Le père noël est une ordure (Jean-Marie Poiré)


 

Par la force des multidiffusions télévisées durant chaque fête de fin d’année, « Le père noël est une ordure » de Jean-Marie Poiré est depuis sa sortie en 1982 devenu l’un des plus grands classiques du cinéma comique français.

Il est vrai qu’après trois ans de rodage sur les planches du théâtre du Splendid, l’adaptation cinématographique se présentait sous les meilleurs auspices.

L’histoire tout le monde la connait ou presque, à l’approche des fêtes de Noël, une petite équipe de bénévoles assurant une permanence téléphonique pour le compte de l’association « SOS détresse amitié » se trouve pris dans un imbroglio d’aventures plus improbables les unes que les autres.

A la permanence, si Madame Musquin (Josiane Balasko) s’apprête à aller réveillonner chez sa famille en banlieue parisienne, Pierre Mortez (Thierry Lhermitte) et Thérèse (Anémone) restent en principe disponibles pour écouter les dépressifs qui comme chacun sait pullulent en période de fêtes.

Mortez apparait comme maniaque, très à cheval sur les principes ce qui rend sa raideur particulièrement ridicule.

Quand à Thérèse, elle est godiche à souhait et complexée par son physique.

Entre ces deux coincés psycho-rigides, une tension sexuelle sous-jacente rend leurs comportements particulièrement décalés.

Les ennuis commencent lorsque Madame Musquin se retrouve coincée dans l’ascenseur, elle y passera la quasi-totalité du film et sa détresse rageuse ne la rendra que plus comique.

Puis c’est l’afflux brutal de cas sociaux à la permanence.

Josette (Marie-Anne Chazel) et Félix (Gérard Jugnot) un couple de sans domicile fixe vient frapper à la porte de la permanence.

Ancien repris de justice, Félix est un individu violent habillé d’un grotesque costume de père noël.

Il poursuit Josette, pauvre fille enceinte jusqu’aux dents et ensemble il font l’effet d’un ouragan dans l’univers petit bourgeois de Pierre et Thérèse.

Autre marginal, le travesti Katia (Christian Clavier) est lui aussi invité en profitant d’un moment de faiblesse de Pierre.

Le passage ou il le drague en dansant un slow est à mourir de rire tant la gêne d’une personne aussi straight que Pierre est visible.

A ces multiples problèmes vient se rajouter Monsieur Presov (Bruno Moynot) voisin des pays de l’Est dont les incursions et la nourriture infecte viennent régulièrement contaminer les permanents de l’association.

Tout ce beau monde se mélange et les situations folles se succèdent à un rythme d’enfer jusqu’à aboutir à un final surréaliste ou toute l’équipe se retrouve à l’aube à distribuer des colis de viande humaine aux animaux du zoo de Vincennes.

En conclusion, « Le père noël est une ordure » est sans nul doute le meilleur de la série des films de la bande du Splendid.

On retrouve la satire sociale déjà présente dans les deux premiers « Bronzés » mais à un niveau plus féroce encore puisque s’attaquant à l’hypocrisie des bénévoles d’associations pétris de bons sentiments mais finalement au fond aussi minables que les autres.

Bien entendu les dialogues sont excellents et bon nombre d’expressions sont devenues cultes telle les « C’est sla oui » ou « Zézette épouse X » ou autre « ça dépend ça dépasse » .

Les situations les plus folles se succèdent les unes aux autres à un train d’enfer et emportent littéralement le spectateur dans un tourbillon de délires.

Les acteurs déchainés livrent leurs plus belles prestations dans leurs numéros de paumés avec une mention spéciale à Christian Clavier, impérial dans son rôle de travesti mal aimé.

Méchant, marginal, drôle, outrancier, « Le père noël est une ordure » est en un sens un pur film punk d’une troupe à l’apogée artistique de son talent d’écriture et d’interprétation.

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