Le bourgmestre de Furnes (Georges Simenon)

Suite et fin du cycle Simenon avec « Le bourgmestre de Furnes ».

Sorti en 1936, « Le bourgmestre de Furnes » raconte la vie de Joris Terlinck, le bourgmestre d’une petite commune près d’Oostende en Belgique qui administre sa ville d’une main de fer.

Homme arriviste, devenu propriétaire d’une fabrique de cigare et d’une jolie fortune en ayant couché avec sa patronne plus âgée et manipulé son testament, Terlinck est un homme dur et parfois cruel aussi bien avec sa famille que avec ses ennemis.

Un jour, un jeune homme Jef Cles vient lui demander une avance pour payer l’avortement de sa compagne, Lina, la fille de son principal rival politique Leonard Van Hamme.

Fidèle à ses principes, Terlinck refuse et le jeune homme tente de tuer son amante avant de se suicider.

La mort de Cles mais surtout le scandale autour de Lina, exilée par son père à Oostende, secoue la petite ville de Furnes.

Imperturbable en apparence, Terlinck refuse de répondre clairement à sa femme Teresa sur son entretien avec Cles et refuse également de faire un geste en faveur de sa mère, devenue sans emploi et alcoolique.

Mais Terlinck qui cache à l’ensemble de ses administrés le terrible secret de sa fille handicapée mentale Emilia qu’il cache à son domicile, va entretenir un second secret : ses visites quotidiennes à Oostende pour voir Lina qu’il protège.

Ces visites récurrentes et leur ambiguïté vont finir par faire jaser à Furnes…ce qui n’affectera pas en apparence l’inébranlable Terlinck.

Pourtant son attitude radicale et son manque patent d’empathie vont finir par créer autour de lui une véritable coalition locale autour de Van Hamme, l’ex Bourgmestre déchu.

Tandis que Teresa, atteinte d’un cancer s’apprête à mourir, Terlinck continue ses visites à Oostende à Lina et son bébé, et comprend que la logique voudrait qu’il l’épouse pour régulariser cette situation ambiguë.

Finalement forcé à la démission et à répondre de mauvais traitement contre Emilia, Terlinck voit son pouvoir lui échapper.

Dans ces conditions la mort poignante de Teresa finit par achever la fissuration du monolithe qui demande à sa sœur Marthe de l’épouser.

En conclusion, « Le bourgmestre de Furnes » est encore un grand roman de Simenon qui se focalise sur un homme dur, arriviste et omnipotent ayant fait le vide autour de lui, pour finir par chuter progressivement après qu’une fêlure soit apparue dans sa cuirasse et qu’un semblant de culpabilité commence à le ronger.

Roman difficile, « Le bourgmestre de Furnes » aborde aussi les thèmes de la politique, de la corruption, de la maladie que ce soit mental ou cancer, de la déchéance et de la mort.

Une œuvre donc puissante et riche comme un vent d’hiver soufflant sur les longues plages d’Oostende…

Après avoir lu avec délice une dizaine des œuvres de Simenon, je comprends mieux le génie de cet écrivain et son immense place dans la littérature !