Le charretier de la Providence (Georges Simenon)

 


Un nouveau Maigret avec « Le charretier de la Providence ».

Dans cette enquête du commissaire Maigret sortie en 1930, une femme est retrouvée morte dans une ferme perdue prêt de l’écluse 14 de Dizy dans la région de la Marne.

L’endroit est reculé et Maigret dirige son enquête sur le milieu des mariniers et plaisanciers qui naviguent sur ce tronçon de la Marne.

La victime, Mary Lampson est identifiée comme la femme de Sir Lampson commandant d’un yacht appelé le Southern cross qui mouillait à proximité ce soir-là.

Sir Lampson est un colonel anglais à la retraite menant une vie de dissolue parait habitué aux escapades de sa femme, elle-même aussi très libérée.

Maigret étudie scrupuleusement le profil des occupants du yacht, le matelot Vladimir, Gloria Negretti la maitresse du colonel et Willy Marco, un ex escroc de la Cote d’Azur qui était notoirement l’amant de Mary, ainsi que deux « filles » de Montparnasse ramassées par le colonel pour agrémenter cette soirée qui a mal tourné.

Pourtant une nuit, le corps de Willy est à son tour retrouvé inanimé dans l’eau avec un insigne du yacht à ses côtés.

Refusant les évidences, Maigret collecte des indices et élargit ensuite ses recherches aux autres bateaux ayant navigué dans la zone les soirs des crimes.

Il s’oriente vers la Providence une péniche transportant des chevaux et vers son charretier, un dénommé Jean Darchambaux, un homme frustre qui parait simple d’esprit.

Mais incapables de répondre à des questions embarrassantes, Darchambaux se jette à son tour dans une écluse et en ressort grièvement blessé.

Puis son adjoint Lucas qui a fait de patientes recherches sur le passé et les fréquentations des protagonistes de l’affaire, confirme le passé douteux Darchambaux, ex médecin et époux de Mary lorsqu’elle s’appelait encore Céline Mornet, avant d’être condamné au bagne pour le meurtre de la mère de celle-ci.

Le crime de cet homme devenu une brute après son passage au bagne apparait donc comme passionnel mais Darchambaux finit par mourir de ses blessures sous le regard attristé de sa dernière compagne Hortense.

En conclusion, « Le charretier de la Providence » est une enquête se déroulant dans le cadre plutôt original des charretiers, des éclusiers et des mariniers, avec ces codes et son vocabulaire spécifiques.

L’aspect frustre de ce monde d’hommes habitués à vivre à la dure est toutefois contrebalancé par l’ambiance de totale décadence qui règne à l’intérieur du yacht d’où est originaire le victime.

Peu importe donc si l’histoire parait quelque peu tirée par les cheveux et si l’ancien médecin devenu une brute attire finalement plus la compassion que le dégout, le charme bien particulier de ce roman réside pour moi dans son atmosphère mélancolique et dans son cadre tout à fait inhabituel.

Un bon Simenon donc.

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