Noble art (Pascal Deux)

 



Sorti en 2004, le film « Noble art » de Sébastien Deux peut être vu comme le complément idéal au livre « Putain de vie » pour comprendre la vie du boxeur Fabrice Benichou.

Le réalisateur suit ici le boxeur pendant durant les années 1996-1998 pour sa tentative de come- back pour le titre de champion d’Europe des poids coqs.

Au cours de ce film réalisé comme un documentaire, on perçoit toute la fragilité d’un homme de trente trois ans contraint par la nécessité à remonter sur les rings pour éponger ses dettes.

Ayant en effet été arnaqué par ses managers du début des années 90, Benichou n’a en effet pas de quoi subvenir à ses besoins malgré ses trois titres de champions du monde et ses six titres de champion d’Europe.

C’est donc un homme usé mentalement et en proie au doute qu’on suit dans l’ambiance si prenante des salles d’entraînements, des rings et des vestiaires.

Une large part est du film est consacré à Jean Molina, le coach de toujours de Benichou, sorte de second père dont l’œil expérimenté met en relief les incroyables qualités physiques d’un boxeur au style certes peu élégant mais doté d’un cœur de lion.

Mais pendant toute la durée du film, Benichou semble vainement chercher à retrouver cet instinct de tueur, cette agressivité qui faisait de lui la terreur de ses adversaires.

Très communicatif, le boxeur se dispute souvent violemment avec son mentor qui lui reproche son manque de motivation.

La fin du film se solde par un échec pour la conquête de la ceinture de champion d’Europe face à l’anglais Spencer Oliver adversaire largement à la portée de Benichou mais contre lequel sa volonté semble s’étioler au fil des rounds.

En conclusion, « Noble art » est un formidable documentaire sur le monde la boxe.

Le boxeur sur le retour est ici vu non pas comme une machine mais comme un être humain friable.

Les scènes d’après matchs avec tout l’abattement du champion déchu et la colère du coach face au mauvais comportement de son poulain sont dignes des meilleurs tragédies grecques.

D’un point de vue stylistique, Deux filme des images fantastiques ou s’exprime la haute technicité des boxeurs à l’entraînement (répétitions au sac, séances de sparring partners) et tout leur engagement au cours des combats.

Benichou est ici pathétique et semble comme beaucoup de boxeurs le pantin de promoteurs sans scrupules prenant et jetant les hommes comme des kleenex.

Sa relation père-fils avec Molina est incroyablement touchante.

« Noble art » est donc un film indispensable à regarder pour tout amateur de ce sport si fascinant.

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