Souvenir (Philipp K Dick)

Sorti en 2003, « Souvenir » regroupe des nouvelles de Science-fiction des années 50 écrites par Philip K Dick.
C’est pourtant par une analyse rétrospective de l’accueil du « Maitre du Haut Château » que commence Dick avec le développement d’un raisonnement empli d’intelligence et de perspicacité sur la notion de communautarisme sur fond de nazisme et d’anti sémitisme.
Plus mystique suit alors « La Schizophrénie et le Livre des changements » dans lequel l’auteur clame son amour pour le livre chinois Yi-King qui renforce sa croyance dans l’existence de mondes parallèles accessibles dans certains états sous drogue ou sous schizophrénie.
On en vient ensuite à la matière principale du roman avec « Rajustement » qui montre un accident survenant à un employé de bureau lambda Ed Fletcher, arrivé en retard au travail pour constater que des agents gouvernementaux sont en train de réajuster la zone en vidant de leur énergie ses habitants.
Choqué, Ed parvient à échapper aux hommes vêtus de combinaisons et se confie en panique à sa femme Ruth qui a toutes les peines du monde à le croire.
Lorsqu’il trouve assez de courage pour revenir sur les lieux du drame, les dirigeants de l’opération l’interceptent et lui font promettre de garder le silence sur ce qu’il a vu s’il veut rester lui-même en vie.
Terrorisé, Ed accepte au motif que ce réarrangement va profiter à des dessins plus grands encore, son patron se lançant dans la prospection immobilière qui donnera lieu à la découverte plus grand centre de recherche de l’Histoire de l’Humanité.
Convaincre Ruth est plus pénible et le récit s’interrompt lorsqu’un faux représentant en aspirateur s’invite dans leur maison pour régler la question on le devine de manière définitive.
Dans « Interférence », un explorateur nommé Hasten est envoyé dans le futur proche pour découvrir la raison de la disparition de l’Humanité.
Il découvre un monde en apparence paisible ou les animaux ont survécu mais pas l’Homme.
Hasten est alors agressé par ce qui ressemble à d’inoffensifs papillons qui le mordent et se nichent autour de son aéronef.
Il s’en sort de justesse, en les brulant et en rentrant en urgence dans le présent…pour s’apercevoir qu’il a lui-même importé la cause de la disparition de l’Homme.
Avec « Souvenir » une société futuriste hyper centralisée et hiérarchisée envoie un émissaire Edward Rogers pour trouver la planète découverte par un explorateur nommé Williamson dont les descendants ont conservé un mode de vie agraire et tribal similaire à celui de la Terre des premiers âges.
Devant le refus des habitants de Williamson de se rallier à la nouvelle fédération, Rogers déclenche l’attaque d’un croiseur militaire qui les anéantit en un tour de main, seul un soldat ramèn quelques artefacts de ce monde disparu à sa  famille.
Toujours dans le futur, dans « Progéniture » un père de famille Ed Doyle vivant sur Proxima, une planète éloignée ou il a réussi en affaire revient sur Terre pour voir son fils Peter élevé par des robots.
Il tente de le convaincre sans succès de le rejoindre, Peter conditionné pour devenir un biologiste réalisant des expériences sur les humains demeurant fidèle aux robots l’ayant éduqué.
« Sur la terre sans joie » est une histoire moins réussie dans laquelle un jeune homme appelé Rick modifie le continuum de la réalité terrestre pour revoir sa fiancée Silvia ayant rejoint par erreur le monde des vampires.
Dans « Etrange Eden » deux explorateurs découvrent une planète habitée ressemblant à un monde parfait.
Brent plus aventureux que le capitaine Johnson qui dirige l’expédition part à l’aventure et découvre des habitants appartenant à une espèce supérieure assimilée à des Dieux.
Il tombe sous le charme d’une jeune femme et lui fait part de son désir de rester parmi eux.
Tout en le mettant en garde, elle exauce son vœu et Brent se retrouve changé en grand félin comme ses prédécesseurs, comprenant trop tard qu’il a été berné alors que Johnson repart de là où il est venu.
Futur toujours avec « Le monde de Jon » dans lequel deux explorateurs Ryan et Katsen remontent le temps pour empêcher un savant nommé Schonerman de découvrir le cerveau artificiel qui aboutira à la création de robots intelligents appelés les Griffes qui déclencheront une guerre mondiale et obligeront les humains à un exode lunaire.
L’expédition ne se passe pas tout à fait comme prévu et Schonerman est tué, ce qui modifie la réalité et donne naissance à un monde que voyait Jon, le fils de Katsen dans des crises traitées maladroitement par la médecine.
Katsen brule les plans dérobés à Schonerman pour empêcher tout retour en arrière et décide de vivre dans monde apaisé sans hommes.
En conclusion, « Souvenir » est un brillant patchwork du style de Dick narrant les obsessions habituelles de l’écrivain : paranoïa technologique, angoisse du futur, chevauchement de multiples réalités superposées, voyages temporels… le tout aboutissant à l’extinction logique de la race humaine, plus propre à s’auto détruire qu’à prospérer en bonne intelligence.
Forcément inégal, « Souvenir » se démarque néanmoins par une qualité global excellente et deux nouvelles pour moi au-dessus du lot « Interférence » et « Etrange Eden » par leur construction et leur chutes brillantes !

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