La vie sur le Mississippi, tome un (Mark Twain)
Mark Twain toujours mais abordé ici sous un angle moins connu avec « La vie sur le Mississippi, tome un ».
Publié en 1883, « La vie sur le Mississippi, tome un » est un roman autobiographique racontant les jeunes années de l’écrivain quand au début des années 60, il s’embarqua sur le fleuve Mississippi l’esprit enfiévré par les récits d’expéditions fluviales avec dans l’idée d’aller explorer l’Amazone.
Mais arrivé sur ce qu’il appelle le grand fleuve, Twain va demeurer fasciné par la vie des pilotes des navires à vapeur transportant marchandises et passagers, sur un des plus grand cours d’eau du monde, prenant son lit au nord des États-Unis (Minnesota) pour descendre se jeter dans le Golfe du Mexique après un long périple de plus de 3000 kilomètres, au cours duquel il est rejoint par trois principaux affluents, l’Ohio, l’Arkansas et le tumultueux Missouri.
Twain va tout d’abord rappeler l’importance géographique et historique du fleuve découvert officiellement par le français De la Salle sous Louis XIV, qui instaure la tradition d’une importante présence française dans cette vaste région.
Mais la partie la plus intéressante du récit est consiste dans tous les anecdotes glanées par Twain auprès des équipages de navires à vapeurs, avec bien un mélange de science de la navigation se transmettant par compagnonnage de pilotes en pilotes, mais aussi son lot de superstitions permettant d’expliquer les dangers d’un fleuve au tracé mouvant dont les crues et décrues peuvent s’avérer dramatiques pour les populations s’étant établies sur ses rives.
Pris en charge par le pilote Horace Bixby, Twain va s’initier au dur apprentissage de son nouveau métier, avec un intense travail de mémorisation de chaque méandre du fleuve, iles, collines, bois, rochers susceptibles de receler d’invisibles pièges pouvant s’avérer mortels pour le pilote non aguerri.
Outre l’échouage pur et simple, une autre menace demeure les multiples petites embarcations sillonnant non éclairée de nuit le fleuve en sens inverse, avec d’importants risques d’accrochages et de conflits réglés parfois à coups de fusils.
On comprend qu’à l’époque les pilotes par leurs compétences élevées étaient les maitres absolus de la navigation et leur autorité en la matière n’était contestée par personne, surtout pas le capitaine du navire.
Rapidement une association de pilote se forma afin de garantir un salaire minimum d’embauche, d’indemniser les pilotes au chômage ou les familles orphelines.
Tout d’abord moqués par les patrons, l’association acquit peut à peu une position dominante lorsque le besoin en pilotes devint plus grand en raison de l’accroissement des flux de marchandises sur le fleuve.
En liaison avec les compagnies d’assurances, elle imposa donc ses conditions aux patrons de vapeur, relevant les salaires et excluant impitoyablement les pilotes voulant rester indépendants.
Ce monopole fut finalement brisé par la Guerre de Sécession qui éclata, qui ralentit considérablement l’activité économique, mais également par l’avènement du transport par chemin de fer, plus rapide, de longs convois de barges finissant par achever de tuer le transport par navires à vapeur.
Puis le récit se poursuit par une anecdote relatant un rapport conflictuel entre Twain et un pilote nommé Brown, avec au final l’exclusion par le capitaine de cet homme brutal et stupide après qu’il en fut venu aux mains avec Twain, transformé en souffre douleur durant une trop longue traversée.
Le premier tome s’achève par la description d’un horrible accident de vapeur, avec une série de violentes explosions dans les cheminées et le propre frère de Twain, Henry finissant par mourir dans un hôpital ou étaient soignés les blessés, souvent affreusement brulés ou mutilés.
En conclusion, « La vie sur le Mississippi, tome un » est une très agréable découverte, permettant de suivre par le talent narratif de Mark Twain, tout le charme pittoresque et forcément suranné de la navigation sur ces immenses monstres à vapeur, qui sillonnaient à leur risques et périls, un des fleuves les plus puissants du monde : le mythique Mississippi.
On ne peut donc malgré l’utilisation d'un vocabulaire maritime technique parfois aride, que vibrer à l’évocation de ce passé nostalgique, ou forcément l’auteur du haut de ses jeunes années, se voyait le maitre du monde à la barre d’un immense navire à vapeur.
Un ouvrage d’aventures de qualité donc, sentant bon le sud des États-Unis avec la vie rude des marins fluviaux du début du XIX ième siècle.
Bien évidemment, le lecteur avide ne peut qu’en redemander …
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