Histoires policières (Charles Dickens)

 


Charles Dickens est un immense écrivain anglais auteur de classiques du XIX ième siècle, pourtant c’est par la petite porte que je vous propose de le découvrir ici, « Histoires policières », recueil de courtes nouvelles écrites pour un magazine policier des années 1850.

Dans la première d’entre elles, « Les détectives » Dickens narre son admiration pour cette catégorie d’enquêteurs londoniens spécialisés dont les capacités d’analyse et d’intuitions surclassent celles de policiers plus traditionnels.

Au cours d’une réunion entre détectives dans un journal spécialisé (dans lequel travaillait l‘écrivain), chacun y va de sa propre anecdote, le sergent Witchem racontant la capture d’un escroc et voleur de chevaux en cavale, par l’usage d’un stratagème visant à surveiller les communications avec sa femme pour le localiser et le capturer avec adresse dans sa retraite.

Puis l’inspecteur Wield raconte une histoire analogue ou il se fait passer pour un vendeur de cabriolet afin d’obliger un escroc à sortir de cachette et enfin le sergent Mith raconte comment en se faisant passer pour un apprenti boucher un peu niais pour infiltrer et démanteler tout un réseau de voleur de marchandises.

La nouvelle se termine par le récit du sergent Dornton, qui coinça un escroc en fuite aux Etats Unis en reconnaissant après quelques années son sac de voyage entraperçu par un employé dans une gare anglaise.

Dithyrambique sur ce qu’il estime être d’authentiques exploits, Dickens va jusqu’à comparer les détectives aux plus grands génies de l’histoire …

« Trois anecdotes sur les détectives » est du même acabit, avec une enquête de l’inspecteur Wield, pour identifier le possesseur d’une paire de gant trouvée sur le corps d’une jeune femme assassinée, possesseur qui s’avère être en réalité un fils de bonne famille finalement innocenté.

Puis c’est au tour de Witchem, qui raconte comment il a pu appréhender une bande de détrousseurs de joueurs de courses en récupérant astucieusement au cours d’une violente bagarre une épingle en diamant dérobée sur un fonctionnaire.

Dornton termine ce trio par une planque dans un canapé pour prendre sur le fait un voleur dépouillant les étudiants pendant leurs cours.

Plus intéressant est « En patrouille avec l’inspecteur Field » ou Dickens décrit le quotidien de Field et ses hommes dans les bas quartiers de Londres près du clocher de Saint Giles, ou l’inspecteur évolue comme un poisson dans l’eau, parvenant par un mélange d’autorité naturelle et de bonhommie, à se faire respecter par une foule dévorée par la misère, l’insalubrité et la violence.

Bien sur tout ne se règle pas par quelques remontrances et bon mots, et certaines fois Field et ses hommes doivent avoir recours à la force pour arraisonner des malfrats peu coopératifs, qui payent selon lui lourdement leur manque de respect à l’autorité.

La dernière histoire très captivante « Avec la marée » nous emmène aux cotés de la police de la Tamise, entre contrôles des resquilleurs sur les ponts, clients usagers nocturnes insolites, tentatives de débusquage des candidats aux suicides et lutte sans répit contre les voleurs de tout poil, opérant la nuit sur les navires transporteurs de marchandises sillonnant inlassablement le vaste fleuve.

En conclusion, « Histoires policières » n’est pas un ouvrage culte mais plutôt une œuvre anecdotique dans l’immense carrière de Dickens.

Pour être honnête, les deux premières histoires toute à la gloire de détectives bien gentillets arrêtant sans accroc des petits délinquants trop respectueux de leur autorité, sonnent un peu comme des contes de fées destinés à enjoliver une réalité autrement plus sale et violente.

Ceci ne peut donc que prêter à sourire voir irriter …

Heureusement, la seconde partie du recueil se montre beaucoup plus intéressante, avec une patrouille mettant à nue la dure réalité des quartiers les plus misérables de Londres (notamment le fameux Rat’s castle) ou la vie nocturne le long de la mythique rivière Tamise, pendant de notre non moins fameuse Seine.

Tout ceci à l’époque de « Faites entrer l’accusé »,  ne suffit pas tout à fait à rendre inoubliable ces « Histoires policières » manquant sans nul doute de réalisme, de perversité, de violence et de crimes de sang.


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