Entretien entre D'Alembert et Diderot (Denis Diderot)

 



On le sait, Diderot a été très proche du mathématicien D’Alembert puisque les deux hommes s’attachèrent ensemble à rédiger pendant presque vingt ans une volumineuse Encyclopédie destinée à diffuser le savoir auprès du grand public.

Mais dans ses œuvres personnelles, Diderot a également mis en scène son collègue dans « Entretien entre d’Alembert et Diderot » , court dialogue philosophique ou les deux savants discourent principalement sur la nature de la matière.

En réalité c’est surtout Diderot qui mène le dialogue et essaie de rallier D’Alembert à ses idées audacieuses.

L’idée la plus novatrice exprimée est en effet l’existence d’une sensibilité dans la matière, sensibilité pouvant se trouver à l’état passif puis s’activer sous certaines conditions pour donner naissance à la vie.

Diderot s’intéresse en effet aux cycles de transformation de la matière lors par exemple de phases de digestion, allant jusqu’à affirmer que le marbre peut après un long traitement s’avérer comestible.

S’opposant à l’idée de germes préexistant suffisants à produire un individu, Diderot met en avant l’importance des conditions naturelles extérieures comme la lumière du soleil pour justifier l’existence de l’homme tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Puis Diderot expose la deuxième idée forte de l’entretien en niant l’existence d’une âme substance immatérielle source de vie et en ramène tout à la matière portant en elle la sensibilité.

Il égratigne également au passage Descartes en affirmant que les animaux sont des êtres pensants au même titre que les hommes mais mus par différentes sensations qu’il compare à différentes cordes produisant la musique d’un instrument.

Le dialogue s’achève par la démonstration faite à D’Alembert qu’il n’est pas le sceptique qu’il croit être.

En conclusion, «  Entretien entre d’Alembert et Diderot » n’est sans doute pas un monstrueux pavé de la philosophie mais recèle par son contenu une des idées les plus importante pour comprendre la philosophie matérialiste de Diderot.

En dotant la matière d’un principe latent de sensibilité (et donc de vie) s’activant suivant les conditions naturelles, le philosophe consolide ses positions naturalistes tout en rejetant toute métaphysique destinée à expliquer le monde.

Par cette approche remettant en centra la matière et la sensation, Diderot s’affirme donc comme un ennemi de la pensée pure, et des idées transcendantes d’origine supérieure.

Commentaires