Ride the lightning (Metallica)

 



Comme c’est souvent le cas pour les jeunes groupes bourrés de talent, dans les années 80 Metallica n’a pas de temps à perdre et s’apprête tel une locomotive lancée à pleine vitesse à tout renverser sur son passage en entraînant derrière lui une nuée de suiveurs profitant de la fantastique aspirant générée.

C’est donc en cette date « Orwellienne » de 1984 soit un an après leur premier album que nos quatre californiens chevelus sortent leur deuxième album « Ride the lightning ».

Fort logiquement après l’engouement généré par « Kill’em all », le groupe obtient plus de moyens et change de producteur, passant de Jon Zazula à Fleming Rasmussen.

Avec sa pochette esthétiquement superbe en forme d’hommage à la foudre qu'il  prétend maîtriser après l’avoir produite, « Ride the lightning »  débute par un… menuet !!!

Mais cette courte introduction pouvant faire figure de blague n’est en réalité qu’un prélude au terrible « Fight fire with fire » qui cogne à tout va en un déchaînement ininterrompu de fer et de feu et manque à mes yeux d’un peu de fluidité pour aérer ce coté incroyablement brutal.

Après pareil coup de bélier dans le buffet, on tente péniblement de se relever avant de se faire cueillir par « Ride the lightning » largement supérieur avec un tempo moins fou, des riffs redoutables et un break suivi d’un solo magistral judicieusement placé.

Le chant d’Hetfield toujours rauque et agressif se montre ici toutefois trop monocorde pour pleinement charmer.

Metallica se montre particulièrement inspiré sur « For whom the bell tolls » , qui après une introduction de tintement glaçant, déploie un morceau  au tempo médian et à l’atmosphère épique particulièrement prenante.

Décidément bien surprenant, « Fade to black » délaisse le thrash coup de poing pour s’orienter vers une magnifique power ballade sombre et triste qui se termine par une grandiose montée en puissance.

Le groupe et surtout Hetfield démontrent ici leur capacité à officier dans un registre plus large que le thrash basique et énergique de leurs débuts.

Après cette incursion dans un domaine plus mélodique, Metallica revient à ses racines sur « Trapped under ice » tout en dureté, violence et rage.

Plus mou et moins inspiré « Escape » est vite éclipsé par l’un des plus fameux titre du répertoire des four horsemen, l’imposant « Creeping death »  efficace surtout en raison de ses gros refrains prompts à enflammer les stades.

L’album se termine sur un gigantesque instrumental de plus de onze minutes, « The call of Ktulu » inspiré des écrits horrifiques de H.P Lovecraft.

En conclusion, « Ride the lightning » révèle la dimension supérieure de Metallica par rapport à un groupe de thrash metal classique et peut être considéré comme le premier étage du décollage de la fusée vers la stratosphère du succès.

Alors qu’il aurait pu continuer dans la droite lignée de son premier album tout en muscles et en nerfs, le groupe montre avec ce deuxième disque un registre musical étonnamment plus varié.

Même si certaines fusées thrash sont toujours belle et bien présentes pour combler les amateurs de défonce musicale bien corsée, la musique proposée ici développe plusieurs facettes et n’hésite pas à s’aventurer dans des registres plus mélodiques ou dans d’ambitieux instrumentaux que seraient incapables de produire la quasi totalité des groupes de thrash traditionnels.

Pour la plupart des spécialistes, cette évolution constante vers le haut fut provoquée par le bassiste Cliff Burton, véritable génie musical qui s’inspirait beaucoup de musique classique et incitait Metallica à repousser ses limites musicales.

Bien que moins instinctif et sauvage que son prédécesseur, « Ride the ligthning » est un excellent album qui comblera les amateurs d’un hard rock plus exigeant et complexe.

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