Cousine K (Yasmina Khadra)
L’écrivain délaisse ici en effet ses grands thèmes sociaux et politiques pour produire un court roman, troublant et intime comme une enfance perdue à tout jamais.
Le personnage principal est un enfant algérien traumatisé par la mort de son père, assassiné par méprise par des villageois.
Depuis ce drame, il vit avec sa mère dans une belle maison d’un village nommé Douar Yatim.
L’environnement est celui d’une famille aisée avec des domestiques et une certaine émancipation qui fait que la mère, personnalité riche et respectée, règne en souveraine autoritaire sur ce petit univers.
Très vite on s’aperçoit du malaise et du manque affectif de l’enfant, solitaire, rêveur et renfermé sur lui même.
Délaissé par sa mère qui idolâtre de manière fusionnelle son frère Amine officier dans l’armée, il va développer une étrange obsession pour sa cousine appelée K, qui séjourne pendant ses vacances dans la maison.
K est en réalité aussi belle que perverse et manipule la mère pour obtenir ses faveurs et persécuter le jeune homme qui fasciné par sa cousine, devient la victime de jeux psychologiques cruels et humiliant.
Dévoré par le sentiment de rejet, la jalousie et l’obsession de ses désirs frustrés, l’enfant finit par basculer dans la folie, poussant sa cousine dans un puits et enlevant une jeune paysanne innocente qu’il séquestrera et assassinera.
En conclusion, « Cousine K » déroutera à n’en pas douter la plupart des lecteurs du grand Yasmina Khadra.
La toile de fond sociale et politique de ses romans est ici absente, la truculence des romans policiers du commissaire Llob évanouie au profit d’un huis clos psychologique oppressant autour de jeux d’enfants malsains.
Le style est en revanche mis très en avant avec une profusion de métaphores et de figures esthétiques qui finissent par instant par devenir pesantes.
Connaissant la cruauté des enfants entre eux et le caractère indélébile que peuvent parfois receler certaines blessures d’enfance, j’ai été pour ma part sensible au thème abordé et n’ai aucune difficulté pour adhérer au récit.
Khadra réussit brillamment à saisir ce moment délicat ou la puberté commence à se manifester, ou le désir sexuel encore flou peut devenir source d’infinie souffrance et ou le jeune adolescent en devenir peut basculer à tout moment de la normalité à la noirceur absolue.
« Cousine K » n’est sans doute pas le premier roman de Yasmina Khadra à lire mais demeure tout de même une belle tentative de diversification.
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