BAC Nord (Cédric Jimenez)

 



Film choc et succès majeur du cinéma français de l'année 2021, « BAC Nord » de Cédric Jimenez se construit comme une immersion auprès des flics marseillais des quartiers les plus défavorisés et difficiles de la ville.

En suivant le trio Greg (Gilles Lellouche)/Yazz (Karim Leklou)/Antoine (François Civil) dans leurs missions quotidiennes, on comprend rapidement qu'ils sont écartelés entre une hiérarchie adepte du « pas de vague » obsédée par une politique absurde de qualité/chiffre et une réalité brutale dans laquelle des réseaux de trafiquants de drogue déterminés ont mis sous leur coupe des quartiers entiers devenus des zones de non droit pour l'Etat.

Entre débrouille et combine les trois hommes suivent des trajectoires distinctes, Greg étant le plus remonté contre la situation actuelle, Yazz obnubilé par sa récente paternité avec Nora (Adèle Exarchoupolis) policière également et Antoine, le plus jeune, beau et athlétique, entretenant une relation trouble avec Amel (Kenza Fortas) une indicatrice également revendeuse de drogue.

Lorsque Jérôme (Cyril Lecomte) confie à Greg une mission de démantèlement d'un trafic de cité qui a attiré l'attention de la presse par des vidéos provocatrices, ce dernier jubile en pensant enfin avoir les moyens de combattre une criminalité de grande envergure.

Mais pour qu'Amel prenne le risque de collaborer sur une affaire mettant aux prises avec des trafiquants dangereux, elle réclame 5 kg de cannabis, ce que refuse de fournir directement Jérôme.

Usant de « débrouille », les trois policiers rackettent des clients d'une autre cité afin de se constituer le stock nécessaire. Cette pratique illégale est également dangereuse, car les trafiquants de la cité réagissent avec violence.

Une fois la somme réunie, l'information tombe et un piège est mis en place avec des moyens de police cette fois à la hauteur de l'enjeu.

En uniforme « cité » casquette-baskets, Antoine tente de s'infiltrer dans la cité pour attraper une sacoche compromettante mais est rapidement détecté, ce qui accélère le déroulement de l'opération.

Alors que Greg et Antoine tiennent en respect une cité en pleine ébullition, Yazz grimpe dans les étages d'un bâtiment afin de localiser l'appartement « nourrice » servant à stocker d'importantes quantité de drogue.

Piégé dans les étages, il se réfugie dans un appartement et reçoit un coup de couteau d'un adolescent.

Heureusement, les renforts arrivent et les policiers réalisent une saisie record qui fait la une de la presse et provoque le contentement de la hiérarchie.

Quelques mois après, les « héros » de la BAC déchantent. Sous le feu d'une enquête de l'IGPN pour trafic de drogue, ils sont tous les trois incarcérés.

Greg tourne mal, se shootant aux médicaments et Yazz tient pour sa famille. Après plusieurs mois, Antoine finit par craquer et « donne » Amel à l'IGPN pour être innocenté ainsi que ses amis.

Remis en libertés, les trois hommes bifurquent, l'un devenant syndiqué, l'autre agent de la ville et le dernier infirmier en milieu pénitencier.

En conclusion, ayant bati son succès surprise sur une polémique, certains journalistes jugeant ce film « trop à droite », « BAC Nord » prend en effet des distances avec une histoire réelle de corruption et de racket datant de 2012, pour créer une fiction sans concession de la vie difficile des policiers des BAC si exposées et critiqués par une certaine classe médiatico-politique.

Dans un Marseille sale, pauvre et violents, ces hommes coincés par une hiérarchie cadenassée par les politiques frileuses de la ville, se retrouvent souvent contraints à l'impuissance face à des trafiquants de drogues organisés, déterminés, armés et ultra violents.

La tentation de passer de l'autre coté est ici suggérée, mais Jimenez plus qu'un énième film sur les « ripoux » à la Marchal, préfère délivrer un polar âpre et intense dans lequel les policiers conservent un sang-froid impressionnant pour réaliser leur objectif dans des conditions intenables, quitte à en payer un prix, jugé lourd et injuste.

Quel que soit le fond de véracité ou d'allégation de « BAC Nord » le film prend aux tripes et obtient un impact majeure sur le spectateur. Même Lelouch, acteur que je n'apprécie généralement pas, se montre convaincant en vieux flic plus que remonté, les autres acteurs étant par ailleurs assez irréprochables.

Ce serait donc dommage de passer à coté d'un des rares polars français qui fait mouche !

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