Angel heart (William Hjortsberg)

 



La littérature reprend ici ses droits avec « Angel heart » de William Hjortsberg.

Paru en 1978 avant d’être adapté au cinéma par Alan Parker en 1987, « Angel heart » raconte sur le trame ultra classique d’un polar, l’enquête d’un détective privé newyorkais appelé Harry Angel, embauché par un riche client nommé Mr Luc Cyphre pour retrouver Johnny Favorite, un chanteur de jazz à succès d’avant guerre, revenu paralysé des combats d’Afrique du nord ou il avait été affecté.

Motivé par un fort salaire, Angel se met donc en chasse en mettant à profit son intuition et son expérience.

Ses investigations à la clinique ou a été soigné Favorite avant de disparaitre lui font penser que le médecin l’ayant suivi, le Docteur Fowler ment.

Angel n’hésite donc pas à entrer par effraction dans la maison de Fowler et le soumet à un interrogatoire serré en jouant sur l’addiction secrète du médecin aux drogues dures qu’il entrepose dans son réfrigérateur.

Sous la pression, Fowler lache le nom de l’homme qui a emmené Favorite une nuit, un certain Edward Kelley mais ces informations trop approximatives ne satisfont pas Angel qui laisse mariner le médecin en état de manque pour en obtenir davantage.

A son retour, Fowler git sur son lit avec toutes les apparences d’un suicide par arme à feu.

Le privé quitte les lieux en tentant de masquer au maximum les traces de son passage et change de tactique, utilisant ses contact dans la presse newyorkaise pour obtenir des informations sur un personnage quasi public comme Favorite et trouve ainsi l’identité des musiciens ayant joué avec lui ainsi que son lien avec l’armateur Ethan Krusemark dont il a épousé la fille Margaret avant de rompre avec fracas.

Johnny et Margaret semblent avoir eu pour point commun une passion pour l’occultisme et l’étrange, ce qui oriente les recherches de Angel vers une Krusemark M, voyante à New York.

Se faisant passer pour un client, Angel part la consulter.

Le face à face est tendu, Millicent, se présentant comme la sœur de Margaret, devinant les intentions de ce client pas tout à fait comme les autres et le mettant en garde contre des menaces planant au dessus de sa tête.

Une fois cette piste explorée, Angel enquête dans les clubs de jazz de Harlem ou il rencontre Toots Sweet, pianiste ayant connu Favorite avant guerre et même si il ne le portait pas ce chanteur blanc arrogant et individualiste dans son estime, Sweet se met à parler et à livrer des informations plus précises sur le disparu.

Le privé retrouve la trace de Proudfoot, l’ex compagne antillaise de Favorite et reçoit un accueil glacial de sa fille, Epiphany, belle métisse à la peau claire tenant seule le magasin d’herbes depuis la mort de sa mère.


Se fiant à son instinct, Angel file Sweet et débouche sur une cérémonie nocturne vaudou à laquelle participe Epiphany en plein milieu de Central park.

Impressionné par les rituels sanglants et les états de transe des participants, Angel parvient à comprendre que Favorite était lui-même un adepte de ses pratiques et avait atteint un haut niveau dans la hiérarchie des prêtres vaudou.

Malheureusement, Sweet paye cher d’avoir parlé et est cruellement assassiné à l’arme blanche.

La mort du pianiste change la donne, amenant deux policiers sur le dos de Angel, qui les tient à distance du mieux qu’il peut, mais surtout Epiphany elle-même effrayée, à se rapprocher du détective.

Angel comprend alors que Epiphany est fille de Favorite et a un lien avec Margaret, en réalité la voyante qu’il avait rencontré lors de la consultation.

Mais les morts semblent décidément s’accumuler sur le chemin de cette enquête, lorsqu’Angel découvre Margaret également tuée à l’arme blanche après un entretien avec son père qu’elle avait prévenu de la présence d’un fouineur sur les traces de Johnny.

De plus en plus inquiet, Angel découvre lors d’une inspection au magasin de la belle métisse, une photo de son propre client, Cyphre habillé en mage.

Dévoré de curiosité il se rend dans un minable théâtre de la 42 ième avenue et est témoin d’un tour d’un impressionnant tour de magie.

De retour au magasin, Angel aborde Epiphany de front qui accepte de lui faire confiance pour sauver sa vie.

Le privé et la métisse deviennent amants, cette dernière lui donnant des clés pour comprendre le vaudou et se méfier d’un puissant ennemi l’amenant à faire des rêves atroces ressemblant fort aux effets d’un envoutement.

Après avoir rencontré l’autoritaire Krusemark, enragé par la mort de sa fille mais qui consent tout de même à lui avouer qu’il a sorti Favorite de l’hôpital, et qu’il estime responsable de ses morts, Angel est attaqué par deux tueurs et grièvement blessé à coup de nerf de bœuf dans un parc.

Il survit cependant à l’agression et à peine sur ses jambes s’allie avec Epiphany pour percer les secrets de cette histoire de plus en plus étrange.

Ayant compris que son patron, Cyphre est lui-même un puissant sorcier vaudou très respecté voir craint dans la communauté, Angel protégé par les amulettes et les conseils d’Epiphany se rend dans une messe noire se déroulant dans une station de métro désaffectée.

Il prend non sans horreur des photo compromettantes de Krusemark participant à une orgie sexuelle se déroulant après le meurtre d’un bébé offert en offrande à Satan et coince l’armateur dans un sous terrain à son retour de la cérémonie.

Soumis à la pression d’une arme à feu et de révélations compromettantes, Krusemark finit par lâcher dans l’obscurité humide, de stupéfiantes révélations d’un pacte de Favorite avec le Diable pour atteindre le succès, avant que le musicien, devenu un puissant sorcier vaudou ne se sente assez fort pour soustraire son âme à l’Enfer en réalisant un rite magique lui permettant d’échanger son corps avec celui d’un quidam, en l’occurrence un soldat pris au hasard à New York la veille de son départ pour la guerre.

Après de telles révélations, une lutte féroce s’engage qui se termine par l’électrocution de Krusemark.

Sentant qu’il touche au but, Angel va perquisitionner chez Margaret Krusemark et découvre que la plaque du soldat assassiné par Favorite porte son propre nom !

Il est à présent trop tard et Angel se réveille face à Cyphre, en réalité le Diable lui-même qui l’a manipulé pour retrouver sa victime, l’âme de Favorite contenue dans son propre corps.

Le plan s’avère au final tellement machiavélique que Angel est lui-même accusé de la mort d’Epiphany sauvagement assassinée par Cyphre avec son propre pistolet.

Accablé par les preuves matérielles, Angel se résigne à se faire embarquer par la police et à payer pour les crimes de Favorite, avec un jugement qu’on estime être la peine de mort …

En conclusion, « Angel heart » est un roman qui part comme un polar bien écrit mais un peu trop classique, avant d’incorporer peu à peu des touches d’occultisme pour le faire basculer dans le fantastique.

On met en réalité beaucoup de temps à vraiment entrer dans cette intrigue emberlificotée tournant autour de la culture afro-antillaise des rites du vaudou, qui manque parfois de rythme et ne se démarque pas franchement des autres polars, mais tout s’éclaire enfin dans les dernières pages, avec la fermeture d’un piège diabolique sur l’enquêteur, lui-même la propre cible de ses recherches.

Polar fantastique newyorkais, « Angel heart » séduira sans nul doute les amateurs du genre par son jeu de piste permanent et son ambiance mystérieuse de magie noire.

Malgré quelques qualités, il demeure pour moi tout juste honnête.

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