Le livre des cranes (Robert Silverberg)


Malgré quelques échecs, il me restait encore un livre de Robert Silverberg à découvrir et quel livre, le très réputé « Le livre des cranes ».

Ecrit en 1972, « Le livre des cranes » n’est pas à proprement parler un roman de Science fiction mais traite plutôt de fantastique avec le périple de quatre jeunes américains de New York vers le Nouveau Mexique pour trouver dans un temple tenu par de mystérieux moines, lesquels seraient capables de leur permettre d’accéder à l’immortalité.

Le quatuor est assez disparate.

On y trouve Timothy un fils de bonne famille, riche, orgueilleux et athlétique, Oliver un garçon de la campagne musculeux et courageux puis deux garçons plus chétifs, Ned homosexuel assumé et Eli, universitaire juif spécialisé dans l’étude des langues anciennes, et instigateur du projet après avoir trouvé par hasard le fameux livre dans une bibliothèque.

La première partie du récit consiste à décrire l’interminable voyage en voiture, avec une exposition successives des différents points de vue et personnalités des personnages.

Bien entendu quelques aventures surviennent, notamment des coucheries sans lendemain qui permettent de révéler les complexes sexuels de Eli, les tendances masochistes de Ned qui couche de temps en temps avec des filles repoussantes, et les positions de males dominants de Timothy et Oliver auprès du sexe faible.

Après quelques péripéties, le quatuor arrive sur place en ayant fortifié sa motivation et surtout en étant prêt à sacrifier la vie de deux d’entre eux pour que les deux autres accèdent à l’immortalité tant désirée.

La rencontre avec les moines est déroutante.

Ceux-ci les conditionnent longuement lors d’interminables et monotones séances de labeur physique, de régime végétarien strict, de méditation et de gymnastique.

La vie au monastère est donc austère et rébarbative pour de jeunes garçons habitués au mouvement et à l’indépendance.


Avant d’accéder au secret suprême, le quatuor doit passer par une épreuve de confession destinée à purifier son âme.

C’est alors que le voile se déchire sur la réelle personnalité des personnages.

Ned avoue avoir pris du plaisir à être désiré par deux amants à la fois et les avoir indirectement poussés au suicide et la révélation de Timothy ayant un soir de colère et de dépit violé sa sœur, passe en comparaison presque inaperçu pour Oliver habitué à l’inceste pratiqué dans les campagnes.

Les deux aveux les plus lourds sont ceux de Oliver qui laisse éclater son homosexualité refoulée, apparue pendant son adolescence et de Eli, qui avoue avoir volé les travaux d’un vieil émigré roumain pour acquérir son prestige universitaire.

Puis les choses s’accélèrent, incapable de supporter ce régime draconien plus longtemps, Timothy s’enfuie du monastère et Eli est alors obligé de le tuer à l’aide d’un crane en pierre pour ne pas faire capoter leur projet.

De plus, Oliver ne supporte pas d’avoir couché avec Ned et incapable de voir son homosexualité en face, se suicide.


Il ne reste donc plus que Ned et Eli pour accéder au secret ultime …

En conclusion, malgré ses hautes prétention philosophiques,  « Le livre des cranes » n’a pas réussi à me passionner.


La vie des adolescents des années 70 n’a rien de bien excitant et comme souvent Silverberg accorde à mon sens beaucoup trop de place à la question de la sexualité avec cette fois un zoom appuyé sur l’homosexualité masculine, traitée par l’intermédiaire de deux personnages.

Le propos est souvent cru, sale et n’a rien de bien excitant.

Une fois avoir constaté que les personnages sont relativement peu intéressants, on se penche sur le fond du livre, la question de la vie éternelle.

Malgré de nombreuses références philosophico-historico-religieuse jetées pèle mêle,  la montagne accouche au final d’une souris, avec une préparation ascèto-gymnique plutôt qu’une révélation mystique.

Même si Silverberg ne livre pas (assez lâchement !) son secret, il donne tout de même quelques pistes avec notamment l’introspection à l’intérieur de son corps pour éventuellement auto réparer ses organes malades.

Peu de choses donc positives à retenir de ce livre et une envie sans doute d’abandonner cet auteur qui ne semble pas me convenir.


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