La veuve Couderc (Georges Simenon)

 


Nouveau roman de Simenon, « La veuve Couderc » sort en 1942.

Près de Saint-Amand, un petit village du Cher, une veuve locale, Tati Couderc rencontre par un hasard dans un bus un étranger prénommé Jean.

L’homme est plus jeune et lui plait.

Comme il l’aide à porter une couveuse qu’elle vient d’acheter, Tati l’invite à rester dans sa ferme qu’elle partage avec son beau-père, un vieil homme sourd qu’elle appelle peu affectueusement Couderc et sa fille Félicie, jeune mère de 16 ans…

Depuis la mort de son mari et le départ de son fils René pour l’armée, Tati prend soin de la ferme en maitresse femme et donne ses ordres à Jean ainsi qu’au vieux Couderc.

Bien que venant de la ville, Jean se plait à la ferme et s’occupe majoritairement des vaches, lapins et poulets de Tati.

Il devient logiquement son amant et finit par lui avouer que bien que fils de Passerat-Monnoyeur un notable fabricant de vin local, il sort de prison après avoir commis un meurtre.

Tati ne s’en formalise pas et l’accepte tel qu’il est car il comble sa solitude ainsi que ses désirs sexuels.

Mais peu à peu la situation de Jean se précise : fils à papa et bon à rien, il bambochait dans le Quartier Latin à Paris, lorsque pris par un besoin impérieux d’argent pour arracher son amante Zézette à un ingénieur qui l’entretenait, il tua un homme qui l’avait battu au jeu.

L’expiation de son crime le hante, comme si le verdict clément que lui avait obtenu son avocat en lui évitant la peine de mort « au bénéfice du doute » ne lui avait pas suffi.

Du coté de Tati, la situation familiale apparait plus complexe qu’il n’y parait car sa belle-famille emmenée par Françoise et Amélie, cherche à récupérer le vieux Couderc qu’elles estiment maltraité.

Mais Tati qui a besoin du vieux pour rester dans la ferme et couche de temps à autre avec lui pour le retenir, refuse malgré la menace d’un procès qui se fait sentir.

Les remarques venimeuses fusent et un beau jour après une lutte pour rapatrier Couderc dans sa ferme, le mari de Françoise fracasse une bouteille sur le visage de Tatie qui doit rester de longues semaines alitée.

Tout en se montrant en apparence fidèle à sa protectrice, Jean se détache progressivement d’elle et préfère se tourner vers la jeune Félicie.

Ils consomment leur union malgré la vigilance de Tatie.

Lorsque Tatie finit par l’apprendre, une violente dispute éclate et Jean, assailli par ses vieux démons la tue à coups de marteau, attendant simplement que les gendarmes le cueillent pour en finir une bonne fois pour toute.

En conclusion, « La veuve Couderc » est un grand roman, à la fois huis clos et drame campagnard dans lequel les personnages les personnages de Jean et de Tatie demeurent fascinants.

Outre la trame narrative réellement passionnante laissant continuellement planer l’ombre du péché et du crime, les descriptions de Simenon de la vie d’une ferme du Cher en 1940 sont absolument magnifiques.

Encore un chef d’œuvre pour le prolifique génie belge et aucun étonnement donc à ce qu’Alain Delon et Simone Signoret aient incarné ses personnages à l’écran en 1971.

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