash complexe, technique et alambiqué.
Toutes les chansons dépassent les cinq minutes, certaines flirtent avec les dix et le groupe perd en force de concussion.
Pour ma part même si je reproche à ce disque un son trop froid, aseptisé doublé d’un manque de musicalité, je reconnais la remarquable densité et les évidentes qualités de compositions de l’ensemble.
Réalisant sans doute qu’ils étaient allés peut trop loin dans cette approche artistique, les membres de Metallica changèrent ensuite leur guitare d’épaule et prirent par la suite un virage considérablement plus commercial qui les fit devenir les stars du grand public qu’ils aspiraient tant à devenir.
Pour cette raison, « … And justice for all » marque donc pour beaucoup la fin de l’époque purement thrash des débuts de Metallica.
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