Vivre avec la menace terroriste, réflexes, gestes et attitudes qui sauvent (Olivier Saint Vincent, Raphael Saint Vincent)
Tristement d’actualité en 2020, « Vivre avec la menace terroriste, réflexes, gestes et attitudes qui sauvent » d’Olivier et Raphael Saint-Vincent est un petit manuel pédagogique pour tenter d’augmenter ses chances de survie face à la menace des attentats.
Dans sa préface, le Colonel Gérard Chaput spécialiste du stress traumatique, rappelle l’importance pour le citoyen « lambda » de se préparer pour prendre en compte la nouvelle menace de la tuerie de masse en France.
Après un rappel de l’Histoire bien réelle des attentats en France depuis la rue des Rosiers en 1982 jusqu’aux attentats du RER B en 1995 et un court témoignage de Jérôme Simon, rescapé miraculeux du Bataclan, on est rapidement dans le bain en passant en revue l’éventail des effets sur le corps humain des armes de guerre (plaies, brulures, explosions) et les quelques techniques pour porter les premiers soins aux victimes notamment le niveau PSC1 et le Secours de rue.
Les frères Saint Vincent évoquent ensuite le devoir de vigilance du citoyen et surtout d’intervention en cas d’incivilité manifeste voir d’agression.
L’attitude est ici importante afin de décontenancer des agresseurs potentiels en ne montrant pas sa peur, en se tenant droit et en regardant dans les yeux, sans tomber dans le piège de la sur réaction, équilibre bien souvent difficile à doser sur une situation qui dégénère.
Dans les lieux publics, le citoyen doit exercer son attention pour remarquer les situations potentiellement dangereuses et les anticiper afin de se mettre à l’abri en cas de danger puis d’alerter les secours.
Etre en bonne condition physique par la pratique de musculation, de yoga et de sports de combat, constitue assurément un plus pour mieux réagir.
La gestion du stress demeure toutefois l’élément crucial lors des situations d’exception et peut conduire à bien des catastrophes lorsqu’on se laisse submerger par des crises de panique : stupéfaction, hurlements, courses folles sous les balles…
La suite de l’ouvrage se focalise ensuite sur l’attentat de type Activ Shooter Event, terme inventé depuis la tuerie de Colombine aux Etats-Unis et auquel se rattachent les commandos terroristes des tueurs de Charlie hebdo et du Bataclan.
Ici, la particularité des tueurs n’est pas de s’échapper mais de mourir sur place, ce qui est obtenu par une prise massive de drogue (métamphétamine et MDMA) comme chez Coulibaly et Abdeslam pour doper la concentration et la force, mais aussi profiter de la phase de descente pour se donner la mort plus facilement.
Les techniques ici présentées pour faire face comportent le plaquage au sol pour éviter les tirs, la recherche d’un abri comme un pilier, une cave, des toilettes ou au pire le bloc moteur d’une voiture, seul susceptible d’arrêter un tir d’arme de guerre.
Après reconnaissance de l’environnement, les déplacements doivent être savamment pesés pour ne pas se mettre en danger, généralement en rampant ou courbé, en prenant garde de ne pas se trahir ou tomber dans une foule, synonyme de mort par piétinement comme la majorité des tués du Bataclan.
Si la fuite n’est pas possible, se cacher est la meilleure solution pour survivre : salle de bain d’un hôtel, chambre froide ou simple porte bloquée en cas de dernier recours.
Une fois sa mise en sureté effectuée, les autres taches sont de penser aux autres en portant secours aux victimes : premiers secours (massage cardiaque, blocage de saignements jusqu’à hémorragie, hypothermie) ou soutien psychologique pour rassurer, avant de donner l’alerte aux forces d’intervention seules amènes de régler la situation.
Lors de l’intervention, penser à se protéger des balles perdues, obéir et s’attendre à être rudoyé par les policiers.
Reste ensuite à passer en revue la situation du face-à-face avec le terroriste, qui doit ont le rappeler est armé, drogué et entrainé.
Des techniques de corps à corps sont sommairement évoquées, avec saturation par avalanche de coups et étranglement sanguin.
Le combat rapproché doit être préféré pour couper les possibilités de tir…
L’usage d’extincteur ou de marteau est largement préférable que l’usage des propres armes du terroriste.
Après l’attentat, commence alors un véritable parcours du combattant pour les survivants : affronter l’incompréhension de la société, incapable de supporter le récit d’actes aussi ignobles et la pression des médias, avides de scoop et très déstabilisateurs.
Suivre une thérapie psychologique avec un spécialiste parait alors nécessaire, afin de se libérer par la parole et de se reconstruire psychiquement.
En conclusion, « Vivre avec la menace terroriste, réflexes, gestes et attitudes qui sauvent » est un ouvrage très didactique se révélant d’une grande pertinence.
Même si les chances de subir dans un attentat et de périr restent rappelons le statistiquement faibles, nul ne peut nier que la peur s’est insidieusement installée dans les cœurs depuis Paris, Nice et tous les autres attentats fort justement déjoués par les forces de l’ordre.
C’est alors que le travail des frères Saint Vincent prend tout sons sens, afin d’acquérir via un état d’esprit et une préparation physique, mentale, technique les capacités d’anticipation et de réaction permettant de limiter les effets de la peur et de restaurer de la confiance au quotidien.
Détail crucial : la maitrise de soi, propre de l’homme civilisé résistant à ses bas plus bas instincts de vengeance, afin de conserver l’esprit de fraternité de la société française, attitude dont on ne peut que louer le sens de la responsabilité !
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