La maison du canal (Georges Simenon)

 



Simenon toujours avec « La maison du canal ».

Sorti en 1933, « La maison du canal » est le premier roman « belge » que je lis du maitre.

L’histoire se déroule en effet dans un coin reculé près du village de Neeroeteren, ou se rend Edmée, une jeune femme sans famille de 19 ans pour vivre auprès de ses cousins flammands les Van Elst qui vivent du commerce de marchandise près d’un canal.

Lorsqu’elle arrive, une ambiance de mort a frappé la maisonnée, car le père vient juste de décéder, laissant Fred l’ainé, comme seul héritier et nouveau chef de famille.

Fred est un personnage haut en couleurs, qui va souvent à la ville pour rencontrer sa maitresse.

Edmée a beaucoup de mal à s’habituer au rythme de vie des Van Elst, car elle désire plutôt étudier la médecine que s’astreindre aux tâches ménagères comme sa tante et sa cousine Mia.

Dotée d’un fort caractère, Edmée ne se gêne pas pour dire ce qu’elle pense à Jef en expliquant la laideur de toute la famille par une contamination de syphilis.

Elle s’habille aussi de façon imprudente en plein hiver en cherchant et finissant par trouver la maladie.

Au cours de son séjour les drames s’accumulent : un bateau fait naufrage emportant les malheureux chevaux qui la tiraient puis Fred tue un jeune garçon d’une famille pauvre qui avait eu l’audace de le surprendre en train de vouloir séduire Edmée.

Car Edmée est bel et bien la cible de toutes les séductions masculines de la maison.

Si elle repousse cruellement Jef bien trop laid à ses yeux, elle se montre plus réceptive à Jef et va jusqu’à le suivre à la ville pour damner le pion à sa maitresse « officielle ».

Pourtant, l’oncle de la famille découvre que le train de vie dispendieux de Fred est financé par l’héritage et le détournement des recettes du canal, alors qu’il accuse son père d’avoir contracté des dettes.

Furieux, il le gifle en public et le menace d’un procès.

Mais contre toute attente, Edmée accepte de l’épouser une fois qu’il lui ait annoncé vouloir revendre la maison à son oncle pour solder ses comptes avec lui et échapper au procès.

Elle est pourtant retrouvée morte violée et étranglée bien plus tard à Anvers, Jef avouant finalement le crime présenté comme une évidence pour ensuite se suicider.

En conclusion, « La maison du canal » est une œuvre étrange, sombre et forte de Simenon qui met mal à l’aise par sa noire puissance.

Dans un décor désolé de fin du monde, l’arrivée d’Edmée sonne le début de la décadence d’une famille qui vivait pourtant correctement comme si sa présence, par essence maléfique était la cause de tous les maux.

Car c’est bien la mort et le péché qui hantent en permanence ce roman et lui confèrent ce noir éclat.

Pour toutes ces raisons, « La maison du canal » demeure un des meilleurs Simenon qu’il m'ait été donné de découvrir.

Commentaires