Martin Eden (Jack London)


 Même si Jack London est connu pour ses romans d’aventures, son œuvre la plus aboutie est réputée être « Martin Eden ».

Publié en 1909, « Martin Eden » est un roman autobiographique racontant la destinée de Martin Eden, un homme frustre issu d’un milieu modeste qui va au contact d’une bourgeoise américaine d’Oakland (Californie) appelée Ruth Morse, se prendre à rêver d’une autre vie, faite de culture et de raffinement.

Marin, aventurier et jeune voyou de vingt ans, Martin est en effet ébloui par la beauté et l’intelligence de Ruth, qui lui est présenté après qu’il eut sauvé son frère d’une bagarre.

Mais cette révélation va de pair avec un fort complexe d’infériorité par rapport au niveau intellectuel de l’entourage de la belle.

Alors par amour, Martin va se former en autodidacte en fréquentant les bibliothèques municipales et en accumulant de manière aussi boulimique que malhabile d’énormes connaissances visant à combler ses lacunes en littérature, philosophie et sciences.

De son coté, Ruth troublée par la puissance animale dégagée par Martin, ne va pas rester insensible à son charme et va le revoir régulièrement en tout bien tout honneur, tout en lui prodiguant des conseils pour améliorer sa grammaire et son vocabulaire issus du monde de la rue.

De fil en aiguille, Martin va par son travail acharné progresser et se découvrir une véritable vocation d’écrivain après avoir lu Hebert Spencer qui établit un lien entre biologie et philosophie et Nietszche dont les idées individualistes radicales le séduisent beaucoup.

Après une expérience particulièrement éprouvante comme travailleur dans une blanchisserie avec son ami Joe, Martin décide de délaisser les travaux manuels abrutissant pour se consacrer à sa passion.

Mais le chemin est long jusqu’à la renommée et l’apprenti écrivain voit la plupart des ses poèmes et nouvelles rejetés par la presse californienne.

Martin vit donc dans une grande pauvreté matérielle chez une logeuse portugaise pauvre mais compréhensive et se voit de plus totalement déconsidéré socialement en raison de son choix de vie.

Il est moqué, rejeté de tous et même Ruth ne croit pas réellement en lui.

Le comportement contestataire, entier et impulsif de Martin le conduit à de violentes disputes avec les proches bourgeois de Ruth ce qui conduit la jeune femme sous la pression de ses parents à rompre le contact avec lui.

Malgré son tempérament de lutteur et le soutien d’un ami écrivain ultra brillant (Russ Brissenden) qui meurt juste avant de connaitre un immense succès, Martin finit devant la malhonnêteté des journaux par se décourager.

C’est à ce moment la que le miracle se produit et que ses œuvres commencent à recueillir un certain succès.

Martin commence à intéresser la presse mais également les maisons d’éditions qui lui proposent des contrats toujours plus alléchants tandis que ces œuvres rencontrent davantage de succès.

Sa situation financière s’améliore grandement et le regard des gens sur lui change ce qu’il a du mal à supporter.

A sa grande surprise, Martin est accepté et même courtisé par le milieu bourgeois qui jadis le rejetait.

On se prosterne devant lui et même Ruth, poussée par sa famille revient vers lui.

Mais Martin est trop fier, trop indomptable pour accepter la jeune femme et la repousse.

Dès lors, malgré la dispense de biens matériels aux rares qui l’ont soutenu dans la misère (Joe, sa sœur et sa logeuse) , Martin sombre peu à peu dans la dépression.

Il perd le gout de la vie, le désir d’écriture et même de lecture.

Ne supportant plus sa notoriété et l’hypocrisie qui l’accompagne, Martin se laisse couler dans l’océan Pacifique au cours d’un voyage devant l’amener vers les iles.

En conclusion, bien qu'agréable et intéressant, « Martin Eden » n’est pas à mes yeux le chef d’œuvre tant escompté.

Jack London se livre beaucoup et y décrit avec talent le douloureux processus menant une brute ignare (mais riche de l’intelligence de la survie) vers les chemins escarpés de l’excellence intellectuelle.

On retrouve donc le tempérament de l’écrivain avec une grande rage, une obstination et une puissance que rien ne peut arrêter une fois mise en mouvement.

L’homme parait également complexe, sensible et fragile avec un niveau d’exigence envers soit même et les autres sans doute beaucoup trop élevé pour etre heureux.

A lire donc pour les passionnés de London, même si je reste de mon coté plus attiré par ses romans d’aventures.


Commentaires