The big short : le casse du siècle (Adam Mc Kay)


 


Si comme moi vous avez subi la crise des « subprimes » de 2008 sans rien y comprendre ou presque, vous comprendrez mes réticences avant de visionner « The big short : le casse du siècle » de Adam Mc Kay.

Sorti en 2015, ce film nous ramène dix ans en arrière pour montrer comment une poignée de petits malins, pour l'essentiel des experts de la finance, avaient anticipé le crash boursier qui allait s'ensuivre et ont réussi à s'enrichir.

A tout seigneur, tout honneur, Michael Burry (Christian Bale), un ancien médecin californien reconverti en gestionnaire de fonds spéculatif Scion Capital LLC, décèle le premier l'anomalie dans les contrats « subprimes » étroitement liés à l'immobilier.

Asocial, forcené de heavy metal qu'il écoute ou pratique à plein volume, Michael décide de rencontrer les plus grosses banques américaines et allemandes pour contracter des couvertures de défaillances (CDS) sur les contrats de prêts immobiliers de type MBS.

Croyant le système économique actuel infaillible, les banquiers se réjouissent de l'aubaine et acceptent volontiers de passer ses contrats sur plusieurs centaines de millions de dollars, sachant qu'ils engagent Scion Capital à payer des mensualités jusqu'à ce que l'évènement improbable se produise.

Au sein de sa société, Burry essuie une véritable tempête, ses clients le croyant fou et voulant retirer leur argent, mais malgré les pressions et les menaces de procès, il s'accroche à son intuition.

Jared Venett (Ryan Gosling) courtier à la Deutsche Bank, apprend lors d'une soirée entre collègues ce que fait Burry et partage rapidement son intuition.

Il contacte alors un autre fond spéculatif géré par Mark Baum (Steve Carell), un teigneux excentrique à cheval sur quelques principes qui avant de s'engager dans une entreprise aussi folle, décide d'aller vérifier par lui-meme la situation du marché immobilier.

Après une virée en Floride ou il constate que les acheteurs de luxueuses villas au bord de mer, quittent précipitamment les lieux du fait de la révision ahurissante de leurs taux d’intérêt, Baum et ses ses associés se rangent à l'avis de Venett pour acheter des CDS.

Baum va jusqu'au bout de sa logique en interviewant M Chau (Byron Mann) un homme d'affaires de Las Vegas qui lui confirme jouer avec les MBS surcotés par les agences de notation en les combinant avec d'autres produits financiers à risques afin d'en faire de nouveaux prêts de synthèse appelés CDO.

Avec un grand cynique, Chau fanfaronne et se vante de peser plus d'un milliard de dollars, tandis que Baum ressort écœuré de l'entretien.

Enfin, deux jeunes loups de la finance, Charlie Jeller (John Mangaro) et James Shipley (Finn Witrock) tombent sur l'aubaine par hasard en se voyant recalé pour un entretien chez JP Morgan et obtiennent le financement nécessaire par l'intermédiaire de l'ex courtier Ben Rickert (Brad Pitt) pour contracter des CDS sur les subprimes classées AA, en misant sur la collusion entre les banques et les agences de notations.

Rickert est certes heureux de leur donner un coup de pouce décisif mais refroidit leurs ardeurs en leur parlant des effets économiques dévastateurs pour tous les empruntants.

Leur pari fonctionne, les défauts de paiements commencent à s'accumuler, le système finit par s'écrouler malgré les tentatives de masquages des banques qui cherchent à se débarrasser de leurs prêts pourris.

Les plus visionnaires engrangent alors leurs bénéfices pour se retirer assez vite de la folie des marchés.

Les effets économiques sont terribles, des millions de personnes aux États-Unis perdent leur logement et se retrouvent ruinés, puis l'onde de choc devient mondiale avec un ralentissement économique du à la faillite des banques contaminés par les subprimes.

En conclusion, « The big short : le casse du siècle » est une courageuse tentative de rendre sexy et attrayant le monde austère et complexe de la finance internationale.

Les « héros »de l'histoire semblent réellement « cools », Bale en fan de hard rock asocial, Carell en gestionnaire à la morale rigide, ainsi que les jeunes au profil d'étudiants ambitieux coaché par un Brad Pitt reconverti en vieux sage de la finance.

Pourtant malgré la louable tentative de rendre accessible ce monde opaque et cette histoire tentaculaire de prêts toxiques, « The big short : le casse du siècle » ne passionne que modérément et se termine par un constat d'une très grand pessimisme : malgré les conséquences catastrophiques de la crise, aucun banquier n'a été condamné, les états ont volé au secours des banques en faillite, qui ont recommencé « comme avant » leurs jeux financiers malsains.

De quoi etre dégoutté par la finance internationale ? Ben oui !

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