Le fils du loup (Jack London)
Littérature toujours avec « Le fils du loup » recueil de courtes nouvelles « nordiques » de Jack London parues entre 1899 et 1900 dans The Overland monthly.
La première d’entre elles « Le silence blanc » met en scène Malemute kid, alter égo de l’auteur lorsqu’il s’était brièvement et sans succès lancé à la conquête de l’or du Yukon, qui se trouve obligé pour abréger ses souffrances d’abattre Mason, un compagnon d’aventure, grièvement blessé après la chute d’un arbre et sans possibilité d’aucun secours car perdu dans le Grand Nord canadien.
Dans « Le fils du Loup », Scruff Mackenzie un téméraire chasseur d’or joue d’habileté et de courage pour arracher Zarinska, une jeune épouse indienne à son peuple, les Sticks.
Face à l’opposition de Thling-Tinneh, père de Zarinska et chef de tribu, Mackenzie doit âprement négocier puis affronter et tuer un robuste guerrier appelé Ours et le shaman, autorité spirituelle du clan.
« Les hommes de Forty-mile » décrit un affrontement entre deux chercheurs d’or désœuvrés, Jim Belden et Lon Mc Fane, sur le point de s’entretuer dans un duel à l’ancienne au pistolet, avant de renoncer à leur projet par un habile stratagème de Malemute kid.
Moins comique, « En pays lointain » montre la lente dégradation de deux hommes, le fonctionnaire Carter Weatherbee et l’artiste Percy Cuthfert, tous deux attirés par le gout du profit ou de l’aventure mais parfaitement inadaptés aux rudes conditions de la vie au Grand Nord.
Restés seuls dans une cabane en attendant leurs compagnons, les deux hommes vont soigneusement gâcher leurs provisions, s’enfonçant progressivement dans une lente décrépitude physique et mentale les menant à des délires paranoïaques.
Malades et fous, ils finiront par s’entretuer et trouver ensemble le repos éternel.
« A l’homme sur la piste » raconte de la bouche de Malemute kid une anecdote sur Jack Westondale un aventurier fuyant la police canadienne qui le pourchasse pour un vol de 40 000 dollars afin de compenser le don de tous ses biens à un ami s’étant empressé de tout perdre au jeu.
En raison de son but de retrouver sa femme et son fils avec cette somme en s‘élançant seul dans le Grand Nord, Westondale bénéficie finalement de circonstances atténuantes et de la protection des chercheurs d’or.
Dans « La prérogative du prêtre » traite d’un sujet d’adultère autour d’un couple de chercheurs d’or, les Bentham Edwin et Grace, qui succombe au charme d’un autre chercheur d’or Clyde Wharton.
Séduite par les belles promesses de Wharton, la courageuse Edwin est prête à tout plaquer pour le suivre mais est raisonnée in extremis par le père Paul Roubeau qui met parvient à la maintenir au sein de son foyer conjugal avec un homme colérique et incapable.
Variante autour du même sujet, « La sagesse de la piste » montre le changement de mentalité de l’Indien Sitka Charley en raison du comportement exemplaire sur les pistes du Grand Nord d’une femme blanche du nom Mrs Eppingwell.
Lorsque deux Indiens de l’expédition maquent à leur devoir en volant les vivres avant de tenter de s’enfuir, Charley n’hésite pas un instant et abat les deux hommes menaçant par leur comportement la survie de sa patronne.
Dans « La femme d’un roi » honneur est fait au Indiens avec Madeline une métisse indienne épousant un chercheur d’or Cal Galbraith de Circle city et profitant de son absence pour apprendre à maitriser à la perfection les danses de salon avec Malemute kid et le surprendre par son habileté dans un bal masqué.
On garde le meilleur pour la fin avec « Une Odyssée dans le Grand Nord » ou un Indien des iles Akatan nommé Naas raconte une véritable Odyssée digne d’Homère pour poursuivre un colossal chercheur d’or lui ayant dérobé Unga la femme dont il était tombé amoureux étant jeune.
Naas poursuit le couple partis à la chasse aux phoques dans le détroit du Béring, traverse la Russie, le Japon, se rend en Angleterre dans des conditions de pauvreté et de danger incroyables, le ratant à chaque fois de peu.
Revenu dans le Yukon en même temps que le couple qui avait perdu toute leur fortune, Naas profite de l’attrait de l’or pour se faire embaucher comme guide et s’arrange pour faire mourir le mari de faim et de froid dans la neige.
Mais à sa grande surprise, Unga méprise son acte et préfère rester mourir dans la neige avec son époux.
Ayant raconté son périple et son crime à Malemute kid et les siens, Naas bénéficie également de leur clémence au regard de son histoire hors du commun.
En conclusion, « Le fils du loup » ravira les admirateurs du grand Jack London tant il contient tout l’univers de ce baroudeur du Grand Nord Canadien qui a si bien su sublimer ses aventures d’apprenti chercheur d’or.
Bien sur, l’ensemble est assez inégal, certaines nouvelles relevant plus de l’anecdote que d’histoires bien construites et émouvantes, à l’exception notable de « Une Odyssée dans le Grand Nord », pour moi au dessus du lot.
London relate la rigueur de la vie dans des conditions aussi extrêmes et inhospitalières, ne pardonnant pas aux intrépides mal préparés, la folie des hommes aveuglés par la quête de l’or, la violence des relations avec les chiens parfois exploités jusqu’à la mort et les Indiens, dominés, arnaqués en prenant leurs femmes.
Une pointe de racisme affleure parfois à propos de la supériorité de la race/civilisation de l’homme blanc mais London sait aussi donner les premiers rôles aux Indiens et Indiennes ce qui pour moi se montre susceptible d’atténuer voir gommer ses critiques.
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