Cinquante nuances de Grey (Erika Leonard Jones)

 



Paru en 2012, « Cinquante nuances de Grey » est la première partie d’une trilogie au colossal succès signée par la Britannique Erika Leonard Jones.

L’histoire est celle d’Anastasia Steele une étudiante terminant ses études de lettres dans l’état de Washington pour tomber sous le charme de Christian Grey, un jeune et très beau milliardaire qu’elle interview à Seattle pour remplacer son amie journaliste Kate Kavanaugh souffrante.

Anastasia dite Ana n’a rien d’une femme fatale, c’est la « girl next door » type châtain, blanche, peu sportive qui travaille le week-end dans un magasin de bricolage pour se faire un peu d’argent de poche et sa rencontre avec un homme aussi séduisant et charismatique que Grey la bouleverse.

Grey ne tarde pas à lui faire savoir qu’elle lui plait et s’arrange pour la rencontrer à son magasin de bricolage puis à la soirée de fin des examens, dans laquelle il s’interpose avec José Rodriguez, son camarade de classe photographe qui avait décidé de la séduire.

Usant de technologie sophistiquée rendue accessible par son immense richesse, Grey se déplace en hélicoptère, avion privé et fait tracer les appels d’Ana pour la localiser rapidement.

Il prend soin d’elle la nuit ou elle est malade après avoir trop bu, la fait dormir chez lui à Seattle et la laisse repartir avec des habits propres.

Rapidement la relation prend forme et Grey fait l’amour à Ana tout en montrant certaines réticences sur le fait qu’elle soit vierge.

Pourtant malgré la réussite de cette première fois, Grey ne tarde pas à lui annoncer qu’il ne s’épanouit que dans les relations sadomasochistes et qu’il attend d’elle de devenir sa soumise.

Prudent, le milliardaire lui fait parvenir un contrat fictif listant les droits et devoirs des maitres et esclaves et lui demande de l’étudier attentivement avant de le signer.

Ce contrat va être l’objet d’incessantes tractations pendant tout le livre et ne sera jamais signé.

Réellement amoureux d’Ana, Grey accepte d’y faire plusieurs modifications surtout sur les limites à ne pas dépasser, les réticences d’Ana se situant également sur le fait de manger ce qu’il souhaite et de faire du sport 4 fois par semaine.

Puis progressivement, Grey tisse sa toile, offrant des cadeaux chaque fois plus somptueux à sa future soumise : une collection de livres en édition originale, un téléphone portable pour pouvoir la joindre partout, un ordinateur ultra moderne qui sera l’objet d’une intense correspondance érotique…

A chaque fois, Ana se montre gênée et pense à refuser les présents mais finit par les accepter.

Elle devient aussi la propriétaire d’une Audi sport après que Grey l’ait forcé à vendre sa vieille coccinelle.

Sexuellement, Ana s’initie aux jeux SM construit principalement à base de fessées et de positions humiliantes, entravées ou non.

En bon expert, Grey maitrise les situations et l’a fait intensément jouir en insistant sur ses zones érogènes : pointe des seins, clitoris ou même bouche.

Il semble un amant passionné et infatigable : corps mince et musclé, gros sexe en érection quasi permanente…

Grey qui semble avoir connu une enfance difficile faite de pauvreté et d’une relation de soumis avec une femme plus âgée, s’insinue dans sa vie, se faisant présenter à sa mère et à son beau-père qu’il séduit à Savannah.

Seule la farouche Kate garde un œil vigilant sur Ana, mais tout en se méfiant de Grey, elle reste loin de se douter de la complexe et tordue relation secrète qui lie les deux amants.

Le point culminant de cette relation est un vol en planeur, autre couteux passe-temps du milliardaire et sexuellement un orgasme ou entièrement entravée et aveuglée, Grey lui fait écouter un puissant morceau de musique classique.

Ana finit par trouver un boulot d’assistante dans une petite maison d’édition de Seattle puis met un terme douloureux à cette relation impossible après une séance trop poussée dans leur salle particulière, ou elle s’avère incapable de supporter un traitement de choc qu’elle avait pourtant demandé.

Tristes et meurtris, les deux amants finissent par se dire adieux et à partir chacun de leur côté.

En conclusion, « Cinquante nuances de Grey » est plus intéressant comme phénomène de société que comme œuvre littéraire.

En effet l’histoire plutôt basique quoi que bien écrite, fourmille de clichés féminins et dresse le portrait d’un idéal en papier glacé : un homme beau, jeune, sportif, riche à milliards sans que l’on sache précisément la nature de ses activités, au passé torturé, tournant la tête d’une brave fille manquant d’expérience et en attente du grand amour…

Le piment de cette relation est certes la relation sadomaso qui reste dans des proportions très soft et plutôt érotiques… le côté plus sombre, violent et avilissant de cette sexualité parallèle étant soigneusement évité.

Alors bien sur le livre se termine par une rupture assez soudaine et incompréhensible, qui ne dupe personne sur le fait qu’Ana et Christian se reverront très bientôt pour de nouvelles aventures souterraines, mais sans doute sans votre serviteur qui a eu son compte après ce premier tome.


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