Mère Cuba (Wendy Guerra)

 



Littérature d’Amérique latine avec « Mère Cuba » de Wendy Guerra.

Née en 1970, cet écrivain et poète cubaine nous propose par ce livre sorti en 2008 de comprendre à travers son histoire personnelle, une facette de la vie à Cuba.

L’auteur, appelée Nadia dans ce livre est l’animatrice d’une émission de radio libre à Cuba, ou elle donne la parole aux auditeurs et lit des poèmes parfois contestataires.

Par son action, Nadia ne fait que prolonger une tradition familiale d’artistes avec un père réalisateur dont les films sont surtout connus en Europe et une mère également animatrice de radio et écrivain sans jamais avoir rien publié.

La mère justement, Albis Torres est le personnage principal du livre puisque insaisissable et recherchée obsessionnellement par sa fille.

Inquiétée à Cuba en raison de ses activités, Nadia va donc mener un véritable jeu de pistes, utilisant les anciens amants et connaissance de Albis pour quitter son ile et se lancer à la recherche.

Lors d’un court séjour à Paris, elle a pour amant un espagnol Saul et retrouve la trace de Paulo, un ancien amant journaliste de sa Mère qui lui indique qu’elle se trouve à présent à Moscou avec un mari russe.

Nadia se rend sur place, découvre ce pays frère de Cuba dont elle connait déjà certains codes culturels et retrouve sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade déjà avancée.

Après une nouvelle escale à Paris, Nadia couche avec Paulo dans une quête malsaine d’identification puis revient à Cuba pour s’occuper de sa Mère finalement rapatriée pour raisons de santé.

A Cuba son père décède et Nadia se rapproche de Lujo son amant de longue date.

Tout se mélange donc dans l’esprit de Nadia, drames personnels et souvenirs de Cuba ou le culte des héros révolutionnaires comme Che Guevara, Fidel Castro et Celia Sanchez est porté à son paroxysme, ou la vie est continuellement rationnée en raison de l’embargo américain et ou la censure s’exerce à tous les niveaux.

Elle découvre dans les archives de sa mère sa proximité avec Maria Sanchez, la compagne de Fidel et l’une des grandes dames de la Révolution cubaine.

La mort viendra finalement prendre sa mère sous la forme d’un suicide par noyade dans la mer.

Dévastée, Nadia trouvera un peu de réconfort avec Diego son amant d’enfance et terminera son voyage initiatique dans sa famille de Miami, seconde patrie de la communauté cubaine qui y a reproduit une partie de l’ambiance de la Havane.

En conclusion, « Mère Cuba » est un roman douloureux sur la quête d’une fille très influencée par l’ombre écrasante et insaisissable d’une mère par nature libre et instable.

Outre cet exercice cathartique souvent pénible, Guerra mélange pratiquement continuellement vie personnelle et histoire cubaine, ce qui sans connaissances préalables de la seconde partie rend parfois difficile la compréhension de la fine frontière entre Histoire et fiction notamment pour les longs passages consacrés à Celia Sanchez, devenue par la grâce de la littérature une quasi intime.

Plus intéressante car moins pesante est l’ode à Cuba, aux sensations, atmosphères, architecture, nourriture, musique … qui on le comprendra aisément voyagent partout avec l’écrivain lorsqu’elle se trouve à Paris, Moscou ou Miami.

Œuvre intime, parfois sensuelle, au rythme lent sinueux, « Mère Cuba » reste néanmoins trop profondément triste pour m’enchanter et me charmer.

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