Competitividade é industria brasileira (Antonio Didier Vianna)
Premier livre de langue portugaise chroniqué ici, « Competitividade é industria brasileira » de Antonio Didier Vianna.
Publié en 2012 à l'époque ou Dilma Roussef tenait encore la barre et certaines illusions de prospérité du Brésil avant le scandale Lava jato, cet ouvrage se veut comme un électrochoc écrit par un homme de plus de 80 ans, dont une cinquantaine passé au service de l'industrie de son pays.
La première partie du livre est majoritairement consacrée au parcours personnel de l'auteur, ayant grandi à Rio de Janeiro ou bénéficiant de bonnes structures scolaires et d'un goût marqué pour le travail, il a pu réussir le concours d'entrée de la Marine.
Mais en pleine Seconde guerre mondiale, la formation suivie est accélérée et Vianna est affecté à la sécurisation des navires marchands du Brésil, principale mission de la Marine durant le conflit.
Il s'attarde assez peu sur son parcours opérationnel puisqu'il est affecté assez tôt à terre à l'AMRJ, le plus grand chantier naval militaire, basé à Rio.
Très tôt, Vianna décèle le manque de motivation des ouvriers protégé par leur statut de fonctionnaires publics et assène les premières critiques cinglantes.
Il tente à son niveau d'améliorer les processus internes en diffusant des ordres de service mais se heurte souvent à une hiérarchie qu'il juge incompétente.
Le grand tournant de sa carrière est la possibilité que lui offre la Marine d'aller étudier aux États-Unis. Après un master en métallurgie, il choisit de présenter un doctorat (PhD) en physique nucléaire.
Doué, travailleur et persévérant, Vianna réussit à surprendre son maitre de thèse en améliorant certaines phases de tests encore méconnues des réacteurs.
C'est donc logiquement qu'il se voit affecté au programme de développement nucléaire brésilien.
Cette activité le passionnera pendant de nombreuses années, mais lorsqu'il comprend que des pressions extérieurs des pays leaders du G7 sont à l’œuvre pour que le Brésil ne développe pas le nucléaire nationale, il quitte la Marine, écœuré et monte sa société.
Si le gouvernement brésilien, aux ordres de Washington se laisse influencer au point de faire table rase de plusieurs années et milliard de reais de travail, la Marine elle, continue en secret ses recherches avec l'appui de l'état de Sao Paulo ou se situe son centre de recherche.
Vianna développe son entreprise, la CBV avec un succès important. Il obtient des succès notables dans le domaine pétrolier en devenant un fournisseur clé de Pétrobras tout en continuant ses activités militaires.
De ce succès, Vianna a voulu en tirer des leçons : il fustige l'inertie et l'incompétence du gouvernement brésilien, le taux d'imposition prohibitif (37%!) qui paralyse l'industrie nationale et entretient un climat de complexe vis-à-vis des industriels étrangers, qui bénéficient eux de conditions d'importations nettement plus favorables financièrement.
Ces politiques désastreuses ont selon lui entravé le développement d'industries nationales a quelques exceptions près : Tramontina, Vale, Embraer et Petrobas, ces deux dernières ayant su tirer profit d'une ouverture à l'étranger pour renforcer les compétences internes.
Autres cibles de Vianna, les stratégies de dévaluation de monnaie de la Chine, à moins 20% et des États-Unis à 10% afin de conquérir des marchés à l'étranger.
Vianna déplore le manque de stratégie industrielle d'ensemble, de systèmes de protection permettant aux industriels brésiliens de devenir compétitif.
Sur l'éducation, Vianna est également critique, fustigeant les ingénieurs et chercheurs « de papier » formés dans les Universités qui se détournent de l'industrie pour rester dans des bureaux climatisés et n'apportent aucune valeur ajoutée au pays.
Ceci lui donne encore plus d'énergie et d'argument pour réclamer des réformes législatives offrant plus de protection, de flexibilité, de liberté et d'accompagnement aux industriels face à leurs concurrents mondiaux.
En conclusion, « Competitividade é industria brasileira » est un livre cash écrit par un homme au seuil de la fin de sa vie qui revendique une certaine indépendance et liberté de parole face à des politiciens qu'il estime néfaste au développement de son pays.
Le constat et les avis sont donc plus que tranchés, sans appel face à un taux d'imposition et de taxation prohibitif paralysant le développement de l'industrie brésilienne.
Comptant sur ses matières premières et ses services, le Brésil qui disposait d'atout de haute valeur nationaux a selon lui préféré brader son industrie face aux super puissances étrangères, Chine et États-Unis en tête.
L'exemple du développement du programme nucléaire brésilien en est un exemple frappant, même si assez miraculeusement, la Marine a réussi a le sauver in extremis de l'abandon total.
Si certains analyses m'ont été utiles
et m'ont permis de comprendre mieux certains fonctionnement,
l'ouvrage de Vianna dont l'expérience est certes riches, souffre
pour moi d'un certain déséquilibre, avec de nombreuses redites
(taux d'imposition, programme nucléaire, critiques virulentes de la
bureaucratie) et d'analyses pour moi un peu trop péremptoires sur la
jeunesse, l'inefficacité de sa formation et de l'apport des chercheurs face à l'innovation.
On ne comprend pas non plus réellement pourquoi vanter l'exemple de la Chine de Mao Tsé-Tung, dont les méthodes totalitaires et violentes ont eu visiblement à ses yeux des effets positifs sur le développement du pays.
Un livre instructif à considérer avec un certain recul donc.
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