La vie sur le Mississippi, tome 2 (Mark Twain)

Suite logique du premier tome, « La vie sur le Mississippi, tome 2 » de Mark Twain, continue de décrire les impressions personnelles de l’auteur revenant vingt ans après sur le fleuve ou il exercera son premier métier de pilote de bateaux à vapeur.

Le lecteur est alors invité à le suivre dans la descente d’un fleuve ou la navigation à vapeur à quasiment disparue depuis, remplacée par de nouveaux modes de locomotions plus rentables.

Le tracé du fleuve ayant été remodelé par l’homme ou les mouvements naturels, certaines iles ou passages fameux enfouis dans sa mémoire ont à présent disparu.

Alors Twain se concentre sur la description des villes de la partie inférieure du fleuve de Saint Louis à la Nouvelle Orléans, avec pour la plupart une belle croissance économique due principalement à la leur proximité avec le fleuve.

Passant de bateaux en bateaux, Twain s’amuse à se faire passer pour un touriste et déjoue les innombrables mensonges des pilotes de navires qui réinventent l’histoire du fleuve à leur guise.

En plus des crues dévastatrices du fleuve, capable de ravager des villes entières et des importants travaux de terrassement pour tenter de réguler ses mouvements, en 1883, l’ombre de la guerre de Sécession hante encore les mémoires et le livre contient une part importante de réflexion autour de quelques lieux célèbres de batailles navales, comme le fameux siège de la ville fortifiée de Vicksburg, bastion stratégique pour le contrôle de la navigation sur le Mississippi ou la curieuse histoire de Karl Ritter, vieil homme malade d‘origine allemande, ayant traqué pendant plusieurs années deux soldats assassins de sa famille jusqu’à obtenir vengeance.

Comme dans le premier tome, Twain porte un regard critique sur les récits de voyages de ses prédécesseurs étrangers (Mrs Trollotope, Charles Dickens) et relate des anecdotes concernant des personnages mémorables comme le gangster Murel, organisateur d’un trafic d’esclaves, Backus faux éleveur passé maitre dans l’art de dépouiller les escrocs aux jeux de cartes ou encore le prisonnier Williams, tentant par la publication d’une fausse lettre de repentance d’émouvoir l’opinion publique sur son sort et obtenir une grâce.

Le lecteur suit la pensée de l’écrivain, voguant à son rythme sur le fleuve, découvrant des villes aux noms étranges (Cairo, Memphis, Napoléon) et la concurrence de Cincinnati, puissante ville industrielle sur l’affluent de l’Ohio.

Twain se fait sociologue pour analyser en profondeur la population sudiste, se montrant impitoyable avec son gout du romantisme médiéval toc inspiré par l’écrivain Sir Walter Scott, narrant son gout des combats de coq ou des courses de mulets, mais aussi son plus fort sentiment individuel lié à l’éparpillement de la population sur un vaste territoire et à la difficulté d’obtenir une union pour faire respecter des lois trop souvent bravées par des criminels endurcis.

La Nouvelle-Orléans reçoit un traitement à peine plus poussé que les autres métropoles du fleuve, l’auteur y décrivant tout juste ses particularités architecturales et l’influence hispano-française s’expriment dans la fameuse procession du carnaval du Mardi gras.

Dans son retour vers le passé, Twain croise forcément d’anciens pilotes reconvertis à mi temps en fermier avec un succès plus que mitigé et replonge avec émotion dans ses souvenirs d’enfance à l’occasion d’un retour dans sa ville natale de Hannibal dans le Missouri.

Le livre termine sur une exploration de la partie nord du fleuve, au dessus de Saint Louis, habituellement délaissée par les voyageurs étrangers.

Ceci est l’occasion de découvrir au milieu de récits de légendes indiennes et de lutte contre une crue dévastatrice, de superbes paysages et les villes assez peu connues de Davenport, Saint Paul puis Minneapolis devenue aujourd’hui une ville prospère économiquement.

En conclusion, « La vie sur le Mississippi, tome 2 » est un ouvrage instructif mais un peu trop long et parfois beaucoup trop décousu.

Twain ne semble pas vraiment avoir de ligne directrice et plutôt se laisser porter par les pensées surgissant au cours de son retour aux sources.

L’alternance entre descriptions répétitives de villes d’importance moyenne, d’anecdotes du passé  ou de réflexions toutes personnelles rend donc la lecture du livre assez difficile et il n’est pas rare de décrocher en cours de route.

Bien sur, on appréciera les aspects nostalgiques et redécouverte de l’entreprise, tout en préférant le premier tome, plus riche en aventures avec les difficultés inhérentes à l’apprentissage du pilotage de monstres à vapeur lancés sur un géant fluvial puissant et traitre.


Commentaires