The glorious burden (Iced earth)

 



Assez étrangement j’ai découvert Iced earth par la fin.

J’ai en effet commencé à m’intéresser à ce bon (voir très bon) groupe de deuxième division une fois que j’ai appris que Tim « Ripper » Owens l'avait rejoint suite à son éviction de Judas Priest.

Poussé par la curiosité et par l’envie de soutenir un chanteur de qualité dans son entreprise de reconversion j’ai alors acheté « The glorious burden » double album sorti en 2004 dans une période alors particulièrement difficile de ma vie.

Au niveau de la composition du groupe, Owens remplace donc le chanteur historique Matthew Barlow au chant, et le guitariste Larry Tarnowsky est évincé, Jon Schaffer assurant presque seul toutes les parties de guitare du disque.

Comme l’annonce sa superbe pochette, on peut pratiquement considérer « The glorious burden » comme un concept album autour de la guerre de Sécession et plus précisément la bataille de Gettysburg en 1863, véritable tournant de la guerre  avec ses cinquante mille morts et fait majeur dans la courte histoire des Etats-Unis d’Amériques.

Pourtant le premier disque présente un aspect plus en conformité avec la musique du groupe et si il a souvent pour thèmes des évènements historiques ne traite particulièrement de la guerre de Sécession.

On débute une interprétation instrumentale et rock de l’hymne national américain « The star spangled banner » qui accrut à l’époque la réputation de nationaliste de Schaffer.

Personnellement j’ai toujours trouvé cet hymne très beau et il faut reconnaître que sa réinterprétation à la guitare ne manque pas d’allure.

Si on considère que Jimmy Hendrix jouait aussi l’hymne national américain à la guitare, l’accusation de nationalisme perd de fait de sa pertinence.

Le véritable premier morceau est donc « Declaration day » , superbe mid tempo au souffle épique avec un Ripper Owens époustouflant de grandeur et de maîtrise au chant.

On bascule ensuite sur une ballade dédiée aux victimes du 11 Septembre 2001.

Le morceau fonctionne assez bien malgré un texte somme toute assez gnangnan.

Iced earth hausse ensuite le ton sur « The reckoning (don’t tread on me) » et « Green face » heavy metal musclé et rapide ou le chant surpuissant dans les aigus de Ripper apporte un véritable coup de fouet à des compositions déjà fortement charpentées.

Le groupe joue ensuite sur la dimension épique avec « Attila » toutefois moins percutant, puis peine un peu avec  « Red baron » sauvé par une impressionnante démonstration vocale de Ripper.

Alors qu’on pressent un essoufflement, Iced earth surprend encore avec une magnifique power ballade mélancolique « Hollow man » ou le chant de Ripper tout en subtilité et en émotion atteint ici des sommets.

On est également complètement bluffé par « Valley forge » dont les refrains rapides et enlevés contrastent avec des couplets acoustiques plus calmes.

Le disque premier s’achève avec « Waterloo » plus laborieux malgré une louable tentative d’élever encore plus haut les débats.

Le disque second révèle lui la véritable ambition d’Iced earth avec une collaboration avec l’orchestre philharmonique de Prague pour la narration en trois passionnantes parties de la bataille de Gettysburg.

Le premier titre « The devil to pay » long de plus de douze minutes est un véritable chef d’œuvre avec tambours militaires, piano, flûte et chœurs puissants venant soutenir le chant d’un Ripper complètement transcendé par l’événement.

On est complètement happé par la grandeur de l’œuvre, par la dimension historique de l’évènement, par l’intensité dramatique d’un combat ou une immense nation se déchire.

Puis survient « Hold at all costs » belle pièce intermédiaire plus mesurée qui poursuit l’entreprise de narration en démultipliant le caractère émotionnel d’une œuvre culminant en apothéose sur le troisième et dernier titre « High water mark » .

Propulsé plus d’un siècle en arrière, l’auditeur  se retrouve le cœur battant à tout rompre sur un immense champs de bataille ou une lutte fratricide se joue entre soldats nordistes et sudistes.

On devine loin des généraux, les uniformes se mêler dans le sang et la boue, les hommes faire preuve de peur ou de courage et se montrer pathétiques dans une lutte tragique et cruelle.

Après le chaos provoqué par le déluge de déluge de feu et de fer, l’auditeur pleure les morts, rend hommage aux héros, vibre en sentant que le sort de la plus grande nation du monde a basculé sur quelques décisions.

Et même si ce pays n’est pas le sien, on ne peut s’empêcher par la force de la musique produite d’adhérer à ces sentiments  universels.

En conclusion, avec « The glorious burden » , Iced earth réalise sans nul doute son œuvre la plus grandiose, surpassant même le pourtant remarquable « The dark saga ».

Le disque premier développe un heavy metal classique mais de qualité car boosté par les étourdissantes performances vocales d’un Ripper Owens jouant une voir deux divisions au dessus du pourtant remarquable Matthew Barlow.

Le disque second fait lui basculer la musique d’Iced earth dans un autre monde, dépassant allégrement le cadre un peu trop restrictif du heavy metal.

Profitant du recrutement d’un Owens n’ayant sans doute jamais aussi bien chanté de sa vie et de la qualité intrinsèque de sa musique, « The glorious burden » fut le plus grand succès commercial d’Iced earth, succès ici complètement mérité.

Pour ma part, j’ai une faiblesse particulière pour ce disque qui m’aida à passer à travers les moments les plus difficiles de mon existence.

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