Discours sur les sciences et les arts (Jean Jacques Rousseau)

 



Considéré comme l’un des pères spirituels de la Révolution Française, Jean-Jacques Rousseau est sans doute le philosophe français le plus connu de l'histoire de pays.

Présenté à l’académie de Dijon en 1750 dans le cadre d’un concours, le « Discours sur les sciences et les arts »  eut un tel retentissement qu’il accorda immédiatement la célébrité au jeune philosophe alors âgé de trente huit ans .

Dans ce court ouvrage s’interrogeant sur l’éventuel apport positif du développement des sciences et des arts sur la morale, Rousseau introduit en effet les prémisses de son œuvre philosophique.

Le philosophe adopte en effet une position très tranchée et estime que le développement technique de l’humanité en Europe a amené à une corruption des mœurs.

S’appuyant sur des exemples historiques, Rousseau établit que la chute des grands empires comme ceux des Égyptiens, des Grecs ou des Romains a été provoqué lorsque ceux ci se sont mis à préférer se consacrer aux études et aux arts, ce qui a entraîné un relâchement de leurs vertus pour les plonger dans une vie facile, emplie de luxe, de vices, d'hypocrisie et de mollesse.

A contrario il cite en exemple les rudes régimes de Spartiates ou des Scythes, qui n’ayant pas été atteints par la folie de l’érudition étaient à ses yeux des modèles.

Rousseau idéalise l’époque ou l’homme était à l’état sauvage qu’il jugeait plus proche de la Nature et par conséquent plus simple et plus vertueux.

Les hommes ayant depuis lors consacré leur temps à s’instruire ont pour lui amassé un savoir conséquent qui lui paraît vain car n’ayant jamais réussi à élever moralement les peuples.

Les philosophes sont sévèrement critiqués à l’exception de Socrate le seul pur qui n’a jamais rien écrit et n’aimait pas ni les sciences ni les arts.

Les artistes, écrivains et poètes sont également pris pour cible en raison de leur inutilité et de leur désir de rencontrer du succès auprès du grand public.

Avec un contenu aussi virulent contre les hommes de lettres et de science, Rousseau a ensuite été obligé de défendre son discours  contre les attaques que sa publication provoqua.

Il répondit tout d’abord à Monsieur Gauthier, mathématicien et historien de Nancy qui l’attaquait en contestant ses sources historiques et son idéalisation des peuples sauvages.

Si Rousseau ne nie pas que tous les peuples sauvages ne sont pas vertueux, il estime en revanche que aucun des peuples éduqués ne l'est.

Il précise également que la science est utile à des hommes d’exception comme Socrate ou Caton mais qu’elle est nuisible pour le peuple car elle le détourne de la vertu.

Il se défend ensuite contre le roi de Pologne qui l’attaque personnellement sur le fait que Rousseau, homme lettré et cultivé, fait preuve de contradictions en critiquant ses semblables.

Rousseau répond en répétant que la science en elle même n’est pas condamnable pour un particulier mais pour un peuple entier qui viendrait à en abuser.

Il consolide sa position en citant l’exemple des père de l’Église usant de philosophie pour combattre les philosophes.

La deuxième attaque du Duc de Pologne sur le développement des études religieuses oblige Rousseau a affirmer que si il condamne la scolastique, il ne considère pas moins les textes religieux originels comme source de vertu universelle.

La  dernière réponse majeure est adressée à Bordes, un académicien lyonnais en réaffirmant ses positions sur le fait que la science est utile aux dirigeants, législateurs et à quelques d’hommes d’exceptions puis en prenant comme preuve de la supériorité morale de Sparte sur sa rivale sa victoire finale lors de la guerre du Péloponnèse.

En conclusion, « Discours sur les sciences et les arts »  n’est pas comme le reconnaissait Rousseau (non sans une pincée de fausse modestie) son texte le plus puissant ni le plus connu.

Sur le fond, j’ai tout d’abord été choqué par sa radicalité avant de lire les quelques nuances qu’il apporte ensuite en répondant à ses détracteurs.

Étant moi même plutôt enclin aux lettres et aux sciences avec une grande admiration pour Aristote, je n’ai pas pu adhérer aux idées apportées par Rousseau sur la corruption des âmes par la diffusion du savoir aux peuples.

Les exemples historiques qu’il cite sont à mon sens sans doute des plus discutables car je ne vois pas explicitement de lien entre la puissance militaire d’un pays et sa vertu (exemple au hasard :  la Chine ou la Corée du Nord).

Pour moi vertu et savoir n’ont rien en commun et si un homme savant n’a souvent aucune raison d’être bien vertueux, je ne vois pas comment un sauvage le serait plus.

Mais à l’époque ou la technologie règne en maître dans les pays développés, ou les gadgets électroniques et informatiques polluent nos existent sans même que nous nous en apercevions, j’ai trouvé une résonance particulièrement actuelle au « Discours sur les sciences et les arts »  car l’homme obnubilé par cette accumulation permanente de savoir en oublie souvent de soigner son âme.

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