Bêtes, hommes et dieux (Ferdynand Ossendowski)


 


 Publié en 1924, « Bêtes, hommes et dieux » de Ferdynand Ossendowski est l’archétype même du roman d’aventures avec paysages somptueux, rencontres inopinées et grand sentiment d’évasion à ceci prêt que ces histoires sont ici enrobées dans contexte politique dramatique : la guerre civile qui déchira l’empire russe après la révolution bolchévique de 1920.

Ingénieur polonais chimiste de formation et prospecteur en Mandchourie pour l‘industrie minière russe, Ossendowski partisan du tsar et donc menacé de mort par les rafles communistes, est contraint pour survivre en 1920 de quitter la Sibérie.

Il va mettre a profit sa remarquable connaissance de cette vaste région du globe pour entamer un fou périple d’une année qui l’emmènera de la Sibérie à la Mongolie en passant par le Tibet.

En chemin, Ossendowski trouve des alliés de fortune, russes tsaristes, mongoles ou kirghiz ou tartares coalisés contre les troupes communistes qu’elles soient russes ou chinoises.

Outre l’aspect survie dans l’environnement hostile dans les terribles forets sibériennes,  les immenses fleuves gelés à la glace traitresse ou dans le désert de Gobi, l’homme va devoir jouer de ruse et de diplomatie pour ne pas tomber entre les griffes des espions rouges (comme Kanine et Gorokoff) tout en se méfiant des bandes de dangereux voyous versatiles (hounghoutzes chinois) rodant dans ces immenses régions désertiques.

Mais l’aspect le plus remarquable du récit est sans nul doute la découvertes des différentes cultures mongoles (soyottes, kalmouk) mais aussi tibétaines avec toute la complexe hiérarchie des prêtres lamaïstes.

Ossendowski décrit longuement les coutumes de ses peuples, leurs histoires et leurs croyances qu’elles soient bouddhistes ou chamanistes.

Le lecteur découvre donc un monde empli de merveilleux, de légendes et de magie et la croyance en un Roi du Monde régnant de manière souterraine sur le monde, étant même supérieur au Dalai Lama, au Tashi Lama et du Bogdo Khan, principaux dirigeants bouddhistes.

Du coté de l’affrontement militaire blanc-rouge, les commandants tsaristes sont le colonel Kazangradi et le baron Ungern von Sternberg.

Mais la situation est en réalité beaucoup plus complexe avec des fortes dissensions entre les troupes blanches et un conflit dans le conflit entre chinois et mongoles.

Au cours des multiples péripéties générées par ces luttes imbriquées apparaissent des être sortant de l’ordinaire comme le lama vengeur et sorcier Touchegoun Lama héros des troupes mongoles ou le baron Ungern von Sternberg, descendant des templiers et corsaires autrichiens, illuminé sanguinaire désireux de fonder un état bouddhique en Russie.

De plus l’ombre exceptionnelle de Gengis Khan, plus grand conquérant de tous les temps et personnage héroïque de l’histoire de la Mongolie plane sur les traces de l’aventurier polonais.

En conclusion, classique indémodable du roman d’aventure  « Bêtes, hommes et dieux » a eu le mérité de m’instruire sur une époque (l’aspect oriental de la guerre civile russe) et une région du monde dont j’ignorais presque tout.

Malgré toute sa richesse, l’ouvrage est parfois difficile à décrypter en raison de la complexité des situations et des termes employés car pour l’essentiel issus des  cultures mongole et tibétaine.

Expérience humaine à la limite du vraisemblable, « Bêtes, hommes et dieux » se déguste comme un rêve exotique et lointain ou les bolchéviques ont le mauvais rôle, celui d’une irrépressible marée rouge prenant impitoyablement en tenaille les poches de résistances tsaristes.

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