Maximes (François de la Rochefoucauld)

 



Injection d'un pincée de philosophie moraliste avec les « Maximes » de François de la Rochefoucauld.

Publiées sur douze années à partir de 1655, les « Maximes » sont connues pour leur brièveté et leur puissance aphorique.

Prenant le contre-pied des philosophes classiques, De la Rochefoucauld y développe une analyse profonde et sombre de la nature humaine gouvernée par l’amour propre et les passions se jouant d’une raison finalement bien impuissante.

Pour l’écrivain en effet l’homme ballotté par les aléas de la fortune ne fonctionne que par dissimulation et hypocrisie pour servir les intérêts que lui commande son orgueil et ses passions.

Les vertus ne sont que des leurres et les vices s’équilibrant souvent entre eux provoquant parfois un semblant d’équilibre.

Le vice suprême est la paresse, à l’influence bien sous estimé sur la vie humaine.

Les notions de bien et de mal, d’amour et de haine s’avèrent beaucoup plus proches qu’on ne le pense et se confondent souvent.

Enfermé dans sa propre vanité qu’il cultive à loisir, l’homme se trompe lui même complaisamment.

Le gente féminine n’est pas épargnée par l’impitoyable scalpel du duc qui leur reproche leur coquetterie, leur galanterie et leur folie.

Bien que l’amitié et l’amour existent sous des formes pures, celles ci sont souvent corrompues par l’intérêt, l’inconstance, la jalousie et l’orgueil.

Le passage le plus profond de l’œuvre a trait à la mort, dont personne n’échappe à l’angoisse qu’elle suscite, y compris les philosophes ou les grands hommes, aspirant à une gloire éternelle par leurs écrits ou leurs actes pour essayer d’en diminuer le terrible pouvoir par ces bien faibles défenses.

En conclusion, les « Maximes » se lisent vite et leur sens de la formule, vif et percutant fait souvent mouche.

On est saisi par la vision si pessimiste de l’âme humaine que révèle le duc, mais également gêné par l’acuité de sa vue qui perce à jour tous les voiles dont nous entourons notre conduite afin d’en travestir les sombres moteurs.

Bien que noble, La Rochefoucauld n’eut pas une vie simple, il fut emprisonné par Richelieu, exilé et finit sa vie presque aveugle suite à une blessure de guerre.

Ruiné et disgracié, ayant connu les horreurs des champs de batailles et les bassesses des intrigues de la cour, l’homme en conçut probablement un profond dégoût pour la nature humaine.

Dépeignant des hommes faibles peu capables d’adopter les principes de vertus tant prônés par les philosophes, les « Maximes » nous enjoignent à plus d’humilité et nous renvoient comme un miroir la face la plus sombre de notre humanité.

Salvateur !

Commentaires